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mardi, 11 décembre 2007

« soleils jumeaux »

Centenaire René CHAR


aux amis présents pour la lecture de la Lettera amorosa

L'année du centenaire s'achève. S'espaceront les chroniques, mais ne faiblira point la lecture entreprise, il y a plus de cinquante ans. Une des dernières évocations de la soirée de vendredi dernier aborda l'amitié si forte qui lia Char et Camus. Et la communauté constante de leur pensée.

J'ai retrouvé dans mon dossier "Char" une coupure de presse de juillet 1990, signée A.V. sans doute, André Velter ; l'article, intitulé SOLEILS JUMEAUX, Char-Camus : deux hommes révoltés citait un extrait de la préface de Camus à l'édition allemande des Poésies de Char :

Certaines œuvres méritent qu’on saisisse tous les prétextes pour témoigner même sans nuances, de la gratitude qu’on leur doit...
Dans l’étrange et rigoureuse poésie que Char nous offre, notre nuit elle-même resplendit, nous réapprenons à marcher. ce poète de tous les temps parle exactement pour le nôtre. Il est au cœur de la mêlée, il donne ses formules à notre malheur comme à notre renaissance : « Si nous habitons un éclair, il est le cœur de l’éternel.» La poésie de Char habite justement l’éclair, et non seulement au sens figuré. L’homme et l’artiste qui marchent du même pas, se sont trempés hier dans la lutte contre le totalitarisme hitlérien, aujourd’hui dans la dénonciations des nihilismes contraires et complices qui déchirent notre monde. Du combat commun, Char a accepté le sacrifice, non la jouissance. « Être du bond, ne pas être du festin, son épilogue. » Poète de la révolte et de la liberté, il n’a jamais accepté la complaisance, ni confondu selon son expression, la révolte avec l’humeur. On ne dira jamais assez, et tous les hommes tous les jours nous le confirment, qu’il est deux sortes de révolte dont l’une cache d’abord une aspiration à la servitude, mais dont l’autre revendique désespérément un ordre libre où, selon le mot magnifique de Char, le pain sera guéri. Char sait justement que guérir le pain revient à lui donner sa place, au-dessus de toutes les doctrines, et son goût d’amitié. Ce révolté échappe ainsi au sort de tant de beaux insurgés qui finissent en policiers ou en complices. Il s’élèvera toujours contre ceux qu’il appelle les affûteurs de guillotine. Il ne veut pas du pain des prisons, et juqu’à la fin le pain chez lui aura meilleur goût pour le vagabond que pour le procureur.


Albert Camus, 1959.

Commentaires

un centenaire s'achève
un autre prend la relève ...
"centenaires jumeaux" ?

Écrit par : saint-marc | mercredi, 12 décembre 2007

Oh, non !
Saint-Marc, point d'autre centenaire !
Je ne regrette pas cette quête quasi quotidienne dans les "territoires" de Char...
Mais j'éprouve comme le besoin de m'étendre sur d'autres grèves...
À un autre extrême, par exemple, quand je monte l'escalier de ma modeste "librairie", j'ai un portrait de Blaise Cendrars qui me hèle chaque matin...Et pourtant je n'y suis pas encore à mon fastueux "bourlingueur"...
Il y a Jouve, Pessoa, Reverdy, Lautréamont, Saint-Pol Roux... Sur deux ou trois ce sera assez bref, malgré l'ampleur des bonshommes.

Écrit par : grapheus tis | mercredi, 12 décembre 2007

oulala compagnon,
nulle exigence de ma part !
Fais ton bonhomme de chemin pour ton plaisir et le notre, le temps n'en profitera pas plus pour défiler ses centenaires successifs...

So long §

Écrit par : saint-marc | vendredi, 14 décembre 2007

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