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Bouguenais bouquine

D'autant que les lecteurs sont nombreux et que s'ils se mettent tous, ou seulement 10 % d'entre eux, à ouvrir des blogs pour décrire leurs impressions, comme ça commence à se faire, de cette façon ou d'une autre, les auteurs ne sauront bientôt plus où donner de la tête. Au long règne d'un verbe à sens unique, allant des auteurs globalement satisfaits de s'exprimer vers des légions de lecteurs muets, que représentaient ou que dirigeaient des journalistes prescripteurs, succède peut-être l'ère d'une nombreuse parole à double sens, qui permet aux auteurs de devenir lecteurs de leurs lecteurs, pour le meilleur ou pour le pire. Selon leur tempérament, certains auteurs entreront dans la danse, d'autres se tiendront à l'écart, certains s'en amuseront, d'autres seront aigris. Un petit googlage sur un ouvrage sorti le mois précédent et on aura deux cents références de blogs plus ou moins réticulés entre eux, derrière lesquels viendront les modestes articles du Monde, de Libération, de L'Humanité, dont certains auront déjà disparu des pages visibles parce que devenus payants... Alors, délirant récit d'anticipation ou projection raisonnable ? Berlol - 3 février 2005 http://www.u-blog.net/berlol/note/345
Eh bien ! les lectrices et lecteurs de la médiathèque Condorcet de Bouguenais entrent dans l’ère du “délirant récit d’anticipation ou dans le projet raisonnable”. Un blogue collectif vient de s’ouvrir avec l’espoir qu’autour gravitent le plus possible de blogues personnels. Des années s’est posé le problème : comment donner la parole au lecteur ? Comment la faire entendre ? Depuis deux ou trois ans, s’ébauche, à travers les blogues, ce possible !
“Pour le meilleur ou pour le pire” souligne Berlol.
Il est certain que vont se côtoyer, que coexistent déjà, deux ordres de valeurs : la lecture du consommateur dans l’ordre des goûts irrationnels et la lecture du connaisseur dans l’ordre des jugements motivés. Les lectrices et lecteurs de Bouguenais sont, et en leur for intérieur, et dans leur petite communauté d’échange, confrontés à cette tension.

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mardi, 03 mai 2005 | Lien permanent

La Pléiade — ou presque — pour un vers ou deux

C'est le Cent-cinquante-sixième sonnet des Regrets.
Ne manque que Pontus de Tyard et la Pléiade serait au complet.

 Par ses vers téïens Belleau me fait aimer
Et le vin et l’amour ; Baïf, ta challemie
Me fait plus qu’une reine une rustique amie,
Et plus qu’une grand ville un village estimer.

Le docte Pelletier fait mes flancs emplumer,
Pour voler jusqu’au ciel avec son Uranie ;
Et par l’horrible effroi d’une étrange harmonie
Ronsard de pied en cap hardi me fait armer.

Mais je ne sais comment ce démon de Jodelle
- Démon est-il vraiment, car d’une voix mortelle
Ne sortent point ses vers - tout soudain que je l’oy,

M’aiguillonne, m’époint, m’épouvante, m’affole,
Et comme Apollon fait de sa prêtresse folle,
À moi-même m’ôtant, me ravit tout à soi.
 

Ce matin, lors de mon soin d'illutation - allongé nu sur un lit de boue végétale, vous êtes enduit aux chevilles, aux genoux, aux hanches, aux épaules et sous la nuque d'une épaisse couche de cette même boue si agréablement portée à la température de votre corps, maintenue un quart d'heure durant, grâce à une bâche légère qui vous recouvre, vous entraînant dans une régression prénatale propice à la mise en goule d´un sonnet par exemple, même de son seul commencement et de son rejet au second vers, que vous allez psamoldier à l'envie,comme ceci que vous avez découvert à votre entrée aux Thermes, parce que votre numéro de vestiaire est le 156.

...Par ses vers téïens Belleau me fait aimer
Et le vin et l’amour ....

La tiède douceur des boues,

...Par ses vers téïens Belleau me fait aimer
Et le vin et l’amour ....

La douce tièdeur des boues, comme la prêtresse folle d'Apollon, la Pythie, qui

M’aiguillonne, m’époint, m’épouvante, m’affole...
...À moi-même m’ôtant, me ravit tout à soi.

