Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jeudi, 22 novembre 2007

Chronique portuaire de Nantes LXIX

Période Révolutionnaire


1793- 1794. — CHASSE-MARÉE ARMÉ CONTRE LES ROYALISTES.
Le 6 avril, on apprit à Nantes que les Royalistes occupaient la baie de Bourgneuf.
Aussitôt le citoyen Antoine Picory demanda l'autorisation d'armer un chasse-marée pour aller les combattre ; sa proposition fut accueillie avec enthousiasme et plusieurs gardes nationaux se joignirent volontairement à lui pour cette expédition (1).

NAVIRES TRANSFORMÉS EN PRISONS.

Les prisons de Nantes, et mêmes celles improvisées dans les couvents désaffectés ou les entrepôts de marchandises regorgeaient de détenus ; chaque jour inaugurant dans Nantes de nouvelles arrestations, tandis que les Colonnes Infernales y ramenaient après chaque battue dans la campagne de véritables caravanes de malheureux : hommes, femmes et enfants, incarcérés pêle-mêle dans les ignobles geôles du Bouffay ou de l'Entrepôt.

De bonne heure, le Comité Révolutionnaire songea à utiliser les navires ancrés dans le port pour suppléer à l'insuffisance des prisons pourtant si vastes.
Dès 1792, la Municipalité de Nantes avait demandé au Représentant du Peuple, Carrier, l'autorisation de faire transférer dans un ou plusieurs navires une partie des Brigands renfermés à l'Entrepôt : « leur séjour dans ladite maison donnant les plus grandes craintes pour la santé des citoyens par les miasmes putrides dont leur rassemblement empoisonne l'air » (2).
Le 5 juillet 1793, le navire la Thérèse reçut les prêtres vieux et infirmes dispensés de la déportation, et précédemment internés au couvent des Petits Capucins. L'Émilia-Louisia fut peu après affectée au même usage, et reçut les suspects Jusqu'au 13 septembre. La Gloire, l'Intention, la galiote Louise, et un certain nombre de galiotes hollandaises et françaises furent de la même manière transformées en prisons. Dans tous ces navires, les malheureux détenus étaient pressés les uns contre les autres dans d'infects entreponts, privés d'air et de lumière, empestés de miasmes putrides, et vivants et morts gisant pêle-mêle dans le même fumier. La mortalité était par suite effrayante dans ces prisons flottantes, auprès desquelles les pontons anglais, de sinistre réputation pourtant, auraient semblé des palais (3).

Aussi, en novembre 1793, sur le rapport du chirurgien Larue, exposant que les détenus embarqués sur les navires périssaient en grand nombre, dans l'impossibilité où l'on était de les y soigner, le Conseil arrêta qu'on les transférerait dans l'ancienne maison des Écoles Chrétiennes, Mais cet ordre, s'il fut exécuté, ne le fut qu'imparfaitement, car à la date du 22 mars 1794, soixante-seize prêtres détenus dans un navire hollandais en face de la Sécherie, adressaient au Comité Révolutionnaire de Nantes une lettre lamentable dans laquelle ils faisaient le tableau affreux de leur situation, et demandaient leur transfert dans une prison plus spacieuse et plus salubre.
Cette demande, apostillée par le Comité, fut renvoyée le 25 mars à la Mairie, qui y fit droit en ordonnant la translation des détenus dans la maison des Irlandais (4).
___________________________________________________________________

(1) MELLINET, La Commune et la Milice de Nantes, p. 179.
(2) Le Chercheur des Provinces de l'Ouest, Année 1902. Chroniques et Documents, p. 64.
(3) LALLIÉ, Les Prisons de Nantes pendant la Révolution, pp. 60 et suiv.
(4) VERGER, Archives curieuses de Nantes, t, 1, p. 26 ; t, V, p. 398.

Les commentaires sont fermés.