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lundi, 10 décembre 2007

en merci

Centenaire René CHAR


En merci à celles et ceux qui, amicaux et rares, ont répondu à l’invitation de la soirée-lecture de la Lettera amorosa,
un des textes de René CHAR, que je n'ai pas lu, qui me paraît bien résumer nos échanges de l’autre soir :
les thématiques fondamentales
celle de la nature — la “phusis” au sens grec — dans l’approche de la campagne — l'accoudoir de solitude —, du jardin, des végétaux — attentif aux sèves —, de l’intervention humaine — la main infirme de hommes, — jusqu’en sa dimension esthétique — baisant des yeux formes et couleurs

celle de l’amour en tout ses états, dans l’incomplétude et la fusion — hymne raboteux —, l’absence et le retour — chétive volte-face
.

BIENS ÉGAUX


Je suis épris de ce morceau tendre de campagne, de son accoudoir de solitude au bord duquel les orages viennent se dénouer avec docilité, au mât duquel un visage perdu, par instant s'éclaire et me regagne. De si loin que je me souvienne, je me distingue penché sur les végétaux du jardin désordonné de mon père, attentif aux sèves, baisant des yeux formes et couleurs que le vent semi-nocturne irriguait mieux que la main infirme des hommes. Prestige d'un retour qu'aucune fortune n'offusque. Tribunaux de midi, je veille. Moi qui jouis du privilège de sentir tout ensemble accablement et confiance, défection et courage, je n'ai retenu personne sinon l'angle fusant d'une rencontre.

Sur une route de lavande et de vin, nous avons marché côte à côte dans un cadre enfantin de poussière à gosier de ronces, l'un se sachant aimé de l'autre. Ce n'est pas un homme à tête de fable que plus tard tu baisais derrière les brumes de ton lit constant. Te voici nue et entre toutes la meilleure seulement aujourd'hui où tu franchis la sortie d'un hymne raboteux. L'espace pour toujours est-il cet absolu et scintillant congé, chétive volte-face? Mais prédisant cela j'affirme que tu vis; le sillon s'éclaire entre ton bien et mon mal. La chaleur reviendra avec le silence comme je te soulèverai. Inanimée.

Le poème pulvérisé,
Fureur et mystère.


Une lecture à voix haute, simple lecture de lecteur, à hauteur des mots, suffit parfois pour donner l’essor aux poèmes et l’écoute attentive est un miroir qui lance de minces éclats de lumière dans l’obscur des aphorismes et chez celles et ceux qui écoutent et chez celui qui lit.
Sans négliger les jaillissements des images qui agrandissent le sens de notre langue quotidienne.
Sans oublier la pensée “politique” quand Char rejoint son ami Camus dans la tension entre liberté et justice.
Nous aurions pu achever la soirée sur la parole d’Héraclite l’Éphésien :
Le Maître dont l’oracle est à Delphes ne dévoile, ni ne cèle, il donne signes.

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