Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

dimanche, 16 décembre 2007

« Bien égaux » ? Non ! deux biographies

Centenaire René CHAR
(ça va bientôt s'achever !)


J'ai sur ma table depuis jeudi soir la seconde biographie de René CHAR, par Danièle Leclair. La semaine précédente, intrigantes dans le Nouvel Obs, quelques lignes de France Huser : « Enfin la biographie que méritait Char ! Elle retrouve la vérité, même la plus diffcile à dire. »
En 2004, Greilsamer, le premier biographe n’avait point un total satisfecit ; le livre était très journalistiquement rédigé, des dialogues recréés comme de faux décors. J’y notai, alors, la “présence” de madame Char : quand on lit Char depuis cinquante ans et qu’on sait les points de vue passés du poète sur la conjugalité, on esquisse un sourire — enfin, j’esquissais un sourire. Bref ! La suite de la vie éditoriale de l'œuvre verra souvent apparaître le nom de Marie-Claude Char, accompagné assez souvent de celui de Paul Veyne, l’homme, latiniste distingué, auteur d’un René Char en ses poèmes, qui ne peut accompagner que maigrement le lecteur.

La nouvelle biographie semble remettre quelques pendules à l’heure ; elle convoque des témoins, des proches. J’ai commencé de lire par larges tranches : ça éclaire "à distance"et je n’ai point trop le sentiment de regarder par le trou de la serrure.
Il y a, par exemple, entre la page 266 et la page 295, un parallèle Camus/Char, À UNE SÉRÉNITÉ CRISPÉE/L'HOMME RÉVOLTÉ, d'une grande force ; le chapitre VII, une fin de vie très sombre, peut atterrer, même le lecteur de Jean Pénard — voir Rencontres avec René Char, chez Corti.
Quand je place les deux livres l’un près de l’autre, trivialement, “il n’ y a pas photo” pour les premières de couverture. Il suffirait de lire titre et sous-titre pour estimer le registre et de l’une et de l’autre. L'austérité de mes goûts m'incline pour l'autre.

48f251ba494631a9f364b7f50e6bdae8.jpg
8bfc7f4ff30ce9b2405b9cfb4e4e6834.jpg



J’ignorais jusqu’à ce jour les éditions Aden ; peut-être que le nom de Robert Bréchon comme directeur de collection (Collection "le Cercle des poètes disparus") m’assure d’une certaine crédibilité ; il est l’auteur d’un Henri Michaux dans Pour une Bibliothèque idéale de Gallimard (1959). Diable d’homme ! quel âge a-t-il ?

Avouerai-je, quand même, que je suis très heureux d'avoir été un lecteur "nu" de René Char, de René-Guy Cadou, d'Henri Michaux, avant que ne paraissent des années plus tard après mes découvertes de jeune lecteur des biographies, qui, certes, peuvent mener sur des chemins d'accès mais tant encombrer l'intangible relation des expériences qui se confrontent silencieusement entre écriture et lecture.

Entre légende et mythologie ? À propos de Bob Dylan, François Bon prononçait ces mots, hier sur France Cul, dans Projection privée.
L'autobiographie dévoile et éclaire, mais cache et crypte, elle exalte et démystifie, elle est hagiographie et appareil critique, elle contemple l'étendue des hauteurs mais, accroupie derrière la porte, elle guette par le trou de la serrure.
Fassent les divinités tutélaires de la Littérature qui n'existent pas, qu'elle ne trouble point la nue modestie du lecteur !
Et ce qui vient d'être écrit sur les ouvrages de monsieur Laurent Greisalmer et madame Danièle Leclair ne sont que le ressenti "d'un lecteur en son jardin"... gelé !
D'un "grapheus tis" qui souhaitait écrire, ce soir, sur le poème Biens égaux et sur l'angle fusant d'une rencontre, d'où est partie cette aventureuse lecture d'un poète, qui ne fut et n'est pas seulement une simple lecture, mais une vie d'homme tout aussi simplement.

Commentaires

La "présence" de Madame Char ! Je comprends,ô combien, votre réticence. Pas plus tard qu'hier, on en parlait, justement avec des personnes qui ont connu René Char. Il apparaît qu'il aurait succomber aux "joies" du mariage par souci qu'après sa mort, son oeuvre soit gérée pour la postérité. Envoyée par Gallimard, alors que Char pensait quitter son éditeur, Marie-Claude Char entreprit d'organiser l'après Char. Il décida ainsi de se marier. Il demanda à son ami de lui trouver une mairie de gauche, où le maire fut résistant, ce fut à Blauvac que le tour fut joué, sans publication de bancs (peut-être est-ce afin qu'"aucune" ne lui fasse regretter son engagement).
Pour cequi est de gérer la postérité, elle tient très bien son rôle...

Écrit par : Caroline | mardi, 18 décembre 2007

Merci, Caroline !
Il est parfois dommage d'en arriver à ces informations, mais il n'est aucune raison que la lectrice, le lecteur soient leurré(e)s par des "légendes".
Mesquinerie des affaires éditoriales !

Écrit par : grapheus tis | mardi, 18 décembre 2007

Les commentaires sont fermés.