Passay de nouveau !
Et Grand'Lieu, le lac au plus bas de son étiage en ce commencement d'automne. Quand les gens viennent au bord du lac, ils y viennent pour les oiseaux, pour les légendes. Mais le lac est aussi autre qu'une immensité d'eau et de végétal.
C'est aussi une communauté humaine, la seule de ces rives incertaines : des hommes et des femmes qui y travaillent depuis des siècles.
Nicléane a choisi de montrer sur des douelles de barrique, récupérées dans un fossé, les engins de travail, ces dessous lacustres qu'on ne voit plus que sécher dans le secret des hangars et jardins des pêcheurs.
Le grand-père Thanas, il faisait des filets à longueur d'année. Il y avait une grande cheminée et, toujours, le filet y était pendu. À ce moment-là, c'était les pêcheurs qui les faisaient eux-mêmes, parce qu'ils pêchaient beaucoup à la louve et c'était du coton ; alors tous les ans il fallait les refaire. Dans leur hiver, ils faisaient soixante, soixante-dix, quatre-vingt louves il fallait les faire pour le printemps d'après. Étant petite fille, j'ai appris à faire les filets. Quatre-vingt louves, ça ne se faisait pas comme ça. C'est le grand-père Thanas qui m'a appris. À chaque instant, j'étais dessus. Je me faisais disputer parce que je faisais des "grandes mailles", comme il disait et, souvent, on était obligé de les couper. Ce nétait pas toujours bien, mais j'ai appris comme ça.
Marcelle Surget, épouse de Francis Albert, dit "Pêchou".
À Grand-Lieu, un village de pêcheurs,
Passay se raconte.
Siloë, 2000.
©Nicléane
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