 
 
 
Note-Bene : le mot "téïens" se dit en trois syllabes  té / ï / ens. Il vient de la ville de Téos, d'où était originaire le poète Grec Anacréon (VIe siècle avant notre ère) ; Rémy Belleau en offrit une traduction..

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samedi, 24 octobre 2015 | Lien permanent

en passant par chez Er Klasker

Une note avec ce titre qui commence par un idiolecte, le "par chez" de la langue gallèse — à quelques siècles de la langue des Pharaons.

En fouinant, dimanche dernier, dans la "librairie" de mon frère très avancé en âge, Le Fouineur — Er Klasker en breton —, je tombe sur les Lettres d'Amarna,

 

Dis au roi, mon seigneur, mon dieu, mon Soleil :220px-Amarna_Akkadian_letter.png
Message de Tagi, ton serviteur, poussière à tes pieds.

Je tombe aux pieds du roi, mon seigneur, mon dieu, mon Soleil,
sept fois et sept fois.
J'ai regardé de ce côté-ci, et j'ai regardé de ce côté-là,
et il n'y avait pas de lumière.
Puis j'ai regardé vers le roi, mon seigneur,
et il y avait de la lumière.

Je suis certes décidé à servir le roi, mon seigneur.


Une brique peut bouger de dessous sa voisine,
mais moi je ne bougerai pas de dessous les pieds du roi,
mon seigneur.


Avec la présente j'envoie un des harnachements
pour une paire de chevaux,

et un arc, un carquois, une lance, des couvertures,
au roi, mon seigneur.


tiré de la correspondance diplomatique
du pharaon Aménophis IV dit Akhet-Aton,
roi "hérétique" et premier monothéiste.


Au XIVe siècle avant notre ére, six cents ans avant l'Iliade d'Homère, sept cents ans avant La Théogonie d'Hésiode, les lettres d'Amarna.
Je n'aime guère les pieds de ces rois qui soumettaient...

J'ai préférence pour la colère de Thersite  contre Agamemnon au Chant II de l'Iliade. Nous sommes dans une violente altercation qui préfigure à quelques siècles de distance ce que nous appelions, il y a encore quelques années encore, "la lutte des classes".
Préférence encore pour celle de Diomède face au même Agamemnon, dit "le souverain roi".

« Agamemnon, je combattrai d'abord ta bêtise.
L'assemblée m'en donne le droit...»


Je n'ai pas mentionné celle d'Achille. D'aucuns vous affirmeront que c'est cette colère qui provoqua la création de ce premier grand texte qu'on nomme l'Iliade :

« Chante, Déesse, l'ire du Pélide Achille...»

Les Grecs savaient faire bouger les briques. C'était quasi aux mêmes temps anciens.
N'empêche, ces Égyptiens savaient déjà écrire.

 

Quand à ces jours d'ici, nous, gens d'Ouest, faisons comme les gens du temps d'Homère

« ...Et ils allaient, au bord des flots retentissants...»

Allez donc voir. C'est ICI, le rivage.

 

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dimanche, 16 février 2014 | Lien permanent

