samedi, 25 février 2006
« Philosophe, oui ! Démagogue, non ! »
Décidément “mes” philosophes se font étriller.
Après Marcel Conche, l'autre semaine, “mis en bouteille” avec ses si pour son Journal étrange, voilà que l’hédoniste aux lunettes fines se fait admonesté par le philosophe du Monde !
Onfray sort sa contre-philosophie, celle qu’il prêche depuis quatre ans en sa chaire de l’Université populaire de Caen et Roger-Pol Droit l’admoneste.
Je puis paraître et méchant et ingrat ; j’ai suivi ses cours, ceux de Onfray, par l’entremise généreuse des étés de France Cul, j’ai importé, via la Toile, leurs synopsis. J’y pris beaucoup d’intérêt et tant appris sur des pensers qui nous étaient occultés.
Je n’ai point encore feuilleté les deux tomes de sa Contre-histoire de la Philosophie, mais il est vraisemblable qu’il a repris les dits cours.
C’est bien dans ses chemins ; j’ose dire que depuis l’Art de jouir, il ne fait qu’étirer à travers de superbes titres - ceux de son journal par exemple, le Désir d’être un volcan, les Vertus de la foudre, l’Archipel des comètes, la Lueur des orages désirés (à paraître) -2 500 ans de philosophie hédoniste.
Pourquoi pas ? Bis repetita placent ! Et j’en ai profité.
Une erreur d’appréciation vacharde de Roger-Pol Droit, toutefois : “Le matérialiste est (sans doute) étudié depuis des décennies, à la Sorbonne et ailleurs”, il n’est guère sorti des cabinets lettrés. Onfray a certes été instrumentalisé, de son plein gré, par les médias - l’anecdote du secrétaire de la Libre Pensée, à la sortie du Traité d'athéologie, est savoureuse : “... un rabbin, un curé, un imam et... Onfray !” - à manichéens, manichéen et demi ! - il a descendu ce penser hédoniste dans la rue.
Reste à souhaiter pour nous, lecteurs de Onfray, qu’il calme ses passions athées, qu’il règle ailleurs qu’en philosophie, ses problèmes d’adolescence avec les pères salésiens, qu’il vérifie ses sources et s’exerce à la prudence - eh, oui ! - mais qu’il continue à développer la théorie des anecdotes de Hégel, ces “sagas miniatures” qui concentrent et ramassent la philosophie et qu'il nous livre à nouveau quelques beaux textes, tel “Esthétique du pôle Nord”.
Cette accalmie sera-t-elle possible ?
Il ne faut pas oublier qu’un de ses premiers livres est titré “Cynismes, portrait du philosophe en chien”.
L’Hédoniste peut devenir un Chien.
Démagogie, non ! Philosophie, oui !
20:15 Publié dans les lectures | Lien permanent | Commentaires (3)
Commentaires
...Belle énergie !!!!
Écrit par : Thierry | samedi, 25 février 2006
Il est parfois roboratif que des philosophes comme Onfray s'exprime avec une certaine véhémence, même si c'est au prix de quelques approximations... mais si l'on se met à compter les à-peu-près de ceux qui le dénoncent, je crois qu'on lui pardonnera !
Je ne crois pas trop à l'avenir de son "athéologie". Il y a beaucoup de façons de ne pas croire en dieu, sûrement autant que d'y croire, et celle qu'il représente est tout à fait respectable même s'il elle a un aspect aussi bourru que celui qui l'incarne ! L'approche de Comte-Sponville me paraît bien plus intéressante. A ce propos je rappelle que sur mon blog, il reste encore un exemplaire de la conférence sur le bonheur qu'il a prononcée au pianocktail, a gagné !
Sur ce, chers amis de la philosophie, bonsoir !
Écrit par : alain barré | dimanche, 26 février 2006
Ben , tu vois, Alain ! J'aimais mieux Comte-Sponville avant qu'il ne vienne au Pianoc'ktail, quand il ne parlait pas du bonheur désespérément, mais avec plus de densité et peut-être plus obscurément quand il traitait du "désespoir et de la béatitude".
Il philosophait alors et ne prêchait point la morale.
C'était à la fin des années quatre-vingt !
Écrit par : grapheus tis | dimanche, 26 février 2006
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