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vendredi, 25 mars 2005

Un vendredi, il y a trois ans


Il suffit parfois de réouvrir un livre de bord, de feuilleter un album.
Une nuit de Semaine-Sainte dans un petit port d'Andalousie atlantique, Rota, et un vieux rêve qu'avait suscité naguère l'écoute du "Sketches of Spain" de Miles Davis, revit plus fascinant encore. Et qu'importent la foi et l'absence de foi ! Demeure la célébration funèbre d'un rite.


Quand apparaît le premier pénitent porte-croix entre deux autres confrères, les conversations s’éteignent petit à petit. Sur deux rangs, longs cierges allumés, portés en oblique, la longue file des pénitents Ils sont cinquante, cent. Hommes, femmes, parfois enfants. Seuls les yeux brillent dans l’étroite fente de la cagoule. Toutes et tous gantés, certain(e)s pieds nus... Lente et longue file où alternent les porteurs de crosses droites d’argent surmontées de lunules finement ciselées aux armes des confréries, de photophores, de bannières.
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À l’instar du porteur de la Croix qui ouvre la procession, en son milieu, accompagné lui aussi de deux pénitents, le porteur du Livre ! Certains se signent.
Longs arrêts des pénitents. Reprise de la marche. Heurt des crosses d’argent sur le pavé. Recueillement de la foule.
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Le roulement voilé des tambours plus proche et bientôt l’éclat comme assourdi des cuivres et des bois des fanfares.
Viennent les “pasos”, ces lourdes plates-formes qui portent les statues du Christ et de sa Mère la Vierge, “cette statuaire drapée dans les brocarts et les velours, aux visages de poupées surréalistes, suintant les larmes et le sang” qui nous avaient tant fascinés à Séville !
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Elles sont là en gloire sur ces podiums recouverts de dorures et d’argent, fleuris d’œillets et de lys, illuminés pour ceux de la Vierge d’un buisson de cierges.
Les pasos avancent au petit pas lent et tangué des dix-huit, vingt, vingt-quatre porteurs qui sont soit dissimulés sous le paso, soit sans cagoule, vêtus de l’aube de leur confrérie ; et l’on voit alors les lourds brancards rembourrés de cuir rouge. Un pas lent glissé rythmé par la musique funèbre de la fanfare qui suit.
Intense émotion quand lors d’une halte, soudain dans votre dos, s’élève d’un balcon, la plainte de la saéta, ce chant flamenco religieux qui célèbre le Christ flagellé, crucifié et sa Mère de toutes les Douleurs. Puis s’ébranlent à nouveau les pasos :soulèvement énergique, vacillement de la statue, des cierges, des photophores, un temps encore et reprend l’avancée lente et tanguée dans les murmures admiratifs et les applaudissements de la foule. Stridences suraiguës des petites trompettes de la fanfare qui prolongent la lamentation de la saéta.
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Difficile d’oublier dans cette houle de musiques et de lueurs nocturnes la longue chevelure du Crucifié s’emmêlant dans les arbres encore nus de la plaza d’España. Ta gorge se noue !
Miles Davis s’est avec splendeur approprié la beauté de ces lueurs et de ces sonorités déchirantes.
Le cortège s’efface dans la nuit des rues ; la foule se disperse et entre dans les tavernes encore ouvertes.
À chaque jour, sa confrérie et ses “pasos”. Pénitents blancs et cagoules noires le lundi. Pénitents noirs au scapulaire parme du mardi, aux coules blanches et cagoules vertes ou rouges du mercredi et du jeudi, le vendredi voyant les confréries se joindre en un interminable cortège suivi par une foule plus dense encore.
À chaque nuit, son Christ et sa Vierge :
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La Imagen del Santisimo Cristo del Amor
Nostro Padre Jesus de la Salud en su tres Caida
Maria Santisima de la Caridad
Nostra Senora de los Dolores y Santisimo Cristo de la Caridad
Nostro Padre Jesus Nazareno y Maria Santisima de la Amargure
Santisimo Cristo de la Vre-Cruz y Maria Santisima de las Angustias
El Resucitado


Mais qui ? Qui est donc est mort cette nuit-là ?

Commentaires

je mets ici, parce que le formulaire d'envoi ne s'affiche pas sur le message Breton

je suis passé moi-même cet été à Saint-Cirq Lapopie

manière de saluer...

Écrit par : FB | dimanche, 27 mars 2005

Les commentaires sont fermés.