Chronique portuaire de Nantes XXXIII

Au XVIIe Siècle
Enfin, Jacques Cassard !
1679. — NAISSANCE DE CASSARD — LA QUINTAINE EN LOIRE. Jacques Cassard, le hardi Corsaire nantais, le digne émule des Duguay-Trouin, des Jean Bart et des Duquesne, naquit le 30 septembre 1679, et fut baptisé le 2 octobre suivant dans l'église Saint-Nicolas de Nantes ; il était le huitième enfant de Guillaume Cassard, Marchand à la Fosse, et de Jeanne Drouard, son épouse. Les Cassard habitaient, non loin de la rue actuelle de la Verrerie, « un logis situé au bas de la Fosse, sur le devant d'icelle, consistant en une chambre basse, deux chambres hautes, et grenier au-dessus, coupvert de pierres d'ardoises. » Ils devaient fournir chaque année les accessoires de la quintaine du Roi, qui se tirait le premier dimanche d'août. Un poteau orné d'un écusson était placé dans la Loire, en face la maison des Tourelles ; et les mariés de l'année, montés dans un bateau conduit par vingt rameurs, venaient rompre une lance contre l'écusson. Ceux qui ne réussissaient pas à la briser étaient accueillis par les lazzis de la foule, car il était alors tenu pour certain « qu'ils n'avaient pas épousé des rosières ». S'ils se dérobaient à cette épreuve, ils devaient payer une amende de soixante sols ; dans tout les cas, il leur fallait donner quatre deniers aux canotiers, et présenter un saumon frais à l'Evêque. Les Cassard étaient tenus de fournir pour cette quintaine, l'écusson armorié, les lances de fer et la barque montée de vingt rameurs (1). 1683. — PÊCHE DE LA BALEINE ET DE LA MORUE. Les navires nantais se livraient alors activement à la pêche de la morue et de la baleine. Nous en trouvons la preuve dans un Mémoire adressé en 1683 par les Nantais à M. de Senancour, et dans lequel ils se plaignaient des incessantes vexations que leur faisaient subir les Anglais, leurs rivaux dans ces deux sortes de pêche (2), 1690. — PRISES AMENÉES EN LOIRE. Le corsaire nantais le Saint-Anthoine amenait en Loire, en 1690, la prise hollandaise le JEUNE-THOBIE. La même année, un corsaire de Saint-Malo : la Joyeuse y faisait entrer deux prises ; le Jacques, de la Jamaïque, et la Diligence, de Limerick (3). 1691. — CRÉATION DE L'AMIRAUTÉ DE NANTES. L'Amirauté de Nantes fut créée par un édit de Louis XIV, daté de juin 1691 et enregistré au Parlement le 5 juillet suivant (4). La juridiction de ce tribunal était ainsi composée : un Lieutenant général, un Lieutenant particulier et quatre Conseillers ; un avocat du roi, un greffier, un huissier visiteur et délesteur, et un huissier-audiencier. Un receveur des droits de l'Amiral ; trois interprètes des langues étrangères ; un officier lesteur et délesteur ; un maître de quai ; deux professeurs d’hydrographie, dont l'un au Croisic ; quatre courtiers français ; deux jaugeurs de vaisseaux ; deux chirurgiens et un apothicaire étaient également attachés au tribunal de l'Amirauté (5). ___________________________________________________________________ (1) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, Jacques Cassard, p. 5, 6. LESCADIEU et LAURANT, Histoire de la Ville de Nantes, t. 1, p. 290. (2) LE BŒUF, Du Commerce de Nantes, pp. 117-8. (3) A. PÉJU, La Course à Nantes aux XVIIe et XVIIIe siècles, p, 168. GABORY, La Marine et le Commerce de Nantes au XVIIe siècle et au commencement du XVIIIe siècle, p. 117. (4) TRAVERS, Histoire de Nantes, t. III, p. 442. (5) EXPILLY, Dictionnaire des Gaules, Article Nantes.

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vendredi, 15 décembre 2006 | Lien permanent | Commentaires (2)

