mardi, 28 avril 2015
« ...n'étant de nul accrédités...»
Ce soir-là, je l'ai croisé dans l'ouvert de l'estuaire de Vilaine. Il allait toutes voiles offertes, vent arrière, cap sur la nuit.
©Nicléane
Dac'hlmat achevait sa première navigation de printemps. Nous rentrions à terre. J'étais paisible, mais las. Je l'enviais, ce partant. Mais,
De nul office n'avons-nous charge, n'étant de nul
accrédités — ni princes ni légats d'Empire,
à bout de péninsules, pour assister en mer l'Astre royal
à son coucher ; mais seuls et libres, sans caution ni gage,
et n'ayant part au témoignage... Une trirème d'or navigue,
chaque soir, vers cette fosse de splendeur où l'on verse à l'oubli
tout le bris de l'histoire et la vaisselle peinte des âges morts.
Les dieux vont nus à leur ouvrage.
La mer aux torches innombrables lève pour nous splendeur nouvelle,
comme de l'écaillé de poisson noir.
Saint-John Perse
Strophe, IX
Étroits sont les vaisseaux, VI
18:57 Publié dans les marines, "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (0)
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