jeudi, 03 janvier 2008
Chronique Portuaire de Nantes LXXV & bons vents !
BLOAVEZ MAD — XA KEBIÉRÉ WAGA
(la Bonne année en breton et en soninké)
Bons vents à toutes et tous !
et pour la commencer, trois minces histoires de Corsaires Nantais.
Période Révolutionnaire
1797.— LE CORSAIRE " LE VOLTIGEUR " ET LE CHIRURGIEN CARON.
Spécialement construit pour la Course sur les chantiers de Nantes, le corsaire le Voltigeur, de 200 tx. et 10 can., sortait de la Loire le 4 octobre, sous les ordres d'Alexandre Giraud, avec un équipage de 110 marins et soldats. Après d'heureuses prises et de brillants combats, il fut lui-même amariné par la frégate anglaise la NYMPHE, après douze heures de chasse et un abordage dont il ne put se défendre, toutes ses munitions étant épuisées et ses matelots n'ayant plus que des barres d'ansept pour continuer la lutte. Plusieurs officiers et quinze marins anglais vinrent à bord de leur prise, ne conservant de son équipage que le chirurgien Caron, le chef de timonerie Granaud, et les blessés enfermés dans la cale ; le reste avait été transféré sur le navire capteur.
Le lendemain, la NYMPHE et sa prise, qui voyageaient de conserve, furent séparées par un fort grain. Le chirurgien Caron conçut alors le projet audacieux de reprendre le Voltigeur avec l'aide des matelots valides. Une première fois, il échoua ; ses complices furent enfermés à fond de cale, et lui seul fut laissé sur le pont pour soigner les blessés.
Malgré la présence de la NYMPHE, qui rejoignait à ce moment sa prise, Caron ne perdit pas l'espoir de reprendre le navire et prépara son plan. Pour réussir plus sûrement, il fit monter sur le pont le cuisinier Berranger et le boulanger Pavageau, qui feignirent de préparer le repas ; puis il se fit amener quatre des blessés les plus vigoureux, soi-disant pour faire de la charpie, et chargea son infirmier Jean-Jean de lui amener le plus fort gaillard de l'équipage enfermé dans la cale sous le prétexte de soigner ses blessures. Au signal donné, les neuf hommes bondirent sur les officiers attablés, les désarmèrent, ficellèrent les hommes de l'équipage anglais partout où ils les rencontrèrent, délivrèrent leurs camarades, et, prenant la direction du Voltigeur, le couvrirent soudain de toile et prirent chasse devant la NYMPHE qui se lançait à leur poursuite.
Ils furent assez heureux pour se réfugier sains et saufs à Audierne et revinrent de là à Nantes, où le Voltigeur et le brave Caron furent reçus avec enthousiasme (1).
LE CORSAIRE LE " VENGEUR ".
Par jolie brise maniable, le corsaire nantais le Vengeur courait grand largue le long des côtes anglaises, lorsque la vigie, perdue dans l'amoncellement des cordages et des manoeuvres, signala une voile par tribord, puis une autre, puis d'autres encore ; tout un convoi de soixante voiles escorté par un vaisseau de ligne, deux frégates, et plusieurs cutters. La proie était alléchante, sans doute, mais bien gardée ; néanmoins, le corsaire nantais s'attacha à sa poursuite, fuyant dès qu'un des navires de protection lui donnait la chasse, pour revenir aussitôt rôder sur les flancs du convoi dès que la surveillance se relâchait. Dès le soir même, il amarinait les TROIS-FRÈRES, de 250 tx. ; le lendemain, trois autres prises venaient se ranger successivement le long de ses flancs, et tandis qu'il rentrait au port, il réussit encore à s'emparer d'un trois-mâts suédois de 6 à 700 tx. (2).
LE CORSAIRE LE " FÉLIX ".
Le 10 octobre 1797, le fin cutter nantais, le Félix, corsaire de 200 tx,, 8 can. et 120 h., sortait de la Loire sous le commandement du brave capitain André Viaud, l'un des meilleurs Corsaires de la rivière.
Après avoir amariné plusieurs prises, il s'emparait de la JANE qu'il envoyait à Nantes en novembre ; ce furent les dernières nouvelles que l'on reçut jamais du corsaire nantais et de son équipage. La tradition rapporte qu'il se fit couler lui-même pour ne pas se rendre, après un combat contre une corvette anglaise en vue des côtes d'Irlande (3).
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(1) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, La Course et les Corsaires de Nantes, pp. 231-236.
(2) GALLOIS, Les Corsaires Français sous la République et l'Empire, t. II, p. 417.
(3) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, La Course et les Corsaires de Nantes, pp. 354-5
10:00 Publié dans Les chroniques portuaires | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Voila des histoires bien plus passionnantes qu'un conte de noël !
Intéressant aussi les échanges René CHAR / Julien GRAcQ !
Salut au corsaire de la basse bouguinière !
alain
Écrit par : alain BARRE | samedi, 05 janvier 2008
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