Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

lundi, 27 septembre 2010

viatique pour une voyageuse

 

Le voyage commence
dans une bibliothèque.

viatique.jpg


Le touriste compare.
Le voyageur sépare.


Chacun appelle barbarie
ce qui n'est point de son usage.


Le paysage est un paquet de saveurs,
de couleurs, d'odeurs, où le corps infuse.


La marche, on n'a rien trouvé de mieux
pour aller plus lentement.


Mes pensées dorment si je les assis.
Mon esprit ne va
si les jambes ne l'agitent.


Compagnon, il nous faut cheminer
sans faire demeurance.


...c'est le propre des grands voyages
que d'en ramener tout autre chose
que ce qu'on y allait chercher.



VIATIQUE POUR UNE VOYAGEUSE *
 

sont cités dans le désordre Michel de Montaigne Frédéric Gros Nicolas Bouvier un pélerin de Saint-Jacques Michel Onfray

 

 

Voilà donc la cause du désordre sur l'étagère des Voyageurs, Nicolas Bouvier qui ébranle Kenneth White qui chamboule Frédéric Gros.

Le tout s'est retrouvé suspendu à un fil à linge dans le jardin de Fr, qui s'en va à l'automne pour les latitudes australes.

 

Fr fut la compagne de JeanJo ce vieux lutteur disparu en février 2008. Hier, Fr l'évoqua dans la gravité d'une joie qui éclaira les visages de celles et ceux qui étaient présents et qui devaient à cet homme des parcelles de bonheur.

Je lui dois, moi, une approche de ce que pouvait être, à la toute fin des des années 1990, la publication sur l'Internet de documents — écrits, photographies — qui permettait d'échanger entre voisins et amis — de leur maison à la mienne, trois cents mètres à peine ! — par les tuyaux de ce qui n'était alors qu'une étrange machine, des pans de nos activités que nous ignorions. C'était alors estimé incongru, farfelu par notre entourage.C'est de ces échanges que je décidai la création de ce blogue.

JeanJo s'y refusa obstinément. il n'était point Briéron pour rien !

 

Que les vents soient favorables aux voyageuses, à Fr et à Th qui l'accompagne !

 

 

*Petit ouvrage commun à Nicléane, la peintresse et à l'écrivassier.


 

lundi, 20 septembre 2010

errances en lectures

 

 

Lourde fatigue... venue trop précoce des fraicheurs automnales ? aquagym immodérée ?

 

Tu viens d'achever avec ta compagne une "stèle à une voyageuse". Plutôt, tu t'es préoccupé, toi, de rechercher des textes, brefs éclats de mots pour désarçonner l'amie qui va entreprendre une pérégrination.

Tu as parcouru Montaigne, Bouvier, Caillé, Onfray, Gros*. Et voilà que souhaitant caser Marcher, une philosophie de ce dernier et ranger Bouvier, Le Hibou et la Baleine, Le poisson-scorpion, les Routes et déroutes, ses Œuvres en Quarto, tu ébranles les bouquins de Kenneth White qui est son voisin d'étagère.

Le premier livre qui se penche : les rives du silence

 

Assez
assez de tant de choses

cette vague qui se brise
blanche prose

Et que cela, ne l'oublie pas
ne sente jamais le poète

Enfin, un peu de réalité
ce goût de sel sur la langue                    

Brumes blanches
à Roscoff

la marée qui se retire
à Douamenez

A ceux qui parlaient écriture
il répondait : ouverture

Écrire des poèmes?

Plutôt suivre la côte
fragment après fragment

 

Ode fragmentée à la Bretagne blanche

 

 distiques si éloignés des stances houleuses de Perse — pourtant à plusieurs reprises, cité en exergue.

 

Du coup, j'ai descendu la vingtaine de bouquins : poèmes ? essais ? carnets de voyage ? journaux ?

J'avais commencé de lire Kenneth White en 1977 avec ses Limbes incandescents, publiés dans Les Lettres nouvelles de Maurice Nadaud. L'ex-libris de son dernier livre lu, La maison des marées note le 24 novembre 2005. 

 

... je ne rencontre pas âme qui vive, à vélo ou à pied, seulement des mouettes, rassemblées sur la plage face au soleil ou bien nichées ça et là, solitaires, et des corbeaux fourrageant dans d'énormes amas de goémons. Au loin, par intervalles, des essaims de petits oiseaux, sans doute des migrateurs faisant route vers quelque région chaude du Sud pour y passer l'hiver. Ici, encore des rochers aux formes grotesques, souvent blanchis par les fientes, et le sentier qui court au milieu des bruyères (les cendrées rouge sombre et les callunes plus pâles), des mûriers sauvages, des fougères, des prunelliers et des chèvrefeuilles. Cette partie sud-sud-ouest de l'île est celle qui voyait le plus grand nombre de naufrages, comme le dit un rapport de 1681 :

« Le bout de l'isle Doüessant le plus exposé au mauvais temps est celuy d'Oüest Suroüest et c'est sur ce bout que se font presque tous les nauffrages. »

C'est là que coule cette violente rivière marine, le Fromveur. Où que l'on regarde, on aperçoit un phare. Je marche le long de Penn ar Roc'h et continue vers Penn Arland en passant par Bouge an Dour, Porz Gwenn et Penn ar C'hreac'h. Partout le soleil qui brille sur le mica, ici et là des touffes de carotte sauvage ou de criste-marine, et, dans une petite crique tranquille, où l'eau vert-bleu clapote contre les rochers, un héron blanc.