Chronique portuaire de Nantes XXXIV

Au XVIIe Siècle
1692. — LE CORSAIRE "L'AIGLE-DE-NANTES" . Le 18 septembre 1692, le corsaire nantais l'Aigle-de-Nantes, de 180 tonneaux, armé de 24 canons et 6 pierriers, ramenait à Paimbœuf la prise anglaise le PRINCE-DE-GALLES dont il s'était emparé. Le PRINCE-DE-GALLES était un ancien corsaire français tombé aux mains des Anglais ; il fut incendié par mégarde en rade de Paimbœuf. La même année l'Aigle-de-Nantes amarinait l'espagnol la NOTRE-DAME-DE-L'ASSOMPTION (1). 1693. — LES CORSAIRES : "L'OISEAU" ET LA "VILLE-DE-NAMUR" . En 1693 le corsaire nantais la Ville-de-Namur, capitaine La Franquerie, rentrait au port horriblement endommagé. Il avait soutenu un combat de plus de deux heures avec un vaisseau anglais, qui, se voyant perdu, avait mis le feu à ses poudres et s'était fait sauter, emportant le gaillard arrière de son antagoniste, La même année, le petit corsaire nantais l'Oiseau, armé seulement de 10 canons, rentrait en Loire avec deux prises, l'une hollandaise et l'autre portugaise ; chacune d'elles sensiblement plus grosse que lui (2), 1694. — CORSAIRES NANTAIS EN 1694 — LE " SAINT-PHILIPPE ". C'est à la date de 1694 que remontent les registres d'armement du port de Nantes. Ils mentionnent pour cette année les armements de corsaires suivants : • La Notre-Dame-de-Bon-Secours, de 6 tonneaux, montée de 21 hommes et armée de 2 pierriers ; expédiée le 21 mai ; • La Fortune, de 8 tonneaux, 26 hommes et 6 pierriers ; expédiée le 6 juin ; • La Friponne, de 30 tonneaux, 48 hommes, 7 canons et 6 pierriers ; expédiée le 2 juillet ; • L'Aigle-de-Nantes, frégate de 180 tonneaux, 110 hommes, 24 canons et 6 pierriers, expédiée le 9 juillet • La Ville-de-Namur, de 160 tonneaux, 151 hommes, 24 canons et 6 pierriers ; expédiée en septembre (3). Le 8 juillet 1694, le capitaine de Nantes, Jean Crabosse, mettait à la voile avec la frégate le Saint-Philippe, de 60 tonneaux, armée de 12 canons, et montée de 74 hommes d'équipage. En une seule croisière de quelques jours, il amarinait le SANS-PAREIL, de Bristol, l'ESPÉRANCE et la FRIPONNE (4). _________________________________________________________________________________ (1) A. PÉJU, La Course à Nantes aux XVII' et XVIII" siècles, p. 168. GABORY, La Marine et le Commerce de Nantes au XVII" et au commencement du XVIIIe siècle, p. 118. (2) GABORY, La Marine et le Commerce de Nantes, p. 118. (3) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJERO, La Course et les Corsaires de Nantes, p. 41. (4) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJERO, La Course et les Corsaires de Nantes, p. 74.

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jeudi, 21 décembre 2006 | Lien permanent

Chronique portuaire XLVI

Elles ont désormais accès à la Toile. Je dédie cette quarante-sixième chronique du port de Nantes à Noémie et Célia, mes deux moussaillonnes préférées et à leur maman, avec lesquelles depuis pas mal d'années nous parcourons les mers en chantant la chanson du Forban.
Du Commencement du XVIIIe Siècle à la Révolution
1724. — LA DEUXIÈME BOURSE DES MARCHANDS. La première Bourse des marchands ayant été jugée insuffisante, le Bureau de Ville décida de construire un nouvel édifice sur le Port-au-Vin (Place du Commerce). Les travaux furent adjugés à l'architecte Caillaud, pour la somme de 90.000 livres, et la première pierre en fut posée, le 22 mars 1724, par le maire Gérard Mellier (1). AMÉNAGEMENT DE LA FOSSE. Un premier arrêt du Conseil d'Etat. en date du 7 mars 1724, puis deux autres des 29 mai et 9 décembre 1725, ordonnèrent l'alignement des maisons de la Fosse, et. en général, l'aménagement des « quays, calles, aqueducs, maisons et magasins » pour la plus grande « utilité du public. de la navigation, du commerce et de la ville de Nantes ». Les travaux de quais sur ie terrain de la Chézine, prescrits par ces arrêts, commencèrent en 1726, et la première pierre du quai, appelé quai du Port d'Estrée, fut posée le 21 août (2). 1729. — LE FORBAN LE "SANS-QUARTIER". Le 20 mars 1729, un navire ayant toutes les allures d'un pirate ou forban armé de 12 can. et 12 pier., vint mouiller dans la baie du Pouliguen. Son capitaine, Thomas Jean du Lain, vint à terre dans une chaloupe, et se rendit chez sa mère qui habitait lacôte. Il lui avoua que son équipage et lui étaient las de cette vie de vols et de crimes ; et la supplia de se rendre à Nantes pour lui obtenir l'amnistie. Cette femme s'y rendit en effet, et l'amnistie qu'elle sollicitait pour son fils, lui fut accordée le 23 mars ; le forban le Sans-Quartier fut amené à Nantes et consigné entre les mains des officiers de l'Amirauté avec ses armes et appareaux. Le règlement de ces pirates, débutant par une invocation religieuse « Laus Deo », est conservé (en 1842) à la Bibliothèque Nationale, ainsi qu'un dessin représentant leur pavillon : une tête de mort sur deux tibias en croix de Saint-André, et un homme nu tenant un sabre d'une main et un sablier de l'autre ; le tout en blanc sur fond noir. C'était, d'ailleurs, le pavillon traditionnel des forbans (3). ______________________________________________________________ (1) MELLINET, La Commune et la Milice de Nantes. t. I, pp. 228-291. GUIMAR, Annales Nantaises, p. 490. (2) MEURET, Annales de Nantes, t. II, p. 275. (3) Le Magasin Pittoresque, Année 1842, pp. 223-4.

