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mercredi, 22 février 2012

lecture courante de grandes proses III

C'est la troisième grande prose — enfin, grande ? pour mon goût —. J'aurais souhaité un plus long commentaire. Mais je me suis embarqué dans l'histoire de ma relation de lecteur avec les écrits de Sollers. Trop long à achever pour ces jours-ci quand Noémie et Célia sont arrivées de Gascogne.

Le texte qui suit est une de ces chroniques qui se situent  au mitan du Discours parfait et qui s'offre donc de manière fortuite, — qui paraît fortuite, écrirait Borgès —, entre un Mauriac grand cru et un Breton magique ! Est-ce une anaphore en son commencement et une liste en sa fin ? Un simple parallélisme ?  Une reprise banale ? J'hésite ; ces interrogations répétitives me paraissent plus que simple liste. Les férus de procédés littéraires jugeront.


Un poète ? Oui, très grand, mais ce mot couvre trop
de petits commerces. Un penseur ? Oui, fondamental,
mais qu'aucun philosophe ne saurait mesurer
(et encore moins le discours universitaire). Un théologien
négatif ? C'est peu dire, puisque, chez lui, rien n'est
idéal ni abstrait. Un spécialiste des mythes et des rituels
chamaniques ? Son expérience personnelle (notamment
au Mexique) le prouve. Un drogué ? Il n'