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mercredi, 27 juillet 2005

Aux rives de Galice

Blogue délaissé ! Les lectrices et lecteurs, point oubliés. Donc quelque sentiment de culpabilité !

Mais il y a de moins en moins de disponibilité - incompatibilité ? - entre pratique de l’art d’être grand-père, pratique de la voile, navigation point si paisible que cela entre les estuaires galiciens et fréquentation des écrits de la Toile.

Après la longue escale de Gijon où j’avais donc accueilli Nicléane, Noémie et Célia, il y eut Ribadéo - la rive du rio Éo - qui est frontière entre Asturies et Galice.
Depuis huit jours, nous sommes dans la ria de Viveiro, une des très belles Rias Altas. Celles d’avant ce "Cabo Finster" qui, cet an, n’en finit point d’offrir grand frais sur grand frais, aux plaisanciers qui espèrent les Rias Bayas - celles du sud de la Coruña - et le Portugal.

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Une chaleureuse rencontre avec "Lucie-Maria", goélette menée par Yv et Na : lui, après avoir navigué au commerce, fut pilote du port de La Rochelle. Et ce me fut grand plaisir de les voir hisser les voiles, quittant la rade de Gijon. Depuis nous échangeons nos découvertes de randonnées et quelques “pots”.
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L’équipage actuel n’ira sans doute pas plus vers l’ouest attendant dans le paisible port de Viveiro, la venue de Pat, puis de Xav pour le retour en Bretagne-sud.

Tâches de grand'paternité obligeant, les lectures sont donc d'aube : ardues avec "La parole muette" de Jacques Rancière et le "Tombeau de Du Bellay" de Michel Deguy, plus coulantes avec "Les écrivains voyageurs au XXe siècle" de Gérard Cogez et les "Lettres de Chine" de Victor Segalen. Je peine sur le Saint-John Perse de Bosquet et Cogez me donne envie furieuse d'en venir au "Victor Segalen" de chez Seghers. À l'automne, je plonge à nouveau dans les œuvres complètes, publiées dans la collection Bouquins.
J'aimerais bien être de retour à la mi-août . Me sera-t-il possible de suivre sur la Toile, le Colloque de Cerisy sur l’Internet et la littérature qu'organise Berlol ?

Baignades, longues promenades !
Hier à Celeiro, l’actif port de pêche de la ria, une fête de la mer dont la procession nocturne dans les ruelles qui descendent au port évoquent nos Fêtes-Dieu de naguère avec les tapis de fleurs et de sel coloré, mais dont l’accompagnement musical de la “Banda Naval do Casino de Viveiro” nous renvoie aux cuivres aigus et “comme” faux des petites trompettes de “Semana Santa”.
Et la “Virgen” chaloupe sur les épaules des pêcheurs !
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Lisant Segalen, quel nouveau pas franchir - Cendrars, sans nul doute, son contemporain ; et Michaux encore ! Nicolas Bouvier, peut-être, dans nos ans? :

« L'imprévu complet n'existe plus en exotisme depuis le "perfectionnement" des voyages, et surtout des récits de voyage. »

Que dire des récits de mer ? Après Slocum et Gerbaud, même Moitessier s'exténue à faire sens !
Et qu'écrire donc de ce qui n'est que l'humble traversée d'un Golfe, aussi redouté et inconfortable soit-il ?

Je vous envoie le goût charnu et cerisé d'un "tempranillo", ce cépage qui fait le plaisir des vins d'Alicante et de Valdapeñas.
C'est moins que rien, mais tout autant !

mercredi, 06 juillet 2005

Toujours au quai

Les Asturies sont plus bretonnes que la Bretagne !
Nicléane, Noémie et Célia sont à bord : l'une dessine, photographie ; les autres ont déjà des copines de ponton.
Ce matin, un voisin du Québec qui vient de ...Arzal, aprés les îles de la Madeleine, Terre-Neuve, Saint-Pierre-et-Miquelon et donc la Bretagne-Sud. Il nous a donné le bonjour de l'éclusier.
Le plus dur pour lui après tous ces jours de mer : ces trois nuits pour traverser le Golfe !
Décidémment, Biscaye serait-il un monstre ?

Les grandes strophes de Saint-John Perse se réassimillent lentement sous les pluies asturiennes.
Vendredi, nous larguons pour croiser dans les belles et vertes rias Galiciennes:

dimanche, 03 juillet 2005

Encore à quai

Soleil et vent d’est en force revenus.
J’aime marcher au matin dans la fraîcheur des rues encore désertes. Il n’y a que les “jubilatos” qui déjà sont assis sur les bancs de la promenade du port. À l’instar des vieux pêcheurs bretons, calés contre les digues et qui ruminent dès le lever du soleil leurs départs de jadis.
Je ne sais l’origine espagnole du terme “jubilatos”, sans doute du mot “jubilé” comme en français ; mais à l’oreille, il m’évoque tellement la jubilation que je le fais volontiers mien pour affirmer mon statut social depuis bientôt dix ans.

Hier, j’étais très heureux d’avoir des commentaires de Ch, de F. Bon, d’Em et de Pi.
Je ne suis jamais écarté du quai pour “larguer”, quitter, oublier, partir sans idée de retour - en ceci, suis-je certainement un piètre voyageur ? Naguère, ni téléphone portable, ni Toile, ni cybercentre ! Des lettres au cheminement aléatoire qui parvenaient au hasard des escales. Et combien sont arrivées alors que déjà nous étions en mer pour d’autres rivages, nos envois parvenant à leurs destinataires, après notre retour.

Je n’ai nulle nostalgie de ces temps qui séparaient .
J’aime être relié.

C’est ce bonheur que j’ai ressenti en lisant, sur l’écran d’hier, les “voyageurs immobiles”, mon ami, le joueur de flûte à la “veuze” percée, la buveuse de jus de pomme et ses mangeuses de brioche, lectrices de “Bouguenais bouquine”. Les nostalgiques des temps anciens n’ont qu’à jeter à la mer téléphones, Gps et ordinateurs à la mer -pollueurs ! - Pourquoi les ont-ils alors embarqués ?

Ces odeurs, ces visages, ces parlers, ces vents, ces paysages, la paix ombreuse de ces chapelles, les soirs qui s’allongent tard dans les nuits bruyantes de jeunesse, ce goût du cidre asturien, un peu “qeu” - les gallos comprendront -, l’âpreté du poulpe à la galicienne, la saveur sucrée de la “bacalao” à l’asturienne, moi qui suis l’étranger, je puis les donner en échange aux miens qui me tiennent dans le lien à ma terre, à mon “jardin”.
Il y a si peu désormais à découvrir, il y a tant à partager. Je ne pense point que l’immédiateté, l’instantanéité abrègent fondamentalement la distance.
Il nous faut encore parcourir, franchir !

Et même quand on revient sur d’anciens sillages, il y a toujours nouveaux regards.

medium_traitemed.jpg Cette Andalousie des années 2001/2002 qui me rattrape à Gijon : une exposition sur “la science dans le monde Andalou” - la Ciencia en el mundo Andalusi - et voici Séville, Cordoue, Grenade, et voilà Abul Kacim, Ibn Rushd, Maïmonide, Ibn Khaldoun, à travers la reconstitution d’un observatoire astronomique, d’un laboratoire alchimique, d’un jardin botanique jusqu’à la présentation de quelques rares manuscrits des X° et XI° siècles dans un coin de bibliothèque d’Al-Andalus. medium_astrolabe.jpg


Cette statuaire totalement surréelle qui me fascine tant et que jamais je n’avais remarquée aux Asturies avant la pérégrination andalouse - voici le double visage de la Vierge, noire et blanche, medium_materbianca.jpg medium_materdolor.jpgjeune mère et mater dolorosa dans la chapelle qui, à la pointe Atalaya, domine le phare de Luarca.
Luarca, ce petit port qui suit les sinuosités de son rio Negro et où les vieux mineurs n’oublient point leur viscéral esprit de résistance et leur anti-franquisme en se saluant du poing levé. Ceux-là, je puis dire qu’ils m’auront marqué !