mercredi, 15 février 2006
si vous ne connaissez pas la belle Cilicienne
Récit épique ?
Vait s'en Brandan vers le grant mer
U sout par Deu que dout entrer.
Une ne turnat vers sun parent:
En plus cher leur aler entent.
Alat tant quant terre dure;
Del sujurner ne prist cure.
Vint al roceit que li vilain
Or apelent le Sait Brandan.
Ici! s'estent durement luin
Sur l'occean si cume un gruign.
E suz le gruign aveit un port
Par unt la mer receit un gort,
Mais petiz ert e mult estreits;
Del derube veneit tut dreiz.
Altres, ço crei, avant cestui
Ne descendit aval cel pui.
Brandan se dirigea vers l'océan où Dieu lui
avait révélé qu'il devait s'embarquer.
Il ne se laissa pas détourner pour aller voir sa famille :
il s'était fixé un but plus précieux.
Il alla jusqu'au bord de la mer sans souci de repos.
Il arriva au rocher que les gens de la région
appellent encore le Saut de Brandan.
Il s'agit d'un roc qui s'avance très loin dans
l'océan tout comme un promontoire. Au pied
de ce promontoire se trouve un port à l'endroit
où un cours d'eau se jette dans la mer.
Ce cours d'eau, petit et très étroit,
débouchait directement de la paroi de la falaise.
Personne avant Brandan n'avait, je pense, fait cette descente.
Benedeit
Le voyage de Saint-Brandan
Ou plainte lyrique, davantage de saison :
J'aim mieux languir en estrange contrée
Et ma dolour complaindre et dolouser
Que près de vous, douée dame honnourée
Entre les liez, triste vie mener;
Car se loing souspir et plour,
On ne sara la cause de mon plour,
Mais on puet ci veoir legierement
Que je langui pour amer loyaument.
Guillaume de Machaut,
Ballade
Voilà donc la nouvelle aventure où je m’engage demain.
Jadis que lisait-on en notre trop sage jeunesse ?
Une vague chanson de Roland, revue et corrigée à la mode Hugo, des bribes trop assagies du Roman de Renart, un fabliau, une farce, une plainte de Rutebœuf et les pleurs de Charles d’Orléans.
Que de béances dans la formation du jeune lecteur !
La “barbe blanche” comble dans l’allégresse ! Il n’y a pas que Giono, Cadou ou François Bon ! Vains dieux !
Après le cours de Grec, où nous en apprenons de belles - savez-vous que Epyaxa, femme de Syennesis, roi de Cilicie a cocufié* son roi de mari avec Cyrus et, qui plus est, après avoir soustrait au trésor du pauvre cocu des sommes considérables pour que le roi des Perses payât quatre mois de solde à son armée où traînaient quelques mercenaires grecs dont un certain Xénophon, l’homme qui relate l’infortune royale et ne peut s’empêcher de rallonger l’histoire de cette passion entre la belle Cilicienne et le grand Perse en ajoutant une longue épopée appelée Anabase qui s’achève en une vaste et célèbre clameur : Thalassa ! Thalassa ! - donc, après le Grec, j’enchaîne pour douze fois deux heures avec la découverte des grands textes du Moyen-Âge. Ce devrait être un peu court
Il y aura, à l’instar du Grec, de fréquents feuilletages de dictionnaire : à chacun sa gymnastique mnésique, je préfère ce labeur au scrabble...!
Ah, si ! Epyaxa devait être très belle !
* Cette infortune arrive encore de nos jours à certains “vizirs” qui veulent être sultans à la place du sultan.
17:50 Publié dans les lectures | Lien permanent | Commentaires (0)
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