mardi, 10 janvier 2006
Contrelittérature ? rien que ça !
Ce matin, réveil matinal et encore embrumé.
Voix sur France Cul. Celle familière d’Abdelwahab Meddeb, qui s’entretient avec un écrivain florentin, Pietro Citati, "qui circule, fasciné à travers les clairières qu'il aménage dans les forêts d'Islam et d'Israël, pour se saisir des éclats de lumière comme des séquences de violence qui unissent et divisent les humains en quête d'absolu. Citati revisite certains textes fondateurs pour en dégager la quintessence poétique destinée à refuser la fatalité de l'histoire pour construire le mythe d'une altérité possible."
Je note :"Israël et l'Islam" de Pietro Citati, chez Fallois.
C’est vrai qu’il y a des clairières merveilleuses d’intelligence et de tolérance. En ces temps d’invectives et de sang...
Sans doute, me suis-je rendormi ?
Vers 6 h 30, la “Contrelittérature” me fait sursauter ! Un nouveau concept ? Si matinal ?
Je connaissais la “paralittérature”, notion florissante dans les années soixante-dix quand une décade de Cerizy, avec Tortel, Lacassin, Sullerot, Le Lionnais, Caradec, se pencha sur le roman populaire, le roman policier, le roman-photo. Certains parlaient même des “champs d’épandage de la littérature”, d’infralittérature ; il y avait alors beaucoup d’humour et de rires. On devisait sérieusement sans se prendre au sérieux.
La gravité, la solennité, la terreur, c’était pour “Tel quel”, “Change” et autres.
Me souviens d’avoir animé un débat avec le très âgé Albert Simonin, côté polars, et le fringant Déodat de Montbrun, côté espionnage (c’était quand même mieux que Gérard de Villiers).
Jamais l’allègre vieillard qu’était Simonin n’aurait affublé ses “séries noires” du terme de paralittérature ; il m’avait gentiment renvoyé dans les cordes avec mon gros mot, il disait écrire de la littérature populaire. Comme avant lui, Gustave Le Rouge, Gaston Leroux, Marcel Allain (Fantomas)....
Alors ce matin, cette voix posée, un rien surannée qui disserte sur la contrelittérature, ça me cause bien. Quoique m'apparaissant audacieux ! Il est question de la réconciliation des trois religions du Livre, de la tradition lyrique occidentale, d'Al-Andalous !
Je pense prolonger la réflexion de Citati et de Meddeb.
Quand s’annoncent un "manifeste pour l’esprit" et des histoires de preux chevaliers musulmans, juifs et chrétiens qui se réunissent sur une “talvera”, je commence à m’inquiéter.
Jusqu’à ce matin, la “talvera”, pour moi, c’est l’équivalent occitan de notre chaintre gallo ou poitevin - cet espace nécessaire pour tourner la charrue et son attelage, à chaque extrémité du champ labouré. C’était - ça n’existe plus avec le tracteur - un espace “perdu” mais fécond que bordait la haie. S’y développait la liberté des herbes folles ! S'y reposaient mes ancêtres laboureurs des servitudes que leur imposaient les seigneurs !
La belle langue d'Oc aurait-elle annobli cet espace boueux, bouseux, "plouc", pour les courtois échanges des preux chevaliers ?
Je ne fréquente donc point les mêmes chaintres que monsieur Santacreu, l’homme avec qui s’entretient Olivier Germain-Thomas de France Cul.
Le désintérêt pour cette chose contrelittéraire est devenu tout à fait clair quand j’ai lu après moult difficultés d’accès au site
“La Contrelittérature est ainsi, en toute humilité et dans le secret de son cœur, l’athanor artistique où se jouent les énergies spirituelles les plus puissantes.”
Rien que cela !
J’ai failli retrouver aussi les Sept Dormants d’Éphèse et Louis Massignon, mais quand j’ai tenté la visite au site recommandé par l’émission, je suis tombé sur une galette des Rois et des soldes chez “Alice": mon navigateur est farouchement anti pop-up et je l’y encourage. Massignon s'était éloigné et les Sept Dormants s'en sont ré-emmurés !
Il y a aussi, chez mon fournisseur Hautetfort, consacré au concept, un blogue plaintif ; le “Canard enchaîné” n’aurait pas été gentil avec la contrelittérature de monsieur Santacreu !
M’étonne guère !
J’ai sans doute consacré beaucoup de mots pour si peu - ou pour trop !
Dorénavant, j’aurai beaucoup de méfiance pour le “For intérieur” de Germain-Thomas ; ça longe l’ésotérique, le “Da vinci code” et les fondamentalistes.
Merci à celle qui me souhaitait la dispersion des brumes ! Elles ont encore quelque épaisseur.
17:40 Publié dans les lectures | Lien permanent | Commentaires (3)
Commentaires
C'est toujours catho à donf, For Intérieur. Il y a belle lurette que je n'écoute plus cette componction fanée !
Écrit par : Berlol | jeudi, 12 janvier 2006
Eh bien ! Moi, il m'afallu une insomnie !
Écrit par : grapheus | jeudi, 12 janvier 2006
Mon pauvre ami,
N'avez-vous rien d'autre à écrire que "ça" ? Voulez-vous au moins que je vous envoie, la revue ? Le livre ? Comment vous permettez-vous de mépriser sans connaître ? Quelle outrecuidance, quelle cuistrerie !
Alain Santacreu
directeur de la revue Contrelittérature
http://talvera.hautetfort.com
Écrit par : Alain | mercredi, 16 juillet 2008
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