vendredi, 07 octobre 2016
Bashô aux landes de Armagnac
Pour la première cure de Barbotan, j’avais emmené dans mon sac de curiste Les Regrets de Joachim Du Bellay. J’y puisais la lecture de plusieurs sonnets au hasard des numéros de vestiaire qui, selon la nature des soins, m’étaient dévolus.
Cet an, j’ai glissé le gros « Poche Points » de l’Intégrale des Haïkus de BASHÔ, paru à la Table Ronde en 2012 ; il est un peu lourd dans la poche plastique qu’on nous remet pour affronter quotidiennement notre parcours de soins.
La lecture y est plus brève que celles de sonnets. Elle autorise une humide et régénérante méditation, quand celle-ci n’est point troublée par le passage furtif d’une gracieuse Néréide, irradiante dans cette assemblée de corps las, usés, déformés, claudicants qu’est un établissement de cure à visée rhumatologique et phlébologique !
au premier vestiaire d’entrée
33.
Fleurs d’arrière-saison —
comme des fleurs sur la houle
les pétales de la neige
à la cabine d’illutation générale
58.
Comme le dieu Tenjin,
j’admire le trésor dans le ciel bleu —
fleurs de prunier
au vestiaires du couloir de marche
55.
Le saké déborde
sur le plateau
orné de chrysanthèmes
au vestiaire de la piscine de mobilisation et de douche sous immersion
39.
Deux cerfs,
poil contre poil,
voluptueusement
à la cabine des douches pénétrantes
22.
De fins grêlons
sur la neige,
délicats dessins de kimono
Dans le bain en eau courante, le soin sublime
10.
Sur les rochers,
fleurs d’azalées rouges
teintes par les larmes du coucou
tirés de
BASHÔ
Seigneur ermite
L’intégrale des Haïkus
La Table Ronde, 2012
09:57 Publié dans "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (0)
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