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jeudi, 22 mars 2007 | Lien permanent

Chronique portuaire XLIV

Du commencement du XVIIIe Siècle à la Révolution
1717. — MORT DE JEAN VIÉ. Jean Vie, passé au service des Républiques de Gênes et de Venise, alliées de la France, fut emporté par un boulet le 16 juin 1717, dans une bataille navale contre les Turcs. Il commandait le vaisseau-amiral de la République de Venise (1). CORSAIRE CONTRE FORBANS. Le corsaire nantais, le Saint-Michel, de 150 tx., 12 .can., 40 h. d'équipage et 28 passagers, sorti de Nantes le 18 août 1717 sous le commandement du capitaine Jean de Jonchery-Dubois, fit la rencontre le 20 octobre suivant de deux forbans qui lui appuyèrent chasse et le joignirent à midi ; le plus gros arbora pavillon anglais et l'assura d'un boulet. Aussitôt le Nantais ordonna le branle-bas de combat, et hissa sa couleur à sa corne. Le forban à cette vue hala sur le pont son premier pavillon, et hissa à sa place un « pavillon noir ayant une esquelette au milieu, tenant d'une main un dard et de l'autre une horloge ». En présence de la force des deux forbans, portant l'un 14 can. et l'autre 12 ; et sachant que les pirates ne faisaient jamais quartier à ceux qui leur résistaient, les passagers forcèrent le capitaine du Saint-Michel à se rendre. Les prisonniers furent conduits à bord du plus gros des deux forbans, lequel comptait 140 h., en majorité anglais : et le 25, les deux pirates amarinaient trois autres navires, dont un Nantais : la Gracieuse, cap. François le Barbier. Les marins et passagers furent d'ailleurs conduits sains et saufs à la côte, après avoir été toutefois dépouillés (2). APPAREIL À DISTILLER L'EAU DE MER Vers 1717, un médecin de Nantes, nommé Gauthier, inventa un curieux appareil pour distiller l'eau de mer, et résoudre ainsi la question de l'approvisionnement d'eau douce des navires au large. Pour se rapprocher autant que possible de l'évaporation naturelle, il plaçait son foyer, d'une forme particulière, au-dessus de la masse d'eau à distiller. Il parvint à fournir 140 pintes d'eau par vingt-quatre heures ; et un récit de l'Académie de cette époque confirme la découverte du médecin nantais, et mentionne que les expériences faites à bord du navire Triton dans le port de Lorient furent des plus satisfaisantes. Pendant un mois les marins de ce vaisseau se servirent exclusivement de l'eau ainsi distillée pour la boisson, la fabrication du pain, et la cuisson des aliments. Toutefois, l'appareil ne put être employé sous voile, le mouvement du navire mélangeant l'eau de mer et l'eau déjà distillée (3). ________________________________________________________________________ (1) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, La Course et les'Corsaires de Nantes, p. 22. (2) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, La Course et les Corsaires de Nantes, pp. 3-4. (3) VERGER, Archives curieuses de Nantes, t. I, p.153.

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jeudi, 08 mars 2007 | Lien permanent

