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vendredi, 27 janvier 2006

relire le Hussard (2)

« Le Hussard est une histoire qui commence au pas d'un cheval et marche ensuite au galop. » Ce sont les propres paroles de Giono présentant son œuvre radiodiffusée en 1953.
Nous sommes donc fort éloignés de la fébrilité du film de Rappeneau en son commencement, fébrilité qui se prolongera dans le personnage joué par Olivier Martinez. Alors qu’Angélo, c’est alacrité et flegme ; pourrait-on écrire légèreté et force, naïveté et dureté !
Quand il commence sa quête, il chevauche pour l’amitié, pour la révolution - mieux, pour libérer sa terre de l’oppression. Il monte dans l’horreur des collines, des bosquets, des villages ; il philosophera à propos de liberté et de pouvoir ; il parvient au comble de la terreur, de la cruauté dans les ruelles de Manosque.
Il grimpera sur les toits. Cinquante page durant, il observera l’ignoble d’une société apeurée, abandonnée à la répulsion ; il voisinera avec la beauté de la mort "dans l'explosion d'une puanteur sucrée".
Il parviendra à l’apogée de son errance - paradoxalement en descendant des escaliers, dans une demi-obscurité :

Il se réveilla. Il faisait nuit.
« En route, se dit-il. Maintenant il faut vraiment quelque chose à se mettre sous la dent. » Les profondeurs, vues du petit escalier devant la porte du grenier, étaient terriblement obscures. Angélo enflamma sa mèche d'amadou. Il souffla sur la braise, vit le haut de la rampe dans la lueur rose et il commença à descendre lentement en habituant peu à peu ses pieds au rythme des marches.
Il arriva sur un autre palier. Cela semblait être celui d'un troisième étage, à en juger par l'écho de la cage d'escalier où le moindre glissement avait son ombre. Il souffla sur sa braise. Comme il le supposait l'espace autour de lui était très vaste. Ici, trois portes mais fermées toutes les trois. Trop tard pour forcer les serrures. Il verrait demain. Il fallait descendre plus bas. Ses pieds reconnurent des marches de marbre.
Deuxième étage : trois portes également fermées; mais c'étaient incontestablement des portes de chambres :les panneaux étaient historiés de rondes bosses et de motifs
de sculpture à carquois et à rubans. Ces gens étaient sûrement partis. Les carquois et les rubans n'étaient pas les attributs de gens qui laissent leurs cadavres s'empiler
dans des tombereaux. Il y avait même de grandes chances pour qu'ils aient ratissé ou plutôt fait ratisser la cuisine jusque dans les plus petits recoins des placards. Il fallait-
lait voir plus bas. Peut-être même jusque dans la cave.
A partir d'ici il y avait un tapis dans l'escalier. Quelque chose passa entre les jambes d' Angélo. Ce devait être le chat. Il y avait vingt-trois marches entre le grenier et le troisième; vingt-trois entre le troisième et le second. Angélo était sur la vingt et unième marche, entre le second et le premier quand, en face de lui, une brusque raie d'or encadra une porte qui s'ouvrit.
medium_horsemandonal17.jpg

C'était une très jeune femme.
Elle tenait un chandelier à trois branches à la hauteur d'un petit visage en fer de lance encadré de lourds cheveux bruns.
« Je suis un gentilhomme », dit bêtement Angélo.
Il y eut un tout petit instant de silence et elle dit :
« Je crois que c'est exactement ce qu'il fallait dire. »
Elle tremblait si peu que les trois flammes de son chandelier étaient raides comme des pointes de fourche.
« C'est vrai, dit Angélo.
- Le plus curieux est qu'en effet cela semble vrai, dit-elle.


Il se tient près de la beauté, et l'amour naît.
Il sera toujours temps de reprendre le chemin de l'amitié et de la révolution !

Post-scriptum : ces quelques lignes ont été lues et écrites dans l'allégresse des Folles Journées de Nantes : Purcell, Vivaldi, Bach, Haendel, Soler, Couperin et Rameau rassemblés en l'Harmonie des Nations !

Commentaires

de l'allégresse , j'aime !

Écrit par : adrienne | vendredi, 27 janvier 2006

Vous voilà en terres heureuses. Prévenez-moi quand vous retrouverez le conseil de sa mère, "promène-toi comme un jasmin au milieu de tous", qui est devenu ma devise...
Bonne continuation !

Écrit par : Berlol | samedi, 28 janvier 2006

Après avoir suivi Angélo quittant Pauline, embauché comme servant d'une vieille nonne, et tombant enfin dans les bras de Giuseppe, j'ai "en mains" la longue et très "mozartienne quant à la truCULence" (!) lettre de la maman.
je me sens un peu comme le marin qu'Angélo avait envoyé à cette chère mère !

Écrit par : grapheus tis | samedi, 28 janvier 2006

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