samedi, 07 avril 2012
Thoreau puis Fourier par Breton
Ce fut une semaine "sainte" riche en promesses de lectures à venir. Un LibéLivres qui publie quelques recensions sur quelques livres qu'il faudra bien dévorer un jour — la semaine précedente, il y eut double page à propos du poète russe Ossip Mandelstam à travers les enfers staliniens :
• d'un certain Edward Berenson,"Les Héros de l'Empire. Brazza, Marchand, Lyautey, Gordon et Stanley à la conquête de l'Afrique". Voici pour assouvir les rêves d'une enfance coloniale et missionnaire que je ne renie point.
• De Simon Leys, "Le studio de l'inutilité", qui me semble un vrai livre de vrai lecteur — Michaux, Conrad, Orwell et... Segalen. Voilà pour concrétiser allègrement les sécheresses, théoriques et quelque peu délayées, mais certes intéressantes de Marielle Macé et de ses "Façons de lire, manières d'être".
• De Henry David Thoreau, la parution du premier tome de son Journal — quinze sont annoncés. Je n'ai qu'une mince anthologie par Kenneth White ; j'en tire ceci :
Que le flot de chaque jour laisse un dépôt sur mes pages, comme il laisse du sable et des coquillages sur le rivage. Autant de terre ferme de plus. Ceci pourrait être le calendrier des marées de l'âme; et, sur ces pages, comme sur une grève, que les vagues jettent leurs perles et leurs algues.
.............................................................................................................................................
Que notre vertu ne soit pas nettoyée, comme le faisaient les hommes il y a bien longtemps avec tout un apparat de lin propre, mais qu'elle reste en l'état, sans être lavée, comme une fleur fraîche. Qu'elle ne soit pas un vêtement du dimanche bien propre, mais plutôt une tenue de travail usagée.
Henry David Thoreau
Journal, 1840.
Et ce matin, sur France Cul, pour remonter en deçà de Jaurès, Proudhon, Marx, et — prendre ici quelque distance par rapport aux résonances historiques de nos émotions électorales, dixit J.N. Jeanneney — une heure autour du grand Charles Fourier, dans Concordance des temps.
Donc relire l'Ode à Fourier d'André Breton — certains citent bien Victor Hugo à tours de bras, fort sympathiques d'ailleurs — :
Je te salue...
Des plus lointaines ondes de l'écho
qu'éveille le pied frappant impérieusement
le sol pour sceller l'alliance avec les puissances qui font lever la graine
Fourier tranchant sur la grisaille des idées
et des aspirations d'aujourd'hui
ta lumière
Filtrant la soif de mieux-être et la maintenant
à l'abri de tout ce qui pourrait la rendre moins pure
quand bien même et c'est le cas je tiendrais pour avéré
que l'amélioration du sort humain ne s'opère
que très lentement par à coups au prix de revendications
terre à terre et de froids calculs
le vrai levier n'en demeure pas moins la croyance irraisonnée
à l'acheminement vers un futur édénique
et après tout c'est elle aussi le seul levain des générations
ta jeunesse
Bref ! une "semaine sainte" comme désormais je les aime.
18:49 Publié dans les lectures | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.