Chronique portuaire XLVII

cette note, à Yann, mon neveu, attentif lecteur de ces chroniques.
Du Commencement du XVIIIe Siècle à la Révolution
1731. — LE CAPITAINE D'ARAMBOURG. Le 9 octobre 1731, le Roi envoyait une épée d'honneur au capitaine nantais Godefroy d'Arambourg. Né le 31 juillet 1685, et reçu capitaine à l'Amirauté de Nantes en 1714, il s'était distingué sur le Charlemagne, de 200 tx. et 12 can., dans un combat mémorable contre un forban.Il mourut en 1743, à Sucé, où il s'était retiré. 1732. — JACQUES CASSARD ET DUGUAY-TROUIN. Lors des bruits de guerre qui s'élevèrent en 1732, entre la France et l'Angleterre, un grand nombre de marins se rendirent à Versailles pour offrir leurs services au Roi et solliciter un commandement : de ce nombre étaient les deux Bretons Cassard et Duguay-Trouin. Le Malouin, accoutumé déjà à la Cour circulait avec aisance dans les salons encombrés de courtisans, et son costume ne le cédait en rien au leur en richesse et en rubans ; le rude Corsaire nantais, tout au contraire, mis sans aucune recherche et presque pauvrement vêtu, s'était assis dépaysé sur un banc, triste et rêveur. Duguay-Trouin, très entouré, l'aperçut soudain, et, quittant brusquement les grands seigneurs et les généraux stupéfaits, vint à lui. l'embrassa, et prenant son bras, conversa avec lui durant plus d'une heure. « Quel est cet homme ? » lui demandèrent en riant les courtisans, lorsque Cassard se fut éloigné. « Cet homme, — reprit Duguay-Trouin, — c'est le plus grand homme de mer que la France possède. Je donnerais toutes les actions de ma vie pour une seule des siennes. Vous ne le connaissez pas, mais nos ennemis le connaissent bien, car avec un seul vaisseau il faisait plus qu'une escadre entière. C'est Jacques Cassard, de Nantes ! » (1) 1734. — LE CAPITAINE D'HAVELOOSE ET LE " SAINT-ADRIEN ". Durant tout un jour, le 13 octobre 1734,1e corsaire nantais le Saint-Adrien, de 200 tx., 14 can, et 27 h., cap. Gille d'Haveloose, soutint un terrible combat contre le pirate algérien le SOLEIL, en vue du cap Saint-Vincent. La Ville demanda pour d'Haveloose une épée d'honneur, mais on la lui refusa sous le prétexte qu'il n'avait lutté que contre un simple pirate. Triste prétexte ! Car les pirates barbaresques, et surtout le SOLEIL, causaient alors à notre marine un mal tout aussi considérable qu'un vaisseau de guerre anglais ; et les prisonniers qu'ils faisaient étaient le plus souvent réduits en esclavage ou torturés. C'est un descendant de ce brave capitaine qui légua toute sa fortune aux pauvres de Nantes en 1846 (2). __________________________________________________________________ (1) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, Jacques Cassard, p. 141. (2) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, La Course et les Corsaires de Nantes, pp. 133-138.

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jeudi, 29 mars 2007 | Lien permanent

Chronique portuaire XLIII

Du commencement du XVIIIe Siècle à la Révolution
1713. — CAMPAGNE DE JACQUES CASSARD EN 1712. À la tête d'une division de six vaisseaux et deux frégates, et muni d'une Commission provisoire de capitaine de vaisseau, grade qui lui fut confirmé le 25 décembre, Jacques Cassard ravagea en 1712 les colonies hollandaises, portugaises et anglaises. Il avait sous ses ordres toute l'élite de la jeune marine française : un La Garde, un de Sabran, un de Grasse, un de Pienne, etc., fiers de faire leurs premières armes sous les ordres du brave marin nantais, En juillet, il enlevait l'île de Montserrat, l'une des Antilles ; en octobre, il rançonnait Surinam ; en février 1713, il prenait Curaçao ; et chaque fois qu'il revenait à la Martinique, dont il avait fait son quartier général, les habitants couraient en foule au devant de lui, et du plus loin qu'ils apercevaient ses vaisseaux criaient joyeusement ; « Voilà encore Cassard avec les trésors de l'ennemi ! » La paix se négociait en ce moment, et le gouvernement, craignant qu'un hardi coup de main du brave Nantais ne vint la rendre impossible, se hâta d'envoyer dans ses parages une escadre avec un chef d'un grade supérieur au sien qui pût tant soit peu modérer son courage (1). CORSAIRES NANTAIS EN 1712 . Le 18 mars, le Hardy-Guépin, corsaire nantais, de 140 tx. et 26 can,, armé en société par Jean-Baptiste Le Masne et Jean Tanquerel, son capitaine, amarinait le CONQUÉRANT, de Guernesey, à hauteur de l'île d'Yeu. Le Maréchal-d'Estrée amarinait la même année : le TIGRE, de Dublin ; le SAINT-JOSEPH et la REINE, de Corck, le FRANÇOIS, de Londonderry ; la KATHERINE, de Wesfort ; le HAMPTON-GALLEY, de Bristol ; la MARIE ; le SAINT-ANTOINE ; le SAINT-NICOLAS et I'ÂNNIBAL. Il rentra à Nantes le 23 août avec cette dernière prise, faite près du Pilier et évaluée à 10.000 livres. Enfin, le Lusançay capturait les Anglais : le GREENBOROUGH et le DRAGON (2). 1713. — CAMPAGNE DE JACQUES CASSARD EN 1713. Jacques Cassard continua dans les premiers jours de 1713 à piller les colonies des puissances en guerre contre la France ; et ses succès contribuèrent largement à la paix d'Utrecht, signée le 11 avril. Les puissances, effrayées de ses succès, voulaient obtenir à tout prix le rappel immédiat de son escadre en France (3). ___________________________________________________________________________ (1) DE LA PEYROUSE-BONFILS, Histoire de la Marine Française, t. II, p. 139. L. GUÉRIN, Histoire Maritime de France, t. IV, pp. 169 et suiv. RICHER, Vie de Cassard, pp. 55 et suiv. (2) A. PÉJU, La Course à Nantes aux XVIIe et XVIIIe siècles, p. 169. S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, La Course et les Corsaires de Nantes, p. 72. (3) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, La Course et les Corsaires de Nantes, pp. 115-117.
RAPPEL Ces chroniques sont tirées de Marins et Corsaires Nantais par Paul Legrand Héron - J. Mesnier & C° - Éditeurs 7, Rue de Strasbourg - Nantes - 1908