 

Ailleurs, sur un rivage des Landes :

 

Chardon bleu sur la dune
bleu brûlant sur la dune
les racines dans le sable
mais vigoureux en diable

le chardon bleu et moi
toute la journée nous restons
sous ce soleil de plomb

moi je contemple le grand tout
lui il y est et il s'en fout

 

sermon du chardon bleu

in Terre de diamant

 

La vingtaine de bouquins est encore toute évâillée sur la table. Pour une paresseuse lecture.

 

 

 

* Marcher, une philosophie, Frédéric GROS, Carnetnord, 2009.

mercredi, 15 septembre 2010

des hommes

 

 

au sortir d'une salle de cinéma

 

19441905.jpg

 

 

19478858.jpg

 

Au delà de toute foi, de toute croyance.

Dans la solidarité tenace et quotidienne des humains.

 

 

 

dimanche, 12 septembre 2010

retour de mer, mais la suite n'a pas grand'chose à y voir

 

aux amantes et amants désespéré(e)s... adultères et donc maudit(e)s

 

... ensommeillé.

C'est sur France Mu  le Jardin des dieux qui me tire à la lumière du jour avec une voix qui scande en italien ce que je vais savoir être le chant V de l'Enfer du Dante.

La voix est celle de Carmelo Bene ce déjanté des années soixante-dix qui m'avait subjugué avec un film "Notre Dame des Turcs" qui dépassait en délire tous les films dit "underground" de l'époque.

La scansion est envoûtante, surtout quand on ne comprend goutte à l'italien : un texte « que les non-italianophones pourront savourer et comparer comme autant de nectars inconnus… » annonce François-Xavier Szymczak, l'animateur de l'émission.

 

J'ai ouvert la Divine Comédie — en deux tomes qui me furent offerts ce terrible Noël 1964 par Co et Jo — que je n'ai parcourue qu'à sauts et gambades.

Le Dante ne me plaît guère, j'avoue n'être qu'un lecteur au premier degré et sa catholicité m'emm... : déjà au chant IV qui précède celui dont il fut, ce matin, question sur France Mu, il dépose mes vieux Grecs dans le premier cercle de ses enfers. Ce matin, nous en étions au chant V qui précipite dans le deuxième cercle les amants trop aimants :

 

 

« Francesca, le récit de ton triste martyre
n'a laissé dans mon cœur que douleur et pitié.

Mais dis-moi cependant: au temps des doux soupirs,
comment, par quel moyen l'amour vous permit-il
de comprendre, les deux, vos passions naissantes? »

Elle me répondit: « La plus grande douleur
est de se rappeler les instants de bonheur
au temps de la misère; et ton docteur* le sait.

Cependant, si tu veux savoir les origines
de notre affection, je veux bien te les dire,
même s'il me fallait pleurer en racontant.

Un jour, nous avons pris du plaisir en lisant
de Lancelot, qui fut esclave de l'amour;
nous étions seuls tous deux et sans aucun soupçon.

Souvent notre regard se cherchait longuement
durant notre lecture, et nous devînmes pâles;
pourtant, un seul détail a suffi pour nous perdre.

Arrivés à l'endroit où cette belle bouche
était baisée enfin par cet illustre amant,
celui-ci, dont plus rien ne peut me séparer,

vint cueillir en tremblant un baiser sur mes lèvres
Le livre et son auteur furent mon Galehaut;
et pour cette fois-là la lecture a pris fin. »

Pendant qu'un des esprits me racontait cela,
l'autre pleurait si fort que, mû par la pitié,
je défaillis moi-même et me sentis mourir,

et finis par tomber comme tombe un cadavre.

 

Les musiques étaient belles et les voix des diseurs**, des nectars inconnus.

 

 

* Virgile, l'accompagnateur du Dante.

** Il y a plusieurs diseurs : Roberto Benigni, Vittorio Gassman, Vittorio Sermonti, Carmelo Bene...

vendredi, 03 septembre 2010

à hisser ! à border !

 

Les vents de Nordé à Suet, d'un port du Ponant, sont favorables pour mettre le cap au large et saluer les marées d'Équinoxe.

D'où le très misogyne dicton :

 

Temps de mirage : vent d'amont

Pour fuir la fille sera bon.

 

Avec plus d'élégance, nos Dames reprennent leur liberté, pour quelques jours de vent d'amont.