vendredi, 18 mai 2012
retour à terre, depuis quelques jours
Dans le couchant, saluée la bouée des Mâts, la plage de la Mine d'Or, fine comme un verset de Perse. Les vents de terre s'étaient apaisés. Nous entrions par la passe de la Grande Accroche dans l'estuaire de ma belle Vilaine.
« Trouve ton or, Poète, pour l'anneau d'alliance; et tes alliages pour les cloches, aux avenues de pilotage...»
Car nous tenons tout à louage, et c'est assez d'emmailler l'heure aux mailles jaunes de nos darses...
La mer aux spasmes de méduse menait, menait ses répons d'or, par grandes phrases lumineuses et grandes affres de feu vert.
Saint-John Perse, Amers, I, 2
Nous étions revenus pour écouter le très sec terrien qu'est Pierre Bergounioux, au verbe plus haut tenu encore que ses écrits. Il devait nous entretenir du style, il s'égara dans le ressassement de ses questionnements sur l'origine du Grand Récit ; ce fut toujours grand plaisir à entendre cette voix de rocaille charruer l'histoire littéraire de Homère à Faulkner. Mais c'était déjà su.
Sur la table de presse, j'ai pris Jusqu'à Faulkner* dont le lecteur peut suivre l'écriture dans les premières pages du Carnet de notes 2001-2010. Je relève l'acuité du regard sur Stendhal entre les pages 26 et 38 quand il évoque "ce grand frisson" qui "parcourt la Chartreuse".
* Cependant, petite anicroche érudite, page 15 : ce n'est point Circé qui offre l'immortalité à Ulysse, mais au Chant V (208-209) de l'Odyssée, Calypso . On peut être agrégé et être troublé par la suprême beauté des Enchanteresses. Sachant que dans l'une et l'autre rencontre, le marin errant ne rechigne point à s'avancer au profond des grottes et à successivement "monter sur le lit très beau" et de Calypso et de Circé. N'y aurait-il que les marins pour ne pas confondre les féminines promesses des Iliennes divines ?
18:40 Publié dans les lectures, les marines, petite Odyssée portative, "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (0)
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