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jeudi, 01 mars 2007 | Lien permanent

Chronique portuaire LI

« Trop longues... inintéressantes... du copiage... » Critiquées, ces chroniques ! Je persite cependant, car scanner les pages d'un vieux bouquin qui ne bénéficia que d'une édition très locale m'est une modeste contribution à la sauvegarde d'un patrimone nautique qui baigna mon enfance et dont mes errances des jeudis d'après-guerre sur le quai de la Fosse demeurent un si beau souvenir. J'avoue prolonger ce bonheur ancien et combler ainsi mon ignorance d'alors.
Du Commencement du XVIIIe Siècle à la Révolution
1746. — LE "MARS" ET LA " BELLONE ". Le 11 avril 1746, deux frégates nantaises: le Mars et la Bellone sortaient de la Loire, chargées d'annes et de munitions pour le Prétendant Charles-Edouard Stuart, et faisaient voile vers l'Écosse. Le Mars, de 300 tx., 30 can. et 266 h., appartenait à M. de Seigné, et était commande par le capitaine Antoine Rouillé, de Nantes ; la Bellone, de 350 tx., 36 can. et 350 h., avait pour capitaine Claude Lory, également de Nantes. Lorsque les deux frégates arrivèrent sur les côtes d'Ecosse, elles apprirent la défaite du Prétendant à Culloden, et la présence de trois navires ennemis dans les environs : elles se hâtèrent en conséquence de débarquer leurs munitions. Le 14 mai, au moment où elles se disposaient à repartir, les trois Anglais étaient en vue et faisant voile vers la baie où les deux frégates étaient en panne, se préparèrent au combat ; c'étaient la frégate le LÉVRIER, de 36 can., le senau BALTIMORE, de 18 can., plus un certain nombre de pierriers, fauconneaux et espingoles ; enfin un dogre de 16 can. Les deux Nantais, à bord desquels venait de monter le généralissime de l'armée du Prétendant, Milord Jean Drummond, Duc de Perth, accompagné d'un certain nombre de partisans du Prince, firent leur abattée afin de présenter le flanc à leurs adversaires ; et bientôt un mémorable combat s'engageait en vue des côtes entre le Mars et la Bellone et leurs trois antagonistes. Finalement les deux frégates nantaises l’emportaient, et faisaient voile vers Nantes tandis que les Anglais fuyaient au large. Le 22 mai, le Duc de Perth, mort la veille à bord du Mars, recevait la sépulture des marins ; et le 6 juin les deux frégates rentraient en Loire, non sans avoir amariné au passage le WILLES, de 400 tx. et 20 can., et le PEMBROKE, de 200 tx. et 16 can., venant de Saint-Christophe avec de riches cargaisons (1). ___________________________________________________________ (1) DE LA PEYROUSE-BONFILS, Histoire de la Marine française, t. II, pp. 282-8. L. GUÉRIN, Histoire maritime de la France, t. IV, pp. 226 et suiv.

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jeudi, 10 mai 2007 | Lien permanent | Commentaires (1)

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