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jeudi, 09 février 2006

Le temps d'une marée

Walerian Borowczyk, le cinéaste sensuel des Contes immoraux, est mort lundi dernier ; je ne l’apprends que ce midi
Des quatre contes, je retiens La marée, tirée d’un bouquin de Pieyre de Mandiargues* et Erzébet Bathory, la comtesse sanglante, une Gilles de Retz femelle et hongroise.
La marée surtout, avec, et c’est peut-être dommage, un jeune homme qui va longtemps s’égosiller dans le cinéma français, un certain Fabrice....

....je revins, en attention du moins, car mes doigts ne l'avaient pas quitté, au beau corps de Julie, et j'accentuai mes caresses en accélérant le rythme. Simultanément je m'efforçai d'imaginer d'une façon plus intense la montée de la mer autour de notre couple, et au bout de quelques minutes je me trouvai à tel point confondu avec la substance élémentaire qu'il me semblait que la marée s'élevait en moi comme dans tout l'entourage ; je le dis à Julie, en quelques mots murmurés vite, et elle me fit signe que c'était pareil chez elle. Onze heures douze. Le vent était tombé, le bruit des vagues sur les brisants avait diminué, mais la tension était à son comble, et je sentais des jarrets à la nuque une sorte de bonheur en puissance que je croyais partager avec l'énormité des eaux attirées par la lune. Enfin, ce fut l'heure; je n'eus pas besoin de regarder ma montre car j'eus comme une connaissance intérieure du sommet, au moment de la mer étale, et alors je déversai mon bonheur dans la bouche de Julie.


*André Pieyre de Mandiargue, Mascarets, coll. Le Chemin, Gallimard, 1971

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