dimanche, 27 mars 2005
El Resucitado
Continuant de feuilleter le livre de bord de Dac'hlmat en mars 2002.
Le matin de Pâques verra un paso exhibant El Resucitado, un Ressuscité quasi nu, porté par vingt-quatre gaillards en chemise blanche, pantalon noir et gants blancs ; “exit” la kyrielle des pénitents, ce sont les enfants aux clochettes tintinnabulantes qui accompagnent le paso.
Curieusement, après un samedi silencieux, pour la célébration du ressuscité, la tension tombe, le mystère s’effiloche dans des lingeries sulpiciennes minimales.
Le Corps en gloire n’a plus la force surréaliste de la statuaire des jours précédents.
Les stridences des trompettes, les roulements assombris des tambours s’atténuent dans les flonflons d’un orphéon chamarré.
Demeure, demeure l’extraordinaire effort des porteurs de paso, cette fois en pleine lumière. La charge honorifique se transmet de père en fils. Ils ont des gueules, ces pêcheurs andalous de la baie de Cadix.
Quant à nous, la météorologie qui nous avait accueillis au pied des Pyrénées espagnoles dans une chaleur printanière s’était déchaînée en froid et furieux “Levante” depuis le Mercredi Saint, éteignant les cierges de la Vierge en procession nocturne à travers les ruelles de Rota et interdisant aux navigateurs tout espoir de franchir aisément ce fichu Détroit qui nous narguait à 60 milles de notre ponton. Le “Levante” souffla en ouragan, force 11 sur l’échelle Beaufort, entre 60 et 70 nœuds, bousculant les pontons de notre prochaine escale, Barbate. Dac’hlmat était solidement amarré par ses bonnes et solides aussières bretonnes à son catway de Rota, mais 35 à 40 nœuds, des heures durant, sous un ciel plombé de strato-cumulus pâles et gris rongeaient les... os de la voyageuse et les sangs du navigateur qui espéraient encore un soleil andalou.
La patience et la ruse étaient les vertus d’Ulysse ; nous les fîmes donc nôtres !
Le Détroit ne sera franchi que le 14 avril 2002.
Les photos publiées dans la note de vendredi et de ce jour sont de Nicléane
23:45 Publié dans les marines | Lien permanent | Commentaires (0)
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