dimanche, 19 avril 2015
un Homme des livres : François Maspéro II
« Chaque ménagère doit apprendre à diriger l'État »
Lénine
C'est l'exergue que place Fadéla M'rabet en tête de son dernier chapitre la femme algérienne. C'est mon deuxième bouquin de "chez Maspéro".
Avril 1965. Le ciel s'obscurcit déjà. Les résolutions du Congrès de Tripoli (juin 1962) sur l'avenir des femmes algériennes demeurent dans l'ombre.L'auteure journaliste et animatrice d'un magazine féminin à Radio Alger s'appuie sur les témoignages qu'elle recueille, dresse un tableau de la situation des femmes en 1965, affirme leurs souhaits, décrit les perspectives qu'il faudrait, enfin, envisager.
Sans complaisance, sans acrimonie, avec lucidité :« L'Algérienne est à inventer. »
Rabéa s'en est allée par delà les horizons de la Terre. Nous avions quitté le climat trop dur de Biskra pour la douceur marine d'Annaba. Je suis atrocement seul dans mes nuits algériennes.
Mais les jours sont habités par la douceur et l'amitié tendre de quelques-unes. Avec Zohra, Mériem, Nadja, nous relançons la bibliothèque de l'ancienne Maison des Jeunes et de la Culture saccagée en 61 par l'OAS ; c'était la seule d'Annaba avant l'implantation du Centre culturel français. À l'aide du Cours élémentaire de formation professionnelle édité par l'Association des Bibliothécaires Français, nous nous autoformons.
C'est le compagnonnage de ces jeunes femmes qui va enrichir l'inclination féministe que les longues et amoureuses confrontations nocturnes avaient fait sourdre dans la touffeur des nuits éburnéennes, puis dans la séche aridité des Aurès.
Le Harem et les cousins doit être en cours d'écriture et le Deuxième Sexe encore d'une lecture inconcevable.
Le 13 mai 1968 — quelle date et quelle année ! — l'Algérie est quittée et dans le tohu bohu fécond des années post-soixante-huitardes, Maspéro va beaucoup éditer.
En 1970, paraît le numéro 54-55 de PARTISANS, Libération des Femmes annnée zéro. Extrait de l'introduction à la première édition :
Nous avons pris conscience qu'à l'exemple de tous les groupes opprimés, c'était à nous de prendre en charge notre propre libération. En effet, si désintéressés soient-ils, les hommes ne sont pas directement concernés et retirent objectivement des avantages de leur situation d'oppresseurs. Seule l'opprimée peut analyser et théoriser son oppression et par conséquent choisir les moyens de la lutte.
La lecure de ce gant de crin est rude.
Mais s'affirme un ancrage — est-il achevé, quarante-cinq ans plus tard ? — dans certains comportements féminisés.
Le lecteur est déjà engagé aux côtés des Femmes, dans le Planning Familial où militent — quels que soient les avantages de leur situation d'oppresseurs (!) — un nombre certain de "mecs".
Deuxième merci à l'Éditeur.
19:55 Publié dans les lectures | Lien permanent | Commentaires (0)
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