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jeudi, 13 décembre 2007

Chronique portuaire LXXII


Période Révolutionnaire


1794.— LANCEMENT DE LA "JACOBINE".
La Feuille Maritime de Nantes, du 9 germinal an II, insérait l'avis suivant ; « Demain Décadi, on doit lancer à l'eau, à la Basse-Indre, la corvette de la République, la Jacobine ».
La Société Populaire de Nantes, sur la motion du citoyen Prieur, avait décidé qu'elle se rendrait en masse au lancement, accompagnée de tous les citoyens et citoyennes qui voudraient assister à ce patriotique spectacle ; et de fait, une foule considérable se rendit à Basse-Indre pour la mise à l'eau de la corvette (1).
Nantes, comme tout le reste de la France, était alors en proie à la famine ; les discordes civiles ayant causé la ruine de l'agriculture et du commerce.

ENTHOUSIASME PROVOQUÉ PAR L'ANNONCE DE L'ARRIVÉE D'UN CONVOI.

Aussi, la nouvelle connue le 11 juin, qu'un convoi de blé venant de l'Amérique du Sud était entré à Brest, causa-t-elle dans la ville un enthousiasme indescriptible ; on « s'embrassait dans les rues ». L'escadre de l'amiral Villaret-Joyeuse, envoyée au devant de ce convoi avait dû livrer un terrible combat à la flotte anglaise qui se disposait à l'enlever. Sur les cent-seize bâtiments de transport et huit prises dont il était composé, trente-trois transports et deux prises étaient destinés à Nantes (2).


MORT DE L'AMIRAL DU CHAFFAULT.

Lors de la reprise de Montaigu par les Républicains en 1793, le vieil amiral Du Chaffault, qui y vivait retiré, avait été arrêté et conduit à Nantes sous l'inculpation d'avoir organisé la défense.
Par respect pour son grand âge et ses blessures glorieuses, il avait été envoyé à Lusançay, dont le régime, si on le comparait à celui des affreuses geôles révolutionnaires, était plutôt celui d'une maison de santé que d'une prison.
Le vieillard fut incapable cependant de supporter les privations de sa captivité. En vain demanda-t-il son élargissement ; en vain écrivit-il au Représentant du Peuple : « J'ai servi ma patrie pendant soixante-quinze ans avec quelque distinction »; sa lettre touchante ne reçut que cette froide et banale réponse : « Vu les mesures qu'ont nécessité contre eux les gens de cette classe, il n'est pas possible ».
Le vieil amiral nantais mourut le 29 juin 1794 à l'âge de quatre-vingt-sept ans ; il était Lieutenant-général des armées navales, Commandeur de Saint-Louis, et avait publié un ouvrage technique très apprécié intitulé : Signaux de jour, de .nuit et de brume pour l'escadre du Roi, par M. Du Chaffault, Chef d'escadre des armées navales.

Du Chaffault avait la réputation d'être l'un des plus habiles manœuvriers de notre histoire maritime, et son portrait, qui orne la grande salle du Borda, est encore montré aux jeunes élèves de notre marine, comme étant peut-être celui de l'homme qui sut le mieux faire évoluer, et penser pour ainsi dire, ce merveilleux assemblage de bois et de fer qu'est un vaisseau (3).
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(1) Feuille Maritime de Nantes, n° du 9 germinal, an II.
(2) L. BRUNSCHWIG, Éphémérides nantaises du Centenaire de la Révolution.
(3) S.DELANICOLLIÈRE-TEIJEIRO, Comte du Chaffault, pp. 65-66.
Revue du. Bas-Poitou, Année 1906, pp. 120-1.
Annales de la Société académique, Année 1861, pp. 221-252

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