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vendredi, 26 juillet 2013

un sonnet "allongé"

Samain, oublié ? Pas si sûr. Ce poète du Nord, classé chez les Symbolistes, puis rapporté aux Parnassiens pour finir chez les "Décadentistes", a commis dans ses premiers ouvrages — Le jardin de l'Infante, Au flanc du vase — du suranné, quelques mièvreries, des vers trop suaves. Il reconnaissait lui-même l'esthétisme et l'artificiel de « ces fleurs suspectes, miroirs ténébreux, vices rares ».

Il m'apporta bien des plaisirs dans les soirées songeuses de mon adolescence qui faisait de foin de ces critiques sorties des manuels de littérature.

Avec le Chariot d'or, il s'assagit, se simplifie, s'enracine dans sa terre natale. Il pratique le Sonnet ; à certains d'entre eux, il ajoute aux huit vers des quatrains, aux six vers des tercets, un quinzième vers. Avec le sonnet qui suit, et ce sera l'unique fois, il prolonge par un troisième tercet.

Il a abandonné l'ampoulé, le trop joli, il s'achemine dans la gravité des émotions et la sincérité des scènes familières, mais toujours avec un sens aigu de la mélodie de la langue.

Mort trop jeune, il avait quarante-deux ans.
Albert Samain ? Ne pas l'oublier, le relire.

 


 MON ENFANCE CAPTIVE


Mon enfance captive a vécu dans les pierres,
Dans la ville où sans fin, vomissant le charbon,
L'usine en feu dévore un peuple moribond :
Et pour voir des jardins je fermais les paupières...

J'ai grandi, j'ai rêvé d'Orient, de lumières,
De rivages, de fleurs où l'air tiède sent bon,
De cités aux noms d'or, et, seigneur vagabond,
De pavés florentins où traîner des rapières.

Puis je pris en dégoût le carton du décor,
Et maintenant, j'entends en moi l'âme du Nord
Qui chante, et chaque jour j'aime d'un cœur plus fort

Ton air de sainte femme, ô ma terre de Flandre,
Ton peuple grave et droit, ennemi de l'esclandre",
Ta douceur de misère où le cœur se sent prendre,

Tes marais, tes prés verts où rouissent les lins,
Tes bateaux, ton ciel gris où tournent les moulins,
Et cette veuve en noir avec ses orphelins...

Albert Samain
Le Chariot d'or.
Édition du Mercure de France.

Commentaires

Samain?
Du fond des souvenirs surgit "La maison du matin", poème, ancré dans ma mémoire dès les bancs de la Vème, et jamais oublié :
" La maison du matin rit au bord de la mer,
la maison blanche au toit de tuiles rose clair.
Derrière un pale écran de frêle mousseline
le soleil luit, voilé comme une perle fine;
Et, du haut des rochers redoutés du marin,
tout l'espace frisonne au vent frais du matin.
Lyda, debout au seuil que la vigne décore
Un enfant sur ses bras, sourit, grave, à l'aurore,
et laisse, en regardant au large, le vent fou
dénouer ses cheveux mal fixé&s sur son cou.
Par l'escalier du ciel l'enfantine journée
descend, légère et blanche, et de fleurs couronnée,
et, pour mieux l'accueillir, la mer au sein changeant
scintille à l'horizon, toute vive d'argent...
Mais déjà les enfant s'échappent; vers la plage
ils courent, mi-vêtus, chercher le coquillage.
en vain Lyda les gronde: enivrés du ciel clair,
leur rire de cristal s'éparpille dans l'air...
La maison du matin rit au bord de la mer."

Ces vers, très souvent, me trottent das la tête et "Grapheus" vient de les faire resurgir!
Suppose Dalch Mad à quai? Escale agréable mais trop courte!
Effectuons va et viens aux Iles!
Merci de ce retour au passé!

Écrit par : hemon | samedi, 27 juillet 2013

Voilà l'utile des commentaires.
Faire resurgir le lointain du passé et raviver les récentes heures.
Nous revivrons, l'Ami, et le lointain et le récent.

Écrit par : grapheus | dimanche, 28 juillet 2013

Les commentaires sont fermés.