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vendredi, 04 décembre 2009

lire "une" guerre d'Algérie

La peur au ventre. Mais elle est où, la peur au ventre ?
Pas sur les photos.

Aucune d'elles ne parle de ça.
C'est quoi alors, seulement, ce qui reste ?
Moi, je me disais, je suis là, j'ai soixante-deux ans et
dans ce salon, là, à presque quatre heures du matin, je
regarde des photos et mes yeux, les larmes, la gorge
nouée, je me retiens pour ne pas tomber, comme si les
sourires et la jeunesse des gars sur les photos c'était
comme des coups de poignard, va savoir, qui on a été,
ce qu'on a fait, on ne sait pas, moi, je ne sais plus.

Laurent Mauvignier

Des hommes, pp. 259-260

 

Trop de pages à feuilleter sur la table. Dix, quinze bouquins à lire, à relire, à annoter, et ce brûlot rapporté hier, Livres en feu, avec sur sa couverture comme un incunable passé au napalm.

Puis, vers 15 heures, dans le peu de lumière que le ruissellement interminable de la pluie nous consent, cet autre, emprunté à JC comme une urgence, retardée. À la nuit tombée, je scanne les quelques lignes qui ouvrent cette note.

 

C'est cette guerre et ce n'est pas cette guerre. C'est sans doute porté à son extrême le soliloque taiseux de milliers de "gus" : tout y est et c'est peut-être trop.

Est-ce encore assez ? Sans doute un texte fort par son écriture parmi les 500 titres et plus— fiction, histoire, journal, mémoire, correspondance, pamphlet, tous genres confondus — qui relatent chacun, "leur" guerre d'Algérie.

 

Mais que peut écrire, face à un qui fait profession d'écrivain, un témoin obscur qui tenta de maintenir la parole ?

 


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