vendredi, 17 mai 2013
un dernier faux sonnet, celui de René Guy Cadou
Naguère — c'était à Nantes en 1999 — lors d'un colloque sur René Guy Cadou, un poète dans le siècle, Paule Plouvier, une universitaire de Montpellier III, présenta sa contribution sous le titre suivant Cadou, Char, alliances secrètes.
Belle audace !
En quarante-quatre ans de lecture de l'un et de l'autre, je n'avais jamais imaginé possibles ces alliances, tant les deux René étaient en moi, leur liseur, l'harmonie des contraires.
Paule Louvier les lient par l'enracinement dans leurs contrées natales, la terre provençale et le paysage nantais, baignées par leurs lumières singulières, habitées par leurs bestiaires et leurs propres floraisons végétales, mais contrées cependant "qui ouvrent à l'universel car ce sont (elles) qui, en modelant une sensibilité, permettent au sujet de forer au plus profond d'une recherche de la parole juste, susceptible de témoigner de la vérité de l'homme.."
J'y ajouterai les liens de l'amitié qui enlacent les recueils de l'un et l'autre et c'est ainsi que je parviens à l'un des rares textes de Cadou qui rejoint la forme de Remise, quand, en quatorze vers, Cadou, l'élégiaque au bord des larmes, évoque une soirée de solitude.
LA SOIRÉE DE DÉCEMBRE
Amis pleins de rumeurs où êtes-vous ce soir
Dans quel coin de ma vie longtemps désaffecté?
Oh! je voudrais pouvoir sans bruit vous faire entendre
Ce minutieux mouvement d'herbe de mes mains
Cherchant vos mains parmi l'opaque sous l'eau plate
D'une journée, le long des rives du destin!
Qu'ai-je fait pour vous retenir quand vous étiez
Dans les mornes eaux de ma tristesse, ensablés
Dans ce bief de douceur où rien ne compte plus
Que quelques gouttes d'une pluie très pure comme les larmes ?
Pardonnez-moi de vous aimer à travers moi
De vous perdre sans cesse dans la foule
O crieurs de journaux intimes, seuls prophètes
Seuls amis en ce monde et ailleurs!
René Guy CADOU
Hélène ou le Règne végétal (1950)
Ces trois notes sont à l'adresse de certain(e)s
qui hantent les parages de ce blogue
et cheminent depuis longtemps parfois
en forant à la recherche de la juste parole,
dans les textes de Michaux, de Char, de Cadou.
« ...seuls prophètes, Seuls amis...»
Je pense à l'un d'entre eux qui, l'hiver 2008,
m'adressa en commentaire cette Soirée de Décembre.
Mais dieux, c'est quoi un Sonnet ?
18:56 Publié dans Cadou toujours, Char à nos côtés, glane de sonnets, "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Insondable nostalgie de CADOU qui passe les âges et les pages !...
cordialement
alainB
Écrit par : alain BARRE | jeudi, 20 juin 2013
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