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lundi, 29 septembre 2008

Allons-y donc de notre rentrée littéraire

Il en était question dans Masse critique, hier matin, Frédéric Martel avait invité Olivier Bétourné, directeur littéraire d'Albin Michel. Je n’ai point trop d’estime habituellement pour les grands “managers” de l’édition lettrée. Cette fois, je suis demeuré attentif. Ce n’était point parole de bois.
Il y fut question de la dignité de tous les lecteurs. De best-sellers dont les noms d’auteurs ont été parfois entendus par ci par là, de madame Amélie Nothomb dont je n’ai lu qu’un seul livre qui traînait sur une étagère de libre échange à la capitainerie du port galicien de Sada, Métaphysique des tubes ; c'était en juste adéquation avec le lieu de lecture, la laverie du port ; j’ai lu, le temps d’un plein de machine à laver ; c’est dire l’épaisseur, l’intensité, la profondeur !
Il y fut aussi question de Pierre Michon et de François Bon ; Bétourné en est aussi l’éditeur ; j’ai mieux compris mon attention première.
On s’entretint de la rentrée littéraire romanesque, de l’importance du rite dans les petits cercles lettrés.

L’an dernier, j’avais ressorti de mes étagères Théo Lésoualc'h ; cet an, je demeure chez les Celtes. PLUME, le magazine qui substitue Hélène à Pénélope dans le lit d’Ulysse, a consacré quelques pages à l’exposition des Champs-libres de Rennes consacrée au roi Arthur, une légende en devenir. La rédaction de ladite revue ne met point encore Merlin dans le lit de Guenièvre. Mais sait-on jamais ?
Je ressors donc “ma” matière de Bretagne ; enfin la mince matière que j’ai dans mes rayons.
Qui dit rentrée littéraire dit roman et qui dit matière de Bretagne dit bien naissance du roman occidental. Non ?
Je ne sors pas encore mes Markale et autres Loth... je ressors un roman, écrit qui dans les années 70 continuait à sa manière le devenir de la légende comme le titre si bien l’expo de Rennes.
D’Yves Élléouêt, le Livre des Rois de Bretagne. Il fut peintre, époux de Aube et donc gendre d'André Breton !

À la suite de Masse critique, les incontournables— à contourner parfois — Répliques : une ré-émission sur Joseph Conrad et Au cœur des ténèbres, la colonisation en interrogation.
Chose à lire !
Mais je devrais probablement sous-titrer mon blogue “un auditeur en son jardin”. Avec les iPods et autres, tout est possible.
Ah, si ! en conclusion de Masse Critique, fut évoqué l’arrivée de la nouvelle “liseuse électronique” de Sony. FB, toujours en pointe, l’évoquait déjà en juillet, en élargissant, et ce depuis quelques rubriques, à la situation de cette fameuse lecture numérique.

Post-scriptum :
Jardins* peut se lire comme un entretien dans son jardin, par petites planches. J’en suis au savoureux — il le sont quasi tous — chapitre sur l’histoire du jardin de Boccace, qui me renvoie au Décaméron qui nous renvoie au film de Pasolini, à Masetto, le jardinier faussement benêt du couvent et aux sexes si joliment velus de ses religieuses de tous âges.

(Masetto) est le pendant exact de l'architecte du jardin où est contée l'histoire. Je veux dire qu'il commence par planifier son action avant de l'exécuter en la mettant au service de la nature. Ce faisant, il imite le jardinier qui sème ses graines à l'avance et récolte les fruits de son travail en temps et en heure.
Si la présence de Masetto introduit maintes perturbations dans la vie spirituelle et érotique du couvent, son intrusion ne provoque ni désordre ni anarchie. Au contraire, à la fin de l'histoire, les énergies libidinales du couvent, parfaitement régulées et équitablement réparties, s'épanouissent sans miner les fondations de l'ordre institutionnel. L'histoire exalte finalement l'inventivité des protagonistes pour donner une forme ordonnée au plaisir.


* Ma note du 11 septembre ; on fête les anniversaires des catastrophes comme on peut.



mardi, 23 septembre 2008

retour de mer

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Er Salus, comme un petit moment d'éternité, trois jours durant et Dac'hlmat bien abrité des vents aigres de nordet.
Des ciels nocturnes d'une netteté froide — toujours par la vertu de ces vents — et je relève dans le Livre de bord la contemplation de "mes" constellations.:
Nuit du 20 au 21 septembre, dernière nuit d'été (...ou première de l'automne),
à minuit : presqu'au zénith, ancrée par Deneb et s'appuyant au noroît sur la Lyre avec Véga et l'Aigle avec Altaïr, la Croix du Cygne.
à l'aube, dans le suet : Orion par Aljunina s'appuie en déséquilibre sur Sirius, d'une verdeur bleue comme jamais.
Pour la première fois, dans l'ouest de celle-ci, j'identifie Mirzam.



Le lendemain, nous remontons par le Nord en escale au Crouesty pour une douche brûlante et faire le plein de palets bretons, de cakes au beurre et de chouchen.
Au kiosque de presse, je suis attiré par un magazine assez luxueux, PLUME, le magazine du patrimoine écrit. Le thème, Arthur au-delà de la légende, me pousse à l'achat. Il y fait mention de l'exposition rennaise aux Champs-Libres sur la légende arthurienne (jusqu'au 4 janvier 2009).
D'autres articles intéressants pour un vieux lecteur, sur Lamartine, Nerval : je tique sur l'achat du manuscrit du Manifeste du surréalisme. Manifestement, la rédaction dudit magazine préfère l'initiative privée à la préemption par l'État. Ça me renvoie à la dispersion du "42, rue Fontaine" et de la lutte menée par remue.net et François Bon. J'avais, pour ma part, humblement proposé de rendre au Lot les agathes que Breton y avait collectées.
Rien d'étonnant, l'acquéreur du manuscrit est aussi le directeur de publication de PLUME, qui est aussi le fondateur du musée des Lettres et Manuscrits.

Le plus piquant — j'ai envoyé derechef un courriel — est la brève suivante que l'on trouve en page 6 :
Inépuisable Odyssée... Des indices astronomiques, recueillis dans le texte de l'Odyssée ont permis de dater précisément le retour d'Ulysse près d'Hélène...

Gaste ! s'écrieraient les arthuriens, nous savions Ulysse peu enclin à la fidélité, nous savions les cocufiages subis par la patiente Pénélope.
Mais, de là... à laisser entendre qu'Hélène, pour occuper le lit au pied taillé à la racine dans un olivier, aurait — par quels vents miraculeux ? — précédé Ulysse en Ithaque  et aurait trucidé* Pénélope !
Ce n'est qu'une coquille m'écrirez-vous ! Certes, mais quelle conque !
Amusant avatar causé par un obscur scribe du libéralisme culturel. Peut-être le scribe était-il plongé dans un rêve épique de réécriture ? Surréaliste, non !

Le patrimoine homérique serait-il en danger ? Vains dieux !

* Une impardonnable inattention m'a fait mettre à l'infinitif le verbe "trucider". Un courriel de la rédaction de PLUME, aussi peu amène que celui que j'avais écrit, me fut sur le champ envoyé. De bonne guerre, certes, mais ma coquille était si mince...







lundi, 15 septembre 2008

à nouveau je largue

L'anticyclone nordique est favorable : je vais mouiller un pied d'ancre à Er Salus, pour six ou sept jours.

DSCN0641.JPG

samedi, 13 septembre 2008

« Les salons littéraires sont dans l'internet. »

Mais soyez assurés que ce n'est pas grâce à monsieur Pierre Assouline ; il aurait le blogue littéraire le plus fréquenté : ce serait le dernier web-salon où l'on cause.
C'est du moins ce qui est écrit dans le Nouvel Obs de cette semaine — d'ailleurs, en janvier 2009, je clos mes quasi cinquante ans d'abonnement : une trop vieille fidélité épuisée par plus d'un an de "pepolisation" (sic) d'un hebdomadaire qui tente, sans doute, de survivre.

La lecture des propos recueillis par Melle Anne Crignon me conforte dans ce désabonnement à venir.
Pas un mot d'un bouquin paru en 2002.
Forte prémonition d'un auteur qui ne se mit point en lumière — il est vrai qu'en 2002, nous n'étions point des millions — et monsieur Assouline ne tenait pas blogue à monde.fr.
En deux cent dix-huit pages et pour 20 € — 1€ de moins que celui de monsieur Assouline — les salons littéraires de l'Internet y sont annoncés et leur problématique, déjà bien déblayée ; c'est écrit par un universitaire et ça n'a rien d'universitaire.

Quand monsieur Assouline était rédacteur du magazine LIRE, il aurait dû — ou pu —lire ce bouquin ; peut-être l'a-t-il lu ? Aurait-il craint que ce bouquin lui fît de l'ombre.
Je vous entretiens de :

Patrick REBOLLAR, Les salons littéraires sont dans l'internet, Écritures électroniques, Presses Universitaires de France, avril 2002.


C'était aux beaux temps libertaires de remue.net et de zazieweb.

Les pontifes de l'appareil lettré éditorial suçaient encore le lait de leur "souris".

Post-scriptum : Allez lire Berlol et son Journal LittéRéticulaire. Il est dans la colonne de gauche, en tête de liste !

jeudi, 11 septembre 2008

ça pourrait commencer mieux

À peine revenu et voilà que resurgit la publicité sur ce bon site de Hautetfort.
Voilà ce que c'est de ne souhaiter vivre, sur la Toile, que de gratuité. Il va falloir songer à migrer vers d'autres "jardins".
Mais que faire de ces bientôt quatre années de notes, sauvegardées certes, mais difficilement transférables...
À moins qu'une visiteuse, un visiteur puissent proposer un outil !

Quant aux jardins, Harrisson érige Homère en philosophe — d'autres, l'établissant parmi les PréSocratiques, l'avaient précédé à propos de l'immanence, de la violence, de l'insatisfaction, de la sagesse et de la vieillesse.

Voilà qu'Ulysse s'emmerde ferme dans le jardin de Calypso aux belles boucles et rêve sur la plage déserte des aridités rocailleuses d'Ithaque et de sa vieillissante Pénélope. Homère, implicitement, de contester le bosquet des dieux de Gilgamesh, les jardins des Champs-Élysées, ceux des Îles Fortunées...
Et par delà les siècles à venir, les Paradis terrestres des juifs, chrétiens et autres musulmans.

Que serait un jardin sans soucis ?

Thoreau — autre bonheur de l'été à l'écoute des conférences de Onfray — écrit dans Walden :
« Qu'elle soit vie ou mort, nous implorons seulement la réalité. »

lundi, 08 septembre 2008

de mer en jardin

Plus de deux mois de... ? Je voulais écrire “silence”, mais on ne rompt point un silence en frappant des lettres sur un écran.
Les situations et les menus faits quotidiens de cet été ne m’ont guère incité à une quelconque rédaction. Je m’étais embarqué fin juin avec de minces projets d’écriture et de lecture. Livres et documents sont demeurés dans les équipets : entre les aléas météorologiques d’un anticyclone qui ne s’établissait que furtivement deux ou trois jours — et le furtif persiste — les occupations grand-paternelles et la vacuité contemplative de l'océan ne furent guère favorables à la rédaction. Olivier Rolin écrit lui : la contemplation hébétée de la mer !
Plus, sans doute, la basse continue du vieillissement qui modère l’importance de l’écrit et privilégie la saveur d’un moment, d’une houle, d’un éclat de soleil, de la douceur d’un crachin. Rolin n’a peut-être pas tort d’user du mot “hébétée” : l’hébétude, comme engourdissement du mental, à peine affleurant une mauvaise conscience de vivre cet état de paresse, mais aussi de délaissement des visiteuses et visiteurs ?

Failli reprendre pour les disparitions de Soljnenitsyne et de Darwich : auteurs géants ou causes nationales ?
Failli me foutre en rogne pour les dix “gus” flingués lors d’une embuscade en Afghanistan, les honneurs rendus par une nation au ventre mou et la logorrhée des commentaires et des questionnements d’une génération qui ne sait plus ce que c’est que guerre, guérilla et contre-guérilla, pour laquelle les cadavres de 14/18, 39/45, Indochine et Algérie ne sont que des stèles et des cartes postales.

Je boude les rentrées, surtout la littéraire — quand l’honorable Monde des Livres noircit du papier sur les affaires de cul de lettrées, ça signifie certainement que parce que ce sont des dames — ce pourrait être une avancée — des bourgeoises, des lettrées, la pornographie n’est plus sordidement renvoyée aux boutiques à sexe et à la Toile des culs. Un style correct de bonne lettrée ne fait pas toujours une histoire de beau cul !

Et alors ?

Ce n’est pas un adieu au roman, ça n’en n’est pas très loin — je relis mes passions romanesques de naguère — mais je ne m’aventure plus que dans les essais.
Je suis déjà dans Jardins de Robert Harrisson*.


Que faire, en ces « sombres temps » où le monde qui « s'étend entre les hommes » ne leur offre plus de scène propice à leurs discours et à leurs actions, où l'on n'écoute plus la raison, où, dans la sphère publique, le citoyen est réduit à l’impuissance. II est des temps où le penseur, le patriote, l'individu n'a d'autre choix que de s’exiler dans les marges, ...
Dans De l'humanité dans de « sombres temps », Hannah Arendt écrit que « la fuite hors du monde en des temps sombres, temps d'impuissance, peut toujours justifier tant que la réalité n'est pas ignorée, mais constamment présente et reconnue comme cela dont il faut s'évader ».
On peut en dire autant des refuges qu'offrent traditionnellement les jardins à ceux dont la « condition humaine » est menacée.
Trouver refuge dans un jardin peut se révéler une bénédiction ou une catastrophe selon le degré de réalité préservé en son sein
.


J’opte pour le jardin d’Épicure, actualisé à la Gilles Clément, avec des espaces d’herbes folles, littéralement et dans tous les sens.

*Robert HARRISSON, Jardins, Réflexions sur la condition humaine, Éditions Le Pommier, 2007.