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mardi, 02 novembre 2004

Fin de vacances enfantines

Demain, nous raccompagnons les filles en Agenais.
Dix jours avec ces deux mutines, la maison est sens dessus dessous.
Noémie et moi rangeons des livres, éparpillés entre peluches, legos et chiffons pour se déguiser.

« Oh ! Papy ! Celui-là, je l’aime trop ! »
Émue et souriante, elle me tend Petites musiques de la nuit de Christian Bruel et Xavier Lambours.

Le Sourire qui mord n’était pas encore - un peu déjà - dilué dans l’ogre Gallimard Jeunesse.
Bruel était d'une verve folle, inventive. Un grand pédago de la littérature dite "de jeunesse". Il n'aimait guère ce complément de nom. Où est-il désormais ? Où en est-il ?
Noémie n’avait pas quatre ans qu’elle s’y retrouvait dans ces images indescriptibles : rêves et cauchemars, tous les animaux du zoo enfantin dans des chambres, des couloirs à la Dali. Des échappées de fenêtres sur des cités imaginaires en carton-pâte.

Quatre ans après, son plaisir resurgit
Elle y retrouve le tohu-bohu de ses nuits accumulant douceurs et tumulte, terreurs et apaisement.
Ah ! Les nuits d'enfants !
Nous nous sommes, tout rangement cessant, assis et avons lu à deux voix :
bruel1.jpg

Le sommeil referme la nuit
derrière lui.
Le jours se défroisse au soleil.
Un matin, peut-être les humains
n’auront plus honte
des rides de leurs nuits.


....................................................


C’était marée haute
et la mer se retire...

... elle reviendra plus tard
se coucher avec toi.


Noémie dit : « Ce sont des poèmes ! »

À samedi.

lundi, 01 novembre 2004

Autres saints

Au Premier Novembre 2001, le livre de bord de Dac’hlmat mentionne ceci :


Toussaint 2001, sur le Rio Guadiana
Alcoutim, le village de l’Algarve à rive droite,
Sanlucar, le village d’Andalousie à rive gauche.


Belle journée d’été au mitan d’un fleuve aux eaux limoneuses ! J’aime bien cette hésitation du voyageur sur le gué d’une frontière. Manière de l’abolir Nous avions vécu même valse de part et d’autre d’un ruisseau basque, lors d’une randonnée pédestre avec Colette et Jo : cent pas en Espagne, cent pas en France, café en France, bière en Espagne. Mais il est vrai qu’avec l’Europe, se sont heureusement volatilisées douanes et barrières...

Remontée lente du Guadiana, peu de villages sur les deux rives, quelques maisons dans le creux des collines ; première nuit à hauteur de Guerreiros do Rio, un village de pêcheurs d’anguilles. Tiens ! Grand’Lieu et Passay* se rappellent à nous. Silence nocturne qui nous étonne et nous ravit après des nuits de marina où les boites de nuit ne sont jamais très éloignées.

Le 30, nous mouillons sur corps-mort à 20 milles de l’embouchure : Alcoutim et Sanlùcar, blancheurs en miroir, à flanc de coteaux. Mais les ruelles d’Alcoutim se revêtent encore d’un léger négligé de façades et de pavement alors que Sanlùcar, toute aussi tortueuse et pentue, s’ouvre avec une netteté quasi immaculée des murs et des toits.
Par deux fois, au tournant d’une rue de SanLùcar, l’image parfaite d’une Andalousie rêvée : sur le bleu de cet été de Toussaint, angles purs des maisons qui se chevauchent, acéré brun des tuiles vers l’envolée sur le clocher ocre de l’église ; plus loin à la patte d’oie de trois venelles à la descente vertigineuse : un mur blanc, une porte bleue et par-dessus le mur, un olivier...

Un 1er Novembre estival, au bar de l’embarcadère de Sanlùcar, à l’ombre des platanes et dans la senteur du jasmin, les “boqueronès” sont délicatement vinaigrés. Nonchalance rêveuse !


*Lire Grand’Lieu in Dac’hlmat

... l'insurrection algérienne

Quand l’ai-je apprise ?
Chez mes “Bons Pères”, nous étions dans un monde clos ; il leur fallait nous protéger.
Le lendemain ? Aux vacances de Noël ?
La première atteinte, ce fut à l’hiver, quand mon cousin Roger fut parmi les premiers appelés du contingent à partir, ma mère se lamentant sur cette troisième guerre qu’elle allait connaître en cinquante années de vie. Le petit peuple qui est le mien n’était point dupe des “opérations de maintien de l’ordre”.
Acagnardé dans la douce tiédeur d’une salle d’étude, j’étais si loin des tumultes féconds et cruels de ce pays qui, quatre ans, plus tard allaient me rattraper.*
Je rêvais d’Afrique négresse et mon professeur de philo qui était un bon gars nous éreintait Nietzsche. Peu importait l’envoi aux enfers. Demeurait un bref écrit sur la page d’un cahier à spirales :

Je vous en conjure, Mes Frères, restez fidèles à la terre. Ne laissez pas votre vertu s’envoler loin des choses terrestres et battre des ailes contre des murs d’éternité
*Lire algériennes in Dac'hlmat.

Halloween



Vraiment une réjouissance malsaine phagocytée par les épiciers en gros : c’est laid, infernal et redoutable pour la dentition des mômes. Je ne pense pas que la peau de leur visage en soit améliorée.

Qu’une antique célébration celte soit détournée en satanisme mercantile, peu me chaut ! Ce qui me fait chier c’est que Noémie - huit ans - en est revenue terrorisée pour la nuit et que toute une soirée, je fus obligé de descendre de ma “librairie” pour interrompre les sonneries à la porte de la maison !