mardi, 06 septembre 2005
Allant à Liré
Nous allons passer quelques heures à aux bords de Loire, à la Maison-Cassée, près de l’Île-aux-Moines, en Liré.
Je pousserai, une fois de plus, jusqu’à La Turmelière, évitant la banale construction érigée à la fin du XIXe siècle, par un dénommé Charles Thoinnet, ancien chambellan de Napoléon III, pour aller rêver sur la colline qui surplombe le Doué de Lou.
Dans mes errances galiciennes, quand un peu m’étreignait le “regret” de mes rives, j’ai relu le Tombeau de Du Bellay ; Michel Deguy est sans doute le premier à assigner une juste place au Liréen et à souligner ce qui fait de celui -ci notre si proche contemporain.
L’apparente et consciente humilité de la banalisation « autobiographique », qui quitte les grands genres et laisse les grandes cordes à la lyre de Ronsard, semble en contradiction avec le projet d’une grande poésie moderne française, et sans doute du Bellay la ressentit comme telle,accablé de son affaissement d’inspiration, mais à la faveur de cette profanation la poésie se rapproche de cette capacité qui sera pensée comme son « essence » : l’inquiétude de l’interrogation de ce qu’elle est. Le passage, de la fureur stéréotypée, qui se réserve aux grands thèmes, au désenchantement annonce l’expérience du plus grand nombre. Le sujet de la langue et le sujet de l’histoire s’identifient. ....Comme un qui, désespérant de construire ou de reconstruire en marbre, inventerait de travailler avec le bois, matériau innombrable, et retourne ainsi le manque contre lui : prend le vide à rebours et le change en élément, donne l’eau à boire et à préférer — au risque, qui ne cessera de s’aggraver, de ruiner les différences jusqu’à celle de la prose et de la poésie et, au matin de Cendrars, du poème et du journal.
Tombeau de Du Bellay
de Michel Deguy,
pp.110-111
Un autre jour, il faudra bien poursuivre le chemin jusqu'à Saint-Florent-le-Vieil.
Surplombant le fleuve, près de l'île Batailleuse, réside un très vieil homme, qu'au temps de ma jeunesse folle, j'avais envisagé de visiter ; à l'époque, il était très difficile de se procurer ses livres. Il m'a fallu attendre le début des années 60 pour avoir entre les mains Le Rivages des Syrtes.
J'avoue que je n'oserais plus aller toquer à la porte de monsieur Louis Poirier. J'irais cependant visiter la bibliothèque municipale à laquelle il a fait don d'une première partie de sa "librairie". Manière de pénétrer dans les fondations de ce grand œuvre, que je vis comme très ancien et plus contemporain de ces plates proses que nous offrent les hommes (...et femmes) qui "managent" les appareils éditoriaux.
Ô cendres de José Corti !
14:20 Publié dans Du Bellay mon voisin, les lectures | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.