mercredi, 27 décembre 2006
E.E. Cummings, puis balade au bord de Loire
Balade matinale et solitaire, France Cul dans les oreilles, quand Raphaël Enthoven* s'entretient avec Jean-Claude Milner, auteur de Le juif de savoir ; de quoi raboter les dernières aspérités d'une enfance qui ne fut pas vécue dans une ambiance pour le moins philosémite !
Sans doute quelque chemin encore à faire : un peuple "élu" me pose toujours question et l'appeler "les Innomables", hors la trop astucieuse perversité de Raphael Confiant, ne choque point le passionné du sens étymologique. Faut-il se soumettre à tous glissements maléfiques des mots ?
Innomables inommés ?
Mais hier, ce sont les Mardis littéraires qui m'ont ramené à cette semaine de Noël 1971, quand France Culture — mais était-ce déjà France Cul ?— diffusait le 28 décembre un "Who's Cummings ?" dont je possède la bande enregistrée sur le petit Uher 4000 report, mais qui est inatteignable à cause de ce chantier qui dure depuis quatre mois bientôt et condamne l'accès à ma "librairie", poussiéreuse en diable d'ailleurs et dont il me faudra bien une semaine pour la rendre vivable, époussetant étagère après étagère, les livres, les dossiers, les cassettes, les cd et autres dvd.
Lire Cummings, c'était aussi découvrir Ezra Pound et écouter John Cage. Mais cette torsion imposée à la langue, à la typographie, à la mise en page m'emmenait au-delà des jeux surréalistes, des écritures non-stop, des cut-up de Burroughs et de Pélieu.
Deux textes : le premier pour un poète, le second contre la guerre.
pas homme,si les hommes sont dieux;mais si les dieux doivent
être hommes,le parfois seul homme est ceci
(très commun,puisque chaque angoisse est sa douleur;
et,puisque sa joie est plus que joie,très rare)
un démon,si les démons parlent vrai;les anges brûlent
de leur propre lumière complètement généreuse,
un ange;ou(puisque divers mondes il repoussera
plutôt que de manquer au destin incommensurable)
lâche,pitre,traitre,idiot,rêveur,fauve—
tel était un poète et tel sera et tel est
—qui résoudra les abîmes de l'horreur pour défendre
avec sa vie l'architecture d'un rayon de soleil:
et taillera des jungles immortelles de désespoir
pour tenir le pouls d'une montagne dans sa main
(1942)
platon le lui
disait:il pouvait pas
le croire(jésus
le lui disait;il
voulait pas le
croire)lao
tsze
le lui disait
bien sûr,et le général
(oui
madame)
sherman;
et même
(croyez-le
ou
non)vous
le lui disiez.:je le lui
disais;nous le lui disions
(il ne le croyait pas,non
monsieur)il lui fallait
un bout nipponisé du
vieux métro
de la sixième
avenue;dans la boîte crânienne:pour le dire
à lui
(1940)
* Erreur grossière à la première rédaction de cette note : j'avais mentionné Ali Baddou qui anime habituellement les matins. Cette semaine, c'est Enthoven qui officie. Ils sont bien, ces "jeunes" gens !
21:55 Publié dans Les blogues, "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
cummings - probablement un des plus grands poètes.
Écrit par : BOUDET | jeudi, 08 novembre 2007
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