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mercredi, 25 janvier 2006

Relire le Hussard sur le toit (1)

L'aube surprit Angélo béat et muet mais réveillé. La hauteur de la colline l'avait préservé du peu de rosée qui tombe dans ces pays en été. Il bouchonna son cheval avec une poignée de bruyère et roula son portemanteau.
Les oiseaux s'éveillaient dans le vallon où il descendit.
Il ne faisait pas frais même dans les profondeurs encore couvertes des ténèbres de la nuit. Le ciel était entièrement éclairé d'élancements de lumière grise. Enfin, le soleil rouge, tout écrasé dans de longues herbes de nuages sombres émergea des forêts. .
Malgré la chaleur déjà étouffante, Angélo avait très soif de quelque chose de chaud. Comme il débouchait, dans la vallée intermédiaire qui séparait les collines où il avait passé la nuit d'un massif plus haut et plus sauvage, étendu à deux ou trois lieues devant lui et sur lequel les premiers rayons du soleil faisaient luire le bronze de hautes chênaies, il vit une petite métairie au bord de la route et, dans le pré, une femme en jupon rouge qui ramassait le linge qu'elle avait étendu au serein.
Il s'approcha. Elle avait les épaules et les bras nus...


Mais pourquoi donc Rappeneau inaugure-t-il le film par une "jamesbonderie" oscillant entre un "de cape et d'épée" et un "espionnage et services secrets" ?

Ce sobre prélude qui nomme le héros, le paysage et la lumière ne suffit-il point à l'ouverture de l'immense opéra d'horreur et de beauté ?

Il est difficile de ne pas évoquer aussi un autre prélude pour une tragédie tout aussi violente et sombre ; il y a cinquante ans, c'eût été sacrilège d'oser tel rapprochement.
Pourtant :

À première vue, Oran est, en effet, une ville ordinaire et rien de plus qu'une préfecture française de la côte algérienne.
La cité elle-même, on doit l'avouer, est laide. D'aspect tranquille, il faut quelque temps pour apercevoir, ce qui la rend différente de tant d'autres villes commerçantes, sous toutes les latitudes. Comment faire imaginer par exemple, une ville sans pigeons, sans arbres et sans jardins, où l'on ne rencontre ni battements d'ailes, ni froissements de feuilles, un lieu neutre pour tout dire ? Le changement des saisons ne s'y lit que dans le ciel. Le printemps s'annonce seulement par la qualité de l'air ou par les corbeilles de fleurs que de petits vendeurs ramènent des banlieues ; c'est un printemps qu'on vend sur les marchés. Pendant l'été, le soleil incendie les maisons trop sèches et couvre les murs d'une cendre grise; on ne peut plus vivre alors que dans l’ombre des volets clos. En automne, c’est, au contraire, un déluge de boue. Les beaux jours viennent seulement en hiver.


En 1947, Camus écrit la Peste.
En 1951, reprenant une ébauche écrite entre 1945 et 1947 - Giono avoue une première rédaction en 1934 - il publie le Hussard sur le toit.
Peste et choléra.
Les camps d'extermination nazis et le "goulag" stalinien ?

De part et d'autre d'une mer aux lumières blanches et sèches quand midi est à l'heure de la mort, dans l'immédiate après-guerre, deux hommes explorent les arcanes de la violence, du désespoir.
Y aura-t-il quelques rais de bonheur ?

Commentaires

j'adore et je reviens

Écrit par : adrienne | mercredi, 25 janvier 2006

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