vendredi, 16 septembre 2011
retour à Cambo
J’avoue avoir délaissé Rostand et son Chanteclerc.
Mais j’ai glissé l’un de mes Jammes.
Hasparren semble s’être décidée à honorer le poète. Le parc et la maison qui, l’an dernier, étaient à l’abandon, sont un chantier qui annonce un futur centre culturel.
...nous prendrons de vieilles poésies
des choses entendues qui se sont confondues
des mots qui ne sont plus qu'une musique obscure
Et le soir glissera dans le jour qui vacille
Élégie seconde, II
Au milieu de la cabane, et débarrassée de ses vêtements grossiers humides encore de la rosée nocturne, se tient une jeune bûcheronne.
Elle est nue comme la lumière et comme l'eau. Et, tandis que le soleil chante au dehors, elle se courbe, un pied posé sur le fagot de frais noisetiers sauvages que son bras levé ébranche avec une hachette.
.................................................
De la nuque aux talons, elle n'est qu'une courbe ensoleillée...
La jeune fille nue
didascalie de la scène III
Le deuil des primevères
Francis Jammes
Les Thermes de Cambo ont toujours le même charme suranné. Et les « eaux » assouplissent déjà les jointures raidies.
Les ganaches d’Espelette éclatent en bouche de piquante suavité — non ce n’est point un oxymore ! — et les Contre-Rimes de Paul-Jean Toulet, autre Béarnais qui enchanta certains soirs de mon adolescence solitaire et pieuse, seront les poétiques ponctuations de mes lectures de Boualem Sansal — son dernier roman, Rue Darwin — et d’Edgar Morin — ses entretiens autobiographiques, Mon chemin — :
Toi qu’empourprait l’âtre d’hiver
Comme une rouge nue
Où déjà te dessinait nue
L’arôme de ta chair
.........................................................
Le sonneur se suspend, s’élance,
Perd pied contre le mur,
Et monte : on dirait un fruit mûr
Que la branche balance.
Une fille passe. Elle rit
De tout son frais visage :
L’hiver de ce noir paysage
A-t-il soudain fleuri ?
Je vois briller sa face,
Quand elle prend le coin.
L’Angélus et sa jupe, au loin,
L’un et l’autre, s’efface.
Paul-Jean Toulet
Contrerimes
Même si le dandysme raffiné de Toulet m'émeut moins que l'agreste sensuel de Jammes !
Post-scriptum : Quelques dizaines de kilomètres avant Cambo, à Bidache, premier bourg basque, la route contourne le château de Grammont : difficile d'oublier, la Belle Corisande, Diane de Grammont, comtesse de Guiche, à l'oreille de qui Montaigne aurait en volontiers quelque confidence à murmurer
18:14 | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.