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lundi, 31 août 2009

à chacun sa rentrée littéraire

Il y en aurait 659 ! Je ne sais si j'en lirai un.

Toujours ce fichu plaisir d'être dans les contres. Et dans ce qui serait plutôt à côté des romans.

Je suis allé chercher sur la sixième étagère un bouquin de Francis Jeanson qui s'en est allé ce premier d'août.

 

Je n'aimais guère son penchant sartrien et ses agissements de "porteur de valises" avaient choqué mon immaturité citoyenne ; je lui en avais voulu d'éreinter Camus.

Mais il avait animé la collection Écrivains de toujours, en avait commis le n°3, le Montaigne par lui-même. Ça suffisait déjà à me rabibocher avec sa pensée.

Et puis sur la sixième étagère, il y avait ce livre de lui, avec cet ex-libris, « Annaba, le 26 avril 1965 » : "Lettre aux femmes"

 

"Femmes, je vous aime ! Vous qui êtes mes sœurs, mes amies, mes amours, vous aussi que je croise un instant et ne reverrai plus, vous toutes qui rendez belle la vie, qui êtes la vie, si je m'adresse à vous c'est par bonheur. Par tout ce bonheur qui me vient de vous, et que jamais je ne parviendrai à vous rendre..."

 

C'est le versant mâle d'une correspondance avec une femme. J'étais, après la mort de l'aimée, dans une solitude écorchée vive, dans un tohu bohu affectif qui n'a peut-être bien jamais cessé.

Mais Jeanson était déjà de ces philosophes qui jamais ne séparent écriture littéraire et penser philosophe. Avec Montaigne, Sartre et... Camus, il était à bonne école. Non ?

 

Je ne sais s'il m'a aidé à sortir du tohu bohu. Sans doute non.

Mais il m'a mis en chemin et le tohu bohu m'a rassuré.

"Lettre aux femmes" est bien certainement l'un des "mes" meilleurs "romans" de la rentrée 2009.

 

Je vous regarde mon amie. De mes deux mains ouvertes, j'entoure votre visage et le contemple longuement. Vos pensées m'échappent, sous vos paupières closes, mais non point cette larme en suspens qui vient de se former entre vos cils. Je voudrais que vous n'ayez plus mal. Je voudrais que vous soyez heureuse. Je voudrais qu'à travers toutes mes maladresses et tant de mots que j'aligne, les uns insignifiants les autres superflus, quelque chose vous parvienne de cette vive tendresse avec laquelle je pense à vous et qu'aucun naufrage, en tout cas, ne saurait menacer.

Demain, je vous écrirai mieux. Ce soir, j'aimerais vous bercer.


 

 

lundi, 24 août 2009

reprise

« Aujourd'hui, je traverse la mer »,  a-t-il écrit.

« Hier, j'allais en mer. Demain, j'irai en mer. », écrirais-je !

Je ne traverse point, c'est dire que je ne vais nulle part. Il y eut, cet été, de tels moments vers nul lieu. Et j'y étais bien !

été109.JPG

 

Dure, cete reprise. Quasi comme pour une rentrée. Pour rompre le silence du blogue, j'ai dû aller quêter chez les amis. M'y ont bien aider le tiers livre et les "cornettes et sonneries" d'un certain C.C.

 

Tout en décousu, comme furent les navigations hebdomadaires toutes en points de suspension, furent ainsi les lectures, espacées par ces longues longues rêveries sur mer calme et  brises si ténues.

Beaucoup d'ennui avec Notre besoin de Rimbaud de Bonnefoy : je peine à donner une suite à ma note du 9 juillet.

Un bel et sourd étonnement avec L'archéologue de Philippe Beaussant. Sourd comme une source : 145 pages au bord de la mort qui s'avance entre désert et jungle. « Le sens de la vie, la musique, le voyage, l'enracinement, la mort. » me disait le feuillet glissé entre les pages par celle qui m'a offert ce bouquin comme un troc contre Deuil de Barthes. Dès les premières pages :

 

Je comptais les secondes avec mon sang.

 

Et puis au hasard des bouquineries qui deviennent une coutume estivale sur les quais des ports bretons, le retour d'un passé qui me reste en travers de la gorge depuis plus de quarante ans : La Fronde des généraux* de Jacques Fauvet et Jean Planchais ; c'est écrit "à chaud" six mois à peine après ces deux jours d'avril 61 qui ébranlèrent la république. Cest un travail propre de journalistes ; ce n'est pas encore de l'histoire. Ça peine à le devenir, d'ailleurs.

Des généraux, des colonels, un Général, d'autres généraux, quelques capitaines et deux ou trois ministres !  Et, cités comme pour mémoire, ceux qu'on appelait alors les "Appelés" ! Et on ne parle de "nous" qu'à travers les transistors. Pourtant, nous n'avons pas attendu d'ordre. De quiconque !

J'en écrirai de ce temps-là.

 

C'est la première fois que le jardin ne souffre point des absences du vieux marin. Les Noires de Crimée, les Cœurs de bœuf et autres Cornus des Andes mûrissent avec lenteur. Cest décidé, je m'inscris à l'Atelier du goût que propose Le Lieu Unique en octobre sur les variétés anciennes de tomates.

Mieux vaut parler de tomates que de guerre. Bien que...? Sur tomates et guerre, certain président du Conseil en février 56...

 

Décidément, mieux vaut encore aller en mer.

été209.JPG

 

* La Fronde des généraux, Jacques Fauvet & Jean Planchais, Coll. Notre temps, Arthaud, octobre 1961.