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mercredi, 15 mars 2006

Immigré mon ami

La mort n’est pas loin.
À quelques pas d’ici, de mon jardin qui n’est pas encore rétréci, il y a mon copain exsangue, cireux, immobile sur un lit, certains diront son corps, d’autres son cadavre, moi, je dis encore « mon copain » !

Hier, je voulais parler de cet après-midi de samedi dernier, un après-midi de solidarité ; flottait le drapeau du Thibet ; je n’aime plus les drapeaux, mais ceux des pays qu’on veut rayer des cartes, je pense qu’il est sensé de les faire flotter !
Ce fut donc de la solidarité avec les immigrés. Ateliers, tables rondes.
Moi, je me suis occupé de livres : j’étais, pour un après-midi, libraire-et-bibliothécaire.

Je n’aime guère le commerce, s’il me fallait une psychanalyse, ce serait pour ma relation à l’argent. J’ai vendu pour 560 €. Meilleurs scores pour la Fracture coloniale, La révolte des banlieues ou les habits nus de la République (petit brûlot sur les événements de novembre), Je suis noir et je n’aime pas le manioc, Histoire des Français venus d’ailleurs, ... Pour un qui donnerait plutôt les bouquins, pas trop mal !
Deux amis de Baalu témoignaient.
Baalu, une communauté de dix villages au profond du Sénégal oriental, aux confins du Mali et de la Mauritanie, au confluent du Sénégal et de la Falémé, depuis dix siècles, réservoir de l’émigration, depuis l’implosion de l’empire du Ghana, pour cause de serpent maléfique et de vierge forcée, pour l’or épuisé, pour le désert qui s’avance.
Bref, le commencement de la diaspora Soninké : Afrique de l’Ouest, Afrique centrale, Europe, ils sont désormais à New-York, recommercialisent Harlem et touchent déjà la côte Ouest !
Dans l’urbs parisienne, ils sont sans doute les plus nombreux, balayeurs, ingénieurs, magasiniers, informaticiens, chauffeurs de taxi, sociologues, mais É M I G R É S !
Mamadou D et Al-Hadji K ont témoigné. Ce dernier qui alla à l’école française jusqu’à l’âge de douze ans a dit ce texte, qu’il nous a confié ; c’est simple et nu.


IMMIGRÉ

Être immigré, c’est vivre loin de chez soi,
Laissant parents, amis et coutumes,
Se retrouver dans un autre lieu,
Dont on ignore en général
La mentalité et le mode de vie de ce nouvel endroit.

Cest aussi vivre dans la solitude, l'ennui,
Et l’inquiétude des gens qui t'entourent
Car la chaleur humaine n’est toujours pas la même.
Que ce soit dans le bonheur ou le contraire,
On est appelé à le supporter dès qu’on a choisi d’émigrer.

La nostalgie des siens gagne du terrain de jour en jour,
Parfois même, le retour au bercail se fait sentir,
Mais le courage devrait emporter là-dessus,
Pour faire remonter le moral.

On en profite pour s’instruire,
La rencontre avec un nouveau monde,
Une nouvelle culture est toujours enrichissante.
Parce que voyager veut dire aussi ça !

Al-Hadji Kanouté


Je n'ai pas encore parlé de l'iniquité de la loi Sarkozy, gros étron chié des accords de Schengen, et de ses circulaires d'application !

Ce soir, la mort est encore notre voisine et persiste la tristesse .

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