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mercredi, 17 octobre 2007

où l'on reparle de Tréac'h er Béniguet

Quand j'ai découvert, après mes pérégrinations africaines, les espaces marins proches que nous ignorions, parce que, dans les années cinquante, et même plus tard, les familles ouvrières nantaises ne s'aventuraient guère au-delà des plages entre Pénestin et la Bernerie, Tréac'h er Béniguet, cette grève de l'île de Houat, enserrée dans un chaos de récifs, qui n'était accessible qu'après une bonne heure de marche à travers les landiers déserts, battus par le vent, me fut un de ces lieux très "gracquiens" qui vous arriment, des heures durant, dans la méditation océane.
Un soir de tempête hivernale, dans les années quatre-vingt, j'en ramenai cet écrit, comme le final d'un récit amoureux contemporain.

L’an 2020, le printemps finissant, un enfant qui péchait des ormeaux découvrit sur Tréac'h Er Béniguet les cadavres enlacés d'une femme et d'un homme. La peau ridée et les toisons blanchies dénotaient un grand âge. De haute stature, l'homme, à plat dos, cheveux et barbe longues, tenait, blottie dans ses bras, la femme à demi-couchée sur lui.
Le visage reposant sur l'épaule de l'homme gardait une fascinante beauté sous la neige de la chevelure. Les cuisses étaient si fortement nouées que les corps ne purent être séparés.
La mort que l'on crut par immersion avait laissé sur les visages une telle sérénité que les Iliens vinrent longuement contempler ces gisants apportés par la houle.
Un observateur attentif eût remarqué l'infime incision aux poignets gauches du couple.
En dépit des tentatives réitérées pour les séparer - certains soutinrent que la mort les avait saisis dans leur ultime acte d’amour - ventres et cuisses demeurèrent littéralement soudés. Les corps, déposés sur un bûcher de bois flottés, furent brûlés lors de la nuit du solstice d'été et les cendres dispersées sur l'Océan...
En 3040, un barde qui recherchait le passé dans un ermitage de la Grande Terre ouvrit un mince codex épargné par le cataclysme nucléaire qui ravagea le ponant de ces terre dans les dernières années du troisième millénaire.
II y déchiffra lentement le récit de la mort de Muirgen et de Owârn.

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