jeudi, 20 décembre 2007
Chronique portuaire de Nantes LXXIII
Période Révolutionnaire
1794.— LA VEUVE DE DU COUÉDIC.
La veuve de l'héroïque commandant de la Surveillante s'était retirée à Nantes après la mort de son époux ; et une pension de cent-vingt livres reposant sur les octrois lui avait été accordée. Lors de la suppression des octrois en 1791 elle fut réduite à redemander au Conseil de lui maintenir cette pension sans laquelle elle n'avait plus de quoi vivre. Dans sa séance du 16 janvier, le Conseil lui vota six mois, soit soixante livres, sans décider pour l'avenir (1).
En 1794, une bande avinée de membres de la Compagnie Marat envahit sa demeure en la traitant d'aristocrate et de mauvaise patriote. La noble femme, sans s'émouvoir de leurs menaces, leur montra le tableau de la Surveillante luttant contre le Québec, que lui avait donné le Roi, et leur dit simplement : «Je suis la veuve du commandant de la Surveillante qui combattit et mourut pour sa patrie ».
Les terroristes honteux et subjugués par son calme se retirèrent en s'excusant (2).
1795. — LE CAPITAINE LEBESQUE.
Au combat de Groix, le 23 juin 1795, entre la flotte de l'amiral Villaret-Joyeuse, composée seulement de douze vaisseaux, et une escadre anglaise de dix-sept vaisseaux, le capitaine nantais Lebesque se distingua par son courage, et, bien que grièvement blessé, refusa de quitter son poste de combat.
Un autre Nantais, d'adoption du moins, le capitaine Moncousu, se fit également remarquer par sa bravoure à cette affaire (3),
1796. — CORSAIRES NANTAIS EN 1796.
Le 9 avril 1796, le brick corsaire la Vengeance, de 220 tx. et 15 can., commandé par « le citoyen Leveilley, lieutenant de vaisseau, capitaine de la rivière de Nantes » entrait en Loire après une campagne de quelques mois, au cours de laquelle il avait amariné quatorze prises. II en repartait le 4 juin, et dans une croisière d'environ un an, s'emparait de treize navires ennemis. Déjà, au début de l'année, il avait amariné vingt prises anglaises en trente-deux jours ; ce qui lui faisait le joli total de quarante-sept captures en dix-huit mois (4).
Un autre corsaire nantais, la Musette, armateur Félix Cossin, cap. Desbrosses, sorti de la Loire en octobre 1796, amarinait peu de jours après le brick charbonnier de 250 tx., l'OCÉAN, puis le JEUNE-JACKSON et la CRÉMONE à quelques jours d'intervalle. Il se laissait ensuite porter sur le trois-mâts de 16 caronades, la BETZY, l'abordait vergue à vergue après une canonnade intense, et les Nantais, sautant sur le pont du trois-mâts, assaillaient son équipage à l'arme blanche et s'en emparaient.
En décembre de la même année, la Musette amarinait deux Anglais ; I'INDUSTRIEUSE et un brick de 200 tx., qui furent vendus 150.000 francs ; elle fut à son tour capturée par une frégate anglaise, et son équipage, Desbrosses en tête, enfermé dans un ponton (5).
Indépendamment de la Musette, l'un de nos plus célèbres corsaires, Félix Cossin armait également en Course : l'Oiseau, cap. Lebreton ; la Constance, cap. Basile Leray ; le Volage, cap. Desagenaux ; la Julie, cap. Gautreau ; le Papillon, toute une flotte d'intrépides corsaires qui causèrent un mal énorme aux Anglais, en même temps qu'ils protégeaient efficacement nos côtes et notre commerce.
LANCEMENT DE LA FRÉGATE LA "LOIRE".
La frégate la Loire, offerte à la République par les habitants de Nantes, au moyen d'une souscription ouverte le 12 avril 1794, à la Société Républicaine, fut mise à l'eau le 23 mars 1796, le jour même de la prise de Charette. On lit en effet dans la Feuille Nantaise de ce jour : « Ce soir, à la pleine mer, sera lancée à l'eau là superbe frégate la Loire, de 36 canons en batterie, donnée à la République par les citoyens de Nantes » (6).
La Loire fut d'abord placée sous le commandement du capitaine nantais Desagenaux, puis en dernier lieu du capitaine Ségond.
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(1) VERGER, Archives curieuses de Nantes, t. V, p.223.
(2) Revue du Bas-Poitou, Année 1907, p. 191.
(3) MELLINET, La Commune et la Milice de Nantes, t. VII, p. 94.
(4) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, La Course et les Corsaires de Nantes, pp. 302-7.
(5) GALLOIS, Les Corsaires Français sous la République ef l'Empire, t. II, pp. 428-9
(6) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJERO, La Course et les Corsaires de Nantes, p. 258.
Feuille Maritime Nantaise, n° du 3 germinal, an IV
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