jeudi, 04 octobre 2007
Chronique portuaire LXIII
Du Commencement du XVIIIe Siècle à la Révolution
1781. — JEAN-PIERRE COTTE.
Jean-Pierre Cotte, de Nantes, âgé de 32 ans, premier lieutenant de l'Arlequin, sorti de la Loire le 13 juillet 1781, se trouvait avec ce navire sur la côte du Sénégal, lorsque la flûte du Roi, l’Officieuse, poursuivie par un corsaire anglais, vint s'échouer sur des brisants.
Sans songer le moins du monde au danger, Jean-Pierre Cotte se jeta dans une embarcation avec six chaloupiers, et, malgré les vagues et les récifs, parvint à sauver tout l'équipage en deux voyages. Au dernier moment, il apprit que deux barils d'argent pour le compte du gouvernement se trouvaient à bord de la flûte. Il y retourna aussitôt avec quatre nègres, et les ramena, échappant par miracle une troisième fois aux terribles remous tourbillonnant entre les récifs à fleur d'eau où s'était échoué le navire.
En revenant à Nantes, l'Arlequin fut pris par les Anglais le 11 février 1782 et son équipage envoyé aux pontons. Rendu plus tard à la liberté, Jean-Pierre Cotte fut exempté par le Roi de deux campagnes pour le grade de capitaine, et reçut une gratification de 200 francs pour sa belle conduite (1).
LE " LIBER-NAVIGATOR ".
Le comte de Kerguelen, depuis amiral, après avoir obtenu du cabinet anglais les promesses de neutralité et les passeports nécessaires, sortait de Nantes, le 16 juillet 1781, sur le Liber-Navigator, pour une campagne toute pacifique d'explorations dans les mers du Sud. En dépit de la parole donnée, les Anglais amarinaient son navire dès le lendemain ; réponse bien anglaise, d'ailleurs, à la courtoisie du gouvernement français, enjoignant le 27 février 1779 aux corsaires nantais de s'abstenir de tout acte d'hostilité contre l'expédition Cook, dont on attendait le retour, et de lui prêter aide et assistance, comme s'il appartenait à une nation alliée et amie (2).*
1784. — MARIAGE DE LA PÉROUSE AVEC UNE NANTAISE.
Le 17 juin 1784, Jean-François de Galaup, Comte de La Pérouse, épousait à Paris une Nantaise, Louise-Eléonore Broudou.
Née à Nantes, le 15 mai 1775 et baptisée en l'église Sainte-Croix, — le parrain était noble homme Louis Cambronne, aïeul du héros de Waterloo, — Eléonore Broudou suivit, en 1769, sa famille à l'Ile-de-France, où l'illustre marin se laissa charmer par ses qualités et sa beauté. La famille de La Pérouse qui rêvait pour lui une alliance plus brillante, se refusa longtemps à accéder à ses désirs, mais son obstination triompha de l'ambition des siens, et le célèbre navigateur put enfin, en 1784, placer dans sa rude main celle de la jolie Nantaise qu'il aimait (3).
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(1) MELLINET, La Commune et la Milice de Nantes, t. V, pp. 310-311.
(2) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, Les Corsaires Nantais, pp. 7-8.
(3) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, Madame de La Pérouse.
*Note du copiste : En 1908, l'anglophobie est toujours de rigueur ; il est vrai que jusqu'à Charles de Gaulle...
03:40 Publié dans Les chroniques portuaires | Lien permanent | Commentaires (0)
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