lundi, 01 octobre 2007
la dernière lettre
Centenaire René CHAR
RENÉ CHAR À ALBERT CAMUS
Lundi [décembre 1959]
Mon cher Albert
J'étais dans une espèce de piège ces trois jours. Assailli de l'extérieur sans moyens de m'échapper. Mais surtout d'une laideur physique peu tolérable à cause d'un retour de ces névralgies dans le corps. J'aimerais bien passer au moins une journée avec vous avant votre départ de Lourmarin. Quel jour voulez-vous ? Jeudi, vendredi, samedi ou dimanche ? Le téléphone est le n° 16 à L'Isle (Hôtel Saint-Martin).
Un coup de fil de votre part me rendrait heureux, de préférence le matin, pour décider.
Ne vous inquiétez pas. Je me ferais transporter en auto à Lourmarin dans la matinée du jour fixé.
Embrassez Catherine et Jean pour moi.
Affection à Francine
De tout cœur à vous toujours
René Char
Ils passeront la journée du 1er janvier 1960, ensemble*. Quand ils se quittent, Camus dit : « René, quoiqu'il arrive, faites que notre livre existe ! » Il parle de Postérité du soleil, livre à deux mains sur des photographies d'Henriette Grindat. Édité quasi confidentiellement d'abord en 1965, puis tiré à 4 000 exemplaires en 1986 (?), introuvable aujourd'hui, non encore cité dans les bibliographies de Camus.
J'aurais bien aimé le feuilleter !
* Sources :
• Albert CAMUS-René CHAR, Correspondance, 1946-1959, Gallimard, 2007.
• Olivier TODD, Albert CAMUS, une vie, Gallimard, Biographies, 1996.
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