Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

vendredi, 06 février 2009

avatars de traduction

peletier.jpg
Je ne mesurerai point mon petit chantier sur l'Odyssée et ses avatars à la réflexion de Borgès, qui, sur les traductions de l'Odyssée, confesse son "ignorance opportune du grec" et se réjouit de leur abondance :
« On peut imputer cette richesse hétérogène et même contradictoire...à la seule longueur de l'original, aux écarts ou à la capacité diverse des traducteurs, mais plus encore à cette circonstance qui doit être particulière à Homère ; la difficulté catégorique de savoir ce qui appartient au poète et ce qui appartient à la langue. C'est à cette heureuse difficulté que nous devons la possiblité de tant de versions, toutes sincères, auhentiques et divergentes. »

Les traductions d'Homère,
en marge de Discussions, La Pléiade, p. 290.

L'Argentin songeait aux traductions surtout anglaises, « car les lettres en Angleterre ont toujours sympathisé avec cette épopée de la mer. » et souligne l'admirable jeu des qualificatifs homériques.
De combien d'épithètes fut affublé Ulysse ?

Parmi les vingt-quatre traductions françaises recensées, j'en ai privilégié une par siècle depuis celle de Pelletier du Mans en 1570, qui fut première en France. Et une femme parmi ces mâles héllénistes, Anne Dacier, née Lefèbvre !

Enseigne moi, Muse, le personnage,
plein d’entreprise et de savoir en son age
Lequel après qu’il eut saccagé
Troye la grand’, a longtemps voyagé,
Et en errant les villes à passées
D’hommes divers, & compris leurs pensées :
Qui a souffert maints travaux périlleux
Dessus la mer, avec soing merveilleux
De rachetter sa vie & de donner
Moyens aux siens de pouvoir retourner

Pelletier du Mans, 1570



Muse raconte moy l’homme fin & rusé
Qui long temps erra, depuis qu’il eut rasé
Le sacré mur de Troye, & d’hommes & de villes
Remarqua les façons farrouches & civiles,
il eut en son esprit en courant sur les mers
Des douleurs en grand nombre & des travaux amers
Pour garder plein de soin & de peyne infinie
Sa vie, & ramener ceux de sa compagnie.

Salomon Certon, 1604




Muse, contez-moi les aventures de cet homme prudent
qui, après avoir ruiné la ville sacrée de Troie, fut errant
plusieurs années en divers pays, visita les villes de différents peuples,
et s'instruisit de leurs coutumes et de leurs mœurs.
Il souffrit des peines infinies sur la mer pendant qu'il travaillait à sauver sa vie
et à procurer à ses compagnons un heureux retour.

Anne Dacier 1716




Dis-moi, Muse, cet homme subtil qui erra si longtemps,
après qu'il eut renversé la citadelle sacrée de Troie.
Et il vit les cités de peuples nombreux, et il connut leur esprit ;
et, dans son cœur, il endura beaucoup de maux, sur la mer,
pour sa propre vie et le retour de ses compagnons.

Leconte de Lisle, 1867




C'est l'Homme aux mille tours, Muse, qu'il faut me dire,
Celui qui tant erra quand, de Troade, il eut pillé la ville sainte,
Celui qui visita les cités de tant d'hommes et connut leur esprit,
Celui qui, sur les mers, passa par tant d'angoisses,
en luttant pour survivre et ramener ses gens.

Victor Bérard, 1924

Secrètement, la seule satisfaisante serait celle de la lectrice ou du lecteur !
Mais je reviendrai, un jour à venir, sur Borgès et Ulysse.

Post-scriptum
: Ulysse.jpg
À propos de cinéma, mais bien sûr ! Existe un méchant film italien en technicolor, oui, avec Silvana Mangano, Rossana Podesta, Kirk Douglas, Anthony Quinn et Daniel Yvernel (!).
Poseïdon d'encore fulminer et Athéna d'en trembler, enfin, de...jalousie !

Commentaires

je ne lis pas le grec (pour cause de guerre avec la professeur de latin de l'année précédente) - un goût très net pour la version de Salomon Certon

Écrit par : brigetoun | vendredi, 13 février 2009

Merci, Brigetoun, d'élire une proposition de traduction.

Il est possible de retrouver la traduction de Salomon Certon en son entier sur : http://iliadeodyssee.texte.free.fr/aatexte/certon/accueilcerton/odysscerton.htm

Écrit par : grapheus tis | dimanche, 15 février 2009

Ajout à mon commentaire précédent adressé à Brigetoun : il faut préciser que seule est disponible la traduction du Livre I.

Écrit par : grapheus tis | dimanche, 15 février 2009

Les commentaires sont fermés.