lundi, 17 octobre 2016
Quand à Bashô, s'ajoutent les Fleurs du Mal et la Diane Française
Dernière fin de semaine en cure.
À l'aube, entre deux trouées nuageuses, Castor et Pollux, les Gémeaux au zénith de la clairière.
Hier, Chez mes Très Douces, à Saint-Pierre de Buzet, brocante et vide-grenier.
Déniché une édition des Fleurs du mal de 1935 pour 50 centimes. Préface signée d'un JC anonyme qui parle ainsi de Jeanne Duval, "cette" négresse qu'il enleva..." ; ce"cette" : un soupçon de mépris, non ? L'Expo Coloniale de 31 est encore proche.
Plus loin dans une caisse, La Diane Française d' Aragon, parue en juin 1945, chez Seghers dont "la présente édition constitue le premier tirage de l'édition courante" pour 1 euro.
Acquisition d'autant plus précieuse qu'il y a le merveilleux "Il n'y a pas d'amour heureux" que Brassens mettra en musique dans les années 50, et que, dix ans plus tard, dans la brinquebale d'un GMC, toute nuit, je chantonnais lors de ma première opération-commando de jeune " sous-bite" appelé, dans l'ouest du Zaccar au printemps 61. Pour qui ?
Au petit matin de ce jour-là, après plus d'une minute de marche dans une tenace puanteur, j'allais enjamber sur un sentier escarpé mon premier cadavre. Victime d'un accrochage précédent ou d'une épuration ?
Je n'avais pas de parti pour me redonner les vraies couleurs de France* et la juste violence m'était pour un temps encore inconnue.
* Du poète à son parti, in La Diane de France, p. 87.
19:30 Publié dans la guerre, les lectures, "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 14 octobre 2016
lire Bashô dans la première dépression d'automne
Sont enfin venues, nocturnes, les pluies bienfaisantes de l'automne. En reverdiront les landes d'Armagnac, mais les trop rares belles de la cure avaient le teint fané des petits matins gris.
au premier vestiaire d’entrée
réparant moi-même le papier de mon parapluie
159.
Vivre dans le monde
comme le dit Sögi
c’est s’abriter de l’averse hivernale
au vestiaire du couloir de marche
25.
Branches de saule pleureur
dans le vent d’est —
des belles se repeignent
au vestiaire de la piscine de douche sous immersion et de mobilisation
15.
Blancheur éclatante sur terre —
la face de la lune,
la Princesse Shitateru ?
dans le bain d’eau courante
5.
Les gens pauvres
peuvent voir aussi les esprits
dans les fleurs de chardon-ogre
tirés de
BASHÔ
Seigneur ermite
L’intégrale des Haïkus
La Table Ronde, 2012
Trop tôt dans l'octobre, la cure s'achèvera.
17:23 Publié dans "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 10 octobre 2016
Bashô et quelques-uns de ses haïkus pour 16 ans de blogue
dans la nonchalance d'une cure thermale
à Barbotan
aux Landes d'Amargnac
au premier vestiaire d’entrée
138.
Ravi de sa pauvreté
le solitaire admirant la lune
fredonne la chanson de riz de Nara
au vestiaire du couloir de marche
1.
La lune pour guide —
Restez donc un peu avec nous
dans cette auberge !
au vestiaire de la piscine de douche sous immersion et de mobilisation
27.
Contemplant les fleurs sans lassitude,
mon carnet de haïkus
rarement sorti du sac
à la cabine des douches pénétrantes
18.
Contemplant la lune claire
l’été de la Saint-Martin
se reposer au nouvel an
dans le bain d’eau courante
8.
Les silhouettes des iris,
reflétées sur l’eau,
ressemblent aux iris
tirés de
BASHÔ
Seigneur ermite
L’intégrale des Haïkus
La Table Ronde, 2012
19:08 Publié dans "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 07 octobre 2016
Bashô aux landes de Armagnac
Pour la première cure de Barbotan, j’avais emmené dans mon sac de curiste Les Regrets de Joachim Du Bellay. J’y puisais la lecture de plusieurs sonnets au hasard des numéros de vestiaire qui, selon la nature des soins, m’étaient dévolus.
Cet an, j’ai glissé le gros « Poche Points » de l’Intégrale des Haïkus de BASHÔ, paru à la Table Ronde en 2012 ; il est un peu lourd dans la poche plastique qu’on nous remet pour affronter quotidiennement notre parcours de soins.
La lecture y est plus brève que celles de sonnets. Elle autorise une humide et régénérante méditation, quand celle-ci n’est point troublée par le passage furtif d’une gracieuse Néréide, irradiante dans cette assemblée de corps las, usés, déformés, claudicants qu’est un établissement de cure à visée rhumatologique et phlébologique !
au premier vestiaire d’entrée
33.
Fleurs d’arrière-saison —
comme des fleurs sur la houle
les pétales de la neige
à la cabine d’illutation générale
58.
Comme le dieu Tenjin,
j’admire le trésor dans le ciel bleu —
fleurs de prunier
au vestiaires du couloir de marche
55.
Le saké déborde
sur le plateau
orné de chrysanthèmes
au vestiaire de la piscine de mobilisation et de douche sous immersion
39.
Deux cerfs,
poil contre poil,
voluptueusement
à la cabine des douches pénétrantes
22.
De fins grêlons
sur la neige,
délicats dessins de kimono
Dans le bain en eau courante, le soin sublime
10.
Sur les rochers,
fleurs d’azalées rouges
teintes par les larmes du coucou
tirés de
BASHÔ
Seigneur ermite
L’intégrale des Haïkus
La Table Ronde, 2012
09:57 Publié dans "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 06 octobre 2016
Georges Balandier disparu des sentiers mondiaux
L'homme qui me permit d'alléger mon "orientalisme" juvénile pour m'engager sur les sentiers d'un "africaniste" autodidacte, avec l'accompagnement combien précieux et tout autant chaleureux de quelques femmes - Ama, Rabéa - et hommes d'Afrique, Bruno Kwamé, Si Salah Boulanouar et d'autres.
Sa mort me rapproche d'Adrian Adams, disparue en 2000, tout à la fois Écossaise et Soninké, anthropologue rencontrée sur les rives du fleuve Sénégal, à la fin des années 90.
Que les routes qu'ils ont foulées gardent mémoire de leurs pensers.
À Gabarret, dans les Landes d'Armagnac, autre pays pour moi où je suis tout autant l'Étranger et ça ne me déplaît point.
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