samedi, 30 novembre 2013
la gorge dénouée, prendre le large
L'absence enfin assumée pour un temps, vent de travers, embouquer le chenal, barre au suroît sur l'une de mes îles, la plus austère, mais l'une parmi les belles.
22:00 Publié dans Les graves, les marines | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 28 novembre 2013
métro Porte de Pantin
L'air était d'un bleu intense.
Noirs, les cyprès.
ELLE
« ensevelie nue sous le poids de mes songes »
J'avais fait recouvrir la terre d'une immense brassée de glaïeuls rouges.
74e division 4e ligne n°4
Cimetière de Pantin-Parisien
Métro Porte de Pantin - Autobus 151
Je ne suis jamais revenu dans ces allées glacées .
01:30 | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 25 novembre 2013
survivre au long de ces jours-ci
Rien ne s'accomplira sinon dans une absence
Dans une nuit un congédiement de clarté
Une beauté confuse en laquelle rien n'est.
Pierre Jean Jouve
Nada
Matière céleste
17:27 | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 23 novembre 2013
dans les parages de la mort
Qu'importe les années ?
Je ne saurai jamais son rêve des temps à venir.
16:43 Publié dans Les nocturnes | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 20 novembre 2013
pour maintenir ouvert l'œuvre du Camus centenaire
Un dernier bouquin s'est ajouté, ce dimanche 17 novembre, à la pile "Albert Camus", après mon passage à la braderie que proposait le Grand Séminaire de Nantes se délivrant à très bas prix de milliers d'ouvrages dont les legs entraînent sans doute l'encombrement de sa bibliothèque ; deux longues travées dans le cloître couvert : dans l'une, "les ouvrages de théologie, de foi et de religion" — sic —, dans la seconde, "les ouvrages profanes" — à nouveau, sic !
Je n'avais acquis, dans les ouvrages... profanes que Mission terminée de Mongo Béti, ce savoureux roman africain de la fin des années cinquante, lu dans la sensuelle moiteur de mes derniers jours éburnéens, prêté sans doute et... perdu quand, à la sortie du cloître, pris par le remords, je m'emparai pour 1€ de ce tome II des Carnets paru en 1964, dans la collection Soleil de chez Gallimard. Un premier parcours m'a livré ceci :
Petite baie avant Ténès, au pied des chaînes montagneuses. Demi-cercle parfait. Dans le soir tombant, une plénitude angoissée plane sur les eaux silencieuses. On comprend alors que, si les Grecs ont formé l'idée du désespoir et de la tragédie, c'est toujours à travers la beauté et ce qu'elle a d'oppressant. C'est une tragédie qui culmine. Au lieu que l'esprit moderne a fait son désespoir à partir de la laideur et du médiocre.
Ce que Char veut dire sans doute. Pour les Grecs, la beauté est au départ. Pour un Européen, elle est un but, rarement atteint. Je ne suis pas moderne.
Carnets, tome II
Cahier n°V, septembre 1945-avril 1948
Ramené, le lecteur, plus de cinquante ans en arrière dans ces paysages contemplés du haut de ces crêtes du Dahra.
La beauté, le désespoir et la mer pensés par les Grecs.
Et "ce que Char veut veut dire" ? En avril 1948, Camus vient certainement de lire la préface que son ami a écrite pour Fragments d'Héraclite d'Éphèse d'Yves Battistini — ce que laisserait entendre leur échange de lettres en mai 1948.
Disant juste, sur la pointe et dans le sillage de la flèche, la poésie court immédiatement sur les sommets, parce qu'Heraclite possède ce souverain pouvoir ascensionnel qui frappe d'ouverture et doue de mouvement le langage en le faisant servir à sa propre consommation... Au delà de sa leçon, demeure la beauté sans date, à la façon du soleil qui mûrit sur le rempart mais porte le fruit de son rayon ailleurs.
Héraclite ferme le cycle de la modernité qui, à la lumière de Dionysos et de la tragédie, s'avance pour un ultime chant et une dernière confrontation. Sa marche aboutit à l'étape sombre et fulgurante de nos journées. Comme un insecte éphémère et comblé, son doigt barre nos lèvres, son index dont l'ongle est arraché.
1948
René Char
Recherche de la base et du sommet.
Faut-il à ces textes adjoindre l'anecdote de Tipasa, quand Albert Camus et Louis Guilloux, l'homme du Sang Noir, contemplent la beauté solaire du lieu des Noces et que l'ami breton hasarde naïvement qu'il y manque quelques nuages ?
Les hommes d'Ouest ne peuvent se défaire, dans la beauté et le désespoir, des brumes atlantiques.
Modestement, je mets mes pas dans ceux de Camus : décidément, je ne suis pas moderne.
08:33 Publié dans Char à nos côtés, dans les pas d'Héraclite | Lien permanent | Commentaires (1)
vendredi, 08 novembre 2013
las de cette usurpation médiatique des "Bonnets Rouges"
La dernière scène
du PRINTEMPS DES BONNETS ROUGES de Paol KEINEG,
créé le 9 décembre 1972,
au Théâtre de la Tempête (Cartoucherie de Vincennes).
.....MADAME. — Voilà. Vous y êtes. Bécassine, pour votre peine, vous courrez jusqu'à la voiture me prendre un vêtement. Le vent a fraîchi soudain...
BÉCASSINE.— Bien, Madame. Tout de suite, Madame.
Elle court, ridicule, emportée, et se prend les
pieds dans le cadavre d'ar Balp sur la route. Elle
tombe. Elle se relève, transfigurée, et parle.
BÉCASSINE. —
Une rose sauvage
à la branche de l'églantier
encapuchonnée de sang.
Et le corbeau très haut
gainé d'un camail rouge
éprouvant la cruauté d'un jour d'hiver
Les pendus, les exilés, les torturés,
les prisonniers,
l'héritage murmurant
de nos sursauts et de nos infirmités.
Le roi vit dans son palais
bâti à coups de vent
bâti à coups de crosse
bâti à coups de mort.
Le roi vit seul.
Autour de lui
l'essaim bourdonnant
des courtisans, des importants
qui butinent la souffrance
et l'excrément.
Le roi trône
porté aux nues
par les seigneurs, par les bourgeois
par les notaires, par les curés
par les ducs et les marquis.
Et ceux-ci possèdent voiture, femme de luxe,
ils vivent dans de belles maisons,
ils se cultivent l'esprit
en buvant du gin ou du bourbon :
ce sont des raffinés.
Et aux autres
la morve, le mutisme, la médiocrité
la matraque.
Sébastian ar Balp est mort.
Mogn Bras est mort.
Le recteur Croguennec est mort.
La France fondée pour mille ans
ou moins ?
Presqu'île de Bretagne morte
ou non i
L'émigration, le chômage, le mépris,
les fausses promesses, les ruines,
l'hiver de notre vieillesse,
et puis quoi encore ?
Tout le reste :
un peuple dispersé
comme un peu de cendre au vent.
Mais ce que l'homme a fait
l'homme peut le défaire.
Ce que l'homme a défait
l'homme peut le faire.
Assez de mélancolie
assez de complaisance
de lamentations.
Il nous reste les immensités
de l'enthousiasme et de l'intelligence.
Il nous reste
le parfum violent d'une patrie à construire.
Brest, janvier 1971.
Cwmbach, août 1972.
Deux livres à relire pour clarifier l'amalgame :
15:15 Publié dans les civiques | Lien permanent | Commentaires (0)