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mercredi, 17 mai 2006

comme une vraie belle dictée

On se réveille le matin. Juste avant d'aller marcher dans la Vallée. Désormais, tous les jours quatre à cinq kilomètres de marche un peu vive.
On ouvre Le bonheur fou qui me tient depuis quatre mois au rythme lent de quelques pages, la semaine.
Angélo sort de cent cinquante pages de guerre.
Ça se lit et relit comme une belle dictée d'enfance ; j'aimais bien les dictées. Moins pour le jeu avec les règles et l'orthographe que pour les descriptions qui, souvent, composaient le corpus de ce petit exercice tant redouté par certains. Moi, j'aimais bien et je me prends encore à penser : « Tiens ! Voilà encore une belle et bonne dictée ! »
Rien à voir avec les pitoyables, laides, mal torchées et sadiques dictées à la Pivot.

Angélo prit la route de Suisse. Des nuages gonflés de lumière voyageaient aussi. Le printemps était dans sa fleur. Les trembles brasillaient comme des miroirs à alouettes. L'argent des feuilles était si lisse qu'il reflétait le bleu du ciel. À la place des montagnes encore couvertes de brumes, ces reflets portés par d'innombrables rangées d'arbres installaient un horizon sans limite.
.... Dans les hauteurs, les villages s'enroulaient en coquille de limaçon autour de vieux clochers couronnés de lilas d'Espagne. Sur les premiers ressauts de la plaine, les bourgades étaient au soleil des arcades crépies de pourpre et pavoisées de lessives. Des fermes, toute paille dehors, couvaient des moutons et des charrettes bleues dans de petites bauges de terre rose. Il n'y avait pas de vent, mais les friches, couvertes de bourrache, de coquelicots, de pâquerettes, de centaurées, s'éteignaient quand passait l'ombre des nuages, puis se rallumaient comme des braises sur lesquelles on souffle.


Jean Giono
Le bonheur fou, p. 335
Folio/Gallimard


"... Un horizon sans limite" : on dirait presque une sortie de l'estuaire de la Vilaine, un matin de printemps. J'ai toujours respiré chez Giono des effluves marines. Qu'il ait traduit Moby Dick n'est point anodin !

Commentaires

Moi aussi, j'adorais les dictées d'extraits choisis, leur rythme, la répétition accentuée, les jeux des mots pour s'accorder, les pièges à déjouer... et les images de personnages ou de lieux que ça suscitait quand même. Oh oui ! (En effet, rien à voir avec les machines à performance pivotiques).

Écrit par : Berlol | jeudi, 18 mai 2006

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