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lundi, 22 août 2016

rappeler SA VOIX


Poursuivre une fois encore l'aventure
Le tiers livre de François Bon
back to basics, 7
aller chercher la voix des vivants

 

rappeler sa voix

le heurt sourd des pilons dans les mortiers du soir  tout autour l'écoulement d'une langue encore ignorée
l'impossible de SA VOIX
quand donc a-t-elle lancé le chant que reprend criarde et piétinante la ronde des filles
convoquer l'alentour des sons des bruits des cris qui l'encerclent dans les nuits le hurlement enfantin de "l'ahua" qui plane dans la canopée poussiéreuse de la saison sèche
l'impossible de sa voix
craquement énorme d'un fromager rongé par les termites dans l'au-delà des collines le froissement soyeux de ses pieds nus sur le sol de la véranda quand elle le surprend pour leur première nuit
le foudroiement de la tornade nocturne l'interminable mitraille des pluies sur les palmes de l'apatam
la longue plainte aigue et lente des veuves maculées seins nus crânes rasés de kaolin au chevet du lit de terre où repose le cadavre de la mère
comment donc parla-t-elle le même sang sous leurs peaux noire et blanche
l'impossible même de son murmure à l'infime extrême
du silence
de l'absence
rappeler sa voix
ma surdité parfois jusqu'à l'insoutenable de toutes ces années
mais
mais rappeler SA VOIX et ne savoir l'entendre

 

Ainsi suis-je comme l'ensommeillé, cet Homo Algus de Sophie Prestigiacomo dans le marais de Séné.

Homo Algus.jpg

Je n'entends SA VOIX que dans le rêve






 

dimanche, 07 août 2016

autoportrait matinal

Pour tenter l'aventure :

Le tiers livre de François BON
back to basic 6
le faux autoportrait comme vraie fiction

un détournement du fabuleux Autoportrait d’Edouard Levé

 

 

Quatre heures trente du matin, il achève ainsi souvent ses nuits : il effleure la chevelure de sa compagne de lit, il sort dehors avant l'aube, il lève les yeux, il cherche, l'été au zénith de son ciel, la Croix du Cygne, Altaïr dans l'Aigle, Vega dans la Lyre, l'hiver, dans l'ouest-suroît, Orion et son Baudrier, il a grande nostalgie de l'immense Scorpion sous l'équateur du Pacifique Sud.
Il se recouche rarement. Le jour levé, en toute saison il parcourt pieds nus le jardin. Il salue, par dessus la haie, son voisin l'ouvrier partant au chantier.
Il fait infuser son thé, un thé vert japonais à la saveur fine, il boit à longues goulées lentement. Il s'accoude à son bar entre cuisine et salle de séjour, il lit, debout, une, deux ou trois pages d'un des trois ou quatre bouquins en cours. Il consulte, sur sa tablette, ses courriels, l'annuaire des marées et la météo marine de Penmarc'h à l'anse de l'Aiguillon.
Puis, quoique Breton, à la manière des Bas-Poitevins, il "va".

La journée est suspendue à l'incertain du lendemain.