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jeudi, 18 octobre 2007

Chronique portuaire LXV

Période Révolutionnaire.



1789. — PROTESTATIONS CONTRE LE PROJET DE SUPPRESSION DE LA TRAITE .

Pour répondre aux bruits qui commençaient à circuler, d'une abolition prochaine de la Traite, les Députés de Nantes, Blin et Baco, protestaient énergiquement contre ce qu'ils appelaient « l'anéantissement du commerce nantais ».
« II est indécent, — écrivait Baco, le 23 novembre, — il est odieux d'alarmer ainsi les esprits ; cette conduite mérite le blâme. Il importe à la prospérité de la France que ce commerce se soutienne et s'étende. »
De son côté, Blin écrivait aux officiers municipaux de Nantes :
« J'ai interrogé beaucoup de personnes dans l'Assemblée sur cette motion. Tous l'ont traitée d'extravagante ; je puis donc vous affirmer que personne n'extravague au point de vouloir mettre sur les grands chemins six millions d'âmes que l'abolition de la Traite en France réduiraient au désespoir » (1).

Notons que les cahiers de Doléances et Remontrances du Commerce Nantais portaient au nombre de leurs vœux celui : « Qu'il plaise également à Sa Majesté d'accorder protection pour les navires négriers pendant le temps de leur Traite à la côte « d'Afrique » (2).


1790. — PROTESTATIONS CONTRE LE PROJET DE SUPPRESSION DE LA TRAITE.

Le 18 février 1790, le sieur Cottin, député de Nantes à l'Assemblée Nationale, répondait ainsi à ceux qui osaient lancer contre lui une accusation « aussi atroce » que celle de faire partie de la Société des Amis des Noirs :
« Quant à l'abolition de la Traite des Noirs, ainsi que leur affranchissement dans les colonies, la philosophie a pu faire germer cette opinion dans l'esprit des philanthropes, les principes d'humanité ont pu égarer leur zèle, mais une opinion particulière à une Société qui se fait gloire de la professer sans en avoir calculé toutes les conséquences, ne saurait être manifestée par un homme qui, honoré de votre confiance, la trahirait en renonçant au vœu que la politique réprouve et qui contrarierait si ouvertement vos intérêts, quand elle ne troublerait pas la tranquillité publique ».

De son côté, le frère de ce député, le sieur Cottin des Sources, protestait dans le Journal de la Correspondance de Nantes, contre cette accusation qui, disait-il, ne pouvait émaner que d'un « libelliste mal intentionné » (3).

Le 13 mai de la même année, cent trente membres de la Chambre de Lecture Le Soleil, de Nantes, se désabonnaient en masse du Patriote Français, coupable de défendre les Noirs, et écrivaient à Brissot de Warville, directeur de ce journal :
« Votre obstination, Monsieur, à faire parade d'une morale pernicieuse, vos principes désastreux pour l'abolition de la Traite des Noirs, sans égard aux malheurs qui en seraient les suites inévitables, nous déterminent à voua déclarer l'abandon que nous vous faisons de la somme souscrite par nous pour votre Patriote Français. Changez ce titre, Monsieur l'Ami des Noirs, qui n'êtes l'ami de personne. Vous l'avez profané par une doctrine impolitique et cruelle faite pour plonger des milliers d'hommes, vos frères, dans la misère et le désespoir.
Gardez votre feuille pour vos amis les Africains, mais dispensez-vous de nous l'envoyer désormais » (4),

Enfin, le journal parisien Les Actes des Apôtres, publiait en 1790 une Adresse du Comité de la Ville de Nantes à l'Assemblée Nationale, dont les signataires s'efforçaient de légitimer la Traite, et suppliaient « l’auguste assemblée » de rejeter « l’extravagante motion » de la liberté des Noirs si un organe corrompu osoit la faire entendre ».
Le journal faisait précéder cet article de la note suivante :
« On a beaucoup parlé d'une adresse aristocratique de la Ville de Nantes à l'Assemblée nationale relativement à la Traite des Noirs » (5).

APOGÉE DU COMMERCE DE NANTES AU XVIIIe SIÈCLE.

C'est en 1790 que le commerce de Nantes au XVIIIe siècle atteignit son maximum. On
comptait alors au port de Nantes :

259 navires long-courriers jaugeant ........... 97.000 tx.
271 navires de grand cabotage jaugeant... 42.221 tx.
725 navires de petit cabotage jaugeant .... 70.927 tx.
et 1.303 barques de sel jaugeant..................... 15.000 tx.

soit un nombre total de 2.558 navires jaugeant ensemble 226,047 tonneaux, chiffre considérable pour l'époque (6).
Pendant la Révolution, ce mouvement maritime diminua considérablement ; et seul le petit cabotage se maintint et même s'accrut légèrement. Les long-courriers et les navires employés au grand cabotage furent presque tous armés en course, et les riches prises qu'ils amenèrent à Nantes dédommagèrent largement les armateurs de la cessation presque absolue du commerce.
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(1) L. BRUNSCHWIG, Ephémérides Nantaises du Centenaire de la Révolution.
VERGER, Archives curieuses de Nantes, t. IV, p. 214.
(2) TREILLE, Le Commerce de Nantes et la Révolution, page 60.
(3) Journal de la Correspondance de Nantes, Année 1790, n° 4, p. 62.
(4) Journal de la Correspondance de Nantes, Année 1790, p, 173.
(5) Les Actes des Apôtres. Version seconde. À Paris, l'an de la République sanctionnée Ier,
n° XXXII, p. 7.
(6) LEBEUF, Du Commerce de Nantes, pp. 214-5-9.

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