Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mardi, 17 janvier 2006

Violence et "philia"

Donc, hier après-midi, aux "Chantiers", dans un salle du second étage, autour de Baz., lent et paisible débat sur la violence à partir d’un texte d’Éric Weil :

« La raison est une possibilité de l’homme... Mais ce n’est qu’une possibilité, ce n’est pas une nécessité, et c’est la possibilité d’un être qui possède au moins une autre possibilité. Nous savons que cette autre possibilité est la violence.
Violence de l’homme qui n’accepte pas le discours de tel autre homme et qui cherche le contentement en luttant pour son propre discours qu’il veut unique non seulement pour lui, mais pour tout le monde et qu’il tente de rendre réellement unique par la suppression de tous ceux qui tiennent d’autres discours.
Violence de l’homme qui s’affirme dans son être tel qu’il est pour lui-même, qui ne veut s’exprimer tel qu’il se sent, dans un langage qui lui permette de se comprendre, de s’exprimer, de se saisir, mais langage qui ne s’expose pas à la contradiction et contre lequel nulle contradiction n’est imaginable...
Violence, bien que violence subie, mais violence encore, et violence reconnue comme l’essentiel de la vie, que celle qui ne vient pas de l’homme, mais qui lui arrive d’une nature, d’un être supérieur ou suprême...
Violence, enfin, au fond de l’existence de celui, qui travaillant, cherchant, se dominant, ne pense pas pouvoir se débarasser du donné en tant que tel et qui, acceptant son sort de force mineure en face d’une force immense, sans emphase, sans pathos, s’affirme dans des succès temporaires, passagers, vains et qu’il connaît comme tels. »


Violence des totalitarismes.
Violence des individualismes.
Violence des tragiques.
Violence des stoïques.

Débat feutré, certes, avec quelque pessimisme dans ce tour d'horizon des violences qui nous enserrent, comme "une interminable défaite"* ! Où les Lumières ?

Face à la violence, quoi ?
La prise de parole dans l’espace public, - c'est l'ami Ét. qui, tout simplement, énonce ce faire qui fut et est encore notre engagement dans l'Éducation populaire - un retour à la Philia grecque dont J.P. Vernant me paraît avoir cerné la meilleure définition :
« Pour les Grecs, la philia est un des éléments qui fondent la cité. Elle tisse un lien entre le privé et le public, par lequel entre soi et l'autre « quelque chose » circule, « quelque chose » qui, tout en laissant chacun singulier, forge une communauté homogène. L'amitié, c'est mettre en commun. Par conséquent, il n'y a pas d'amitié sans égalité... On ne peut avoir d'amitié que pour quelqu'un qui est d'une certaine façon son semblable : un Grec envers un Grec, un citoyen envers un citoyen... Et pour les Grecs, il ne s'agissait pas seulement de vivre ensemble, mais de bien vivre ensemble. »


Échange et contre-échange du Logos !

Retour à Éric Weill :
« C'est la discussion qui libère l'homme de sa particularité, qui le mène vers lui-même, vers la vertu et le Bien : il ne peut pas être lui-même sans être vertueux. Dès qu'il est raisonnable, il n'est plus rien d'autre que membre de la communauté, que citoyen, c'est-à-dire vertueux. »


Où ? Quelles sont nos “niches” pour vivre ainsi l’échange ?

* Baz. a lu un dialogue entre Rieux et Tarrou dans la Peste d'Albert Camus.Violence du stoïque.

Commentaires

bonjour grapheys, la blogosphère serait-elle une de ces niches peut-être ? où le rideau électronique masque ce qui lors d'une vision plus directe nous amènerait à juger et classer l'autre en un rien de temps ?

Écrit par : antares | mardi, 31 janvier 2006

Sans doute, ! Sans doute !
Mais qui souhaitez-vous juger et classer ?
Le "rideau électronique" masque très peu de temps "l'autre", l'anonym@t n'étant qu'un mince voile sur la Toile !

J'entretiens toujours l'utopie d'un phalanstère - autre nom pour les "niches" - qui jouerait toujours de cette ouverture et/ou fermeture qu'autorise la procédure du "commentaire".
Accueil de la passante, du passant ou porte close à l'importun (il en est parfois).

Écrit par : grapheus tis | mardi, 31 janvier 2006

Les commentaires sont fermés.