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vendredi, 24 mars 2006

Belle vieillarde comme beau vieil....

L’émotion nocturne a noué la gorge ; et les larmes d’affleurer jusqu’au matin. Entre le quai Hoche et la rue Lanoue-Bras-de-fer, c’était plus encore l’air vif qui piquait les yeux.

Pour quitter les affres de l’Orphée nocturne, il m’a fallu la rudesse de la IIIe Philippique de Démosthène lors de l’atelier de Grec ancien ; le sortilège s'éloigna - c’est banal, m’a-t-on commenté. L’après-midi, autour des grands textes du Moyen-Âge, s’enchanta des Troubadours. Parvenu à Jaufré Rudel et à l’amor de terra londhana, je craignis à nouveau l’envoûtement funèbre de "ma" belle Sarrazine.

Je m’emballai dans une présentation du travail du Clémencic consort autour du Trobar et apportai plus de précisions sur celle que je place allègrement entre Sappho et Louise Labé, Béatriz, comtesse de Dié, mes condisciples (!) de l’atelier ignorant l’existence de ces chères Trobaïritz, et cela sous le regard bienveillant et ravi de AmR qui est sûrement la meilleure pédagogue rencontrée depuis quatre ans à l’Université permanente.

E membre vos de nostres partimens !


Il y a des jeudi de Libé-livres qui sont de véritables bonheurs.
Le nonagénaire Maurice Nadaud :
« Je réagis, je participe, je m’enrichis à la lecture. Je ne suis pas aussi bête que je le suis tout seul. »
Merveilleux vieillard et non moins vivante vieillarde, Benoîte Groult, qui revendique sa liberté de l’être : belle vieillarde, et de poser elle-même la touche étoile quand elle le décidera.
Dans les autres pages, Augiéras, entre désert et océan. À lire, à lire !
Deux israéliens arabes qui écrivent en hébreux, Sami Michael, Sayed Kashua.
Hanna Craft, autobiographie d’une esclave, écrite dans les années 1850.
Et la suite du “Maitron”, le dictionnaire du mouvement ouvrier.

Je ne pourrai ni acheter, ni lire ; mais de certains jeudis - Libé -, de certains vendredis - Le Monde - je me répands dans une lecture euphorique de ces recensions qui prépare peut-être - allez savoir ! si je mets mes petits pas dans ceux, très grands, de Nadaud ? - les lectures des trente ans à venir.

“Vent d’Ouest” tenait une table de librairie au sortir des Chantiers, commémoration de la mort de Cadou oblige ; je me suis offert enfin le dvd réalisé par Jacques Bertin et Annie Breit. Le coffret est enrichi (?) d’un cd avec poèmes chantés et dits ; il reprend les poèmes lus par Daniel Gélin quand un 45 tours s’ajoutait au livre de la collection Poètes d’aujourdhui ; dieux ! que la diction de Gélin a vieilli !
Le meilleur, et je le savoure d’autant plus qu’il me faut manier le coupe-papier, c’est la correspondance Béalu-Cadou entre 1941 et 1951 : ça vaut toutes les approches critiques et les habituelles hagiographies.

Pour entrer tendrement dans une paisible nuit - ce n'est pas Cadou - mais c'est si proche à des siècles d'écart.

Enquer me membra d'un mati
que nos fezem de guerra fi
e que.om donet un don tan gran :
sa drudaria e son anel
enquer me lais Deus viure tan
qu'aia mas mans sotz son mantel !

Guilhem IX coms de Peitius


Encore me souviens d'un matin
où à la guerre mîmes fin
qu'elle m'accorda un don si grand :
sa fente nue et son anneau
que dieu me laisse vivre tant
que j'ai mes mains sous son manteau !

Commentaires

quel bonheur de te lire , depuis quelques jours je n'allais plus à la rencontre de tes mots.... question de temps. bonne journée à toi et merci pour ces quelques lignes et le beau viel.. à encore de doux et beaux moments devant lui

Écrit par : jac | samedi, 25 mars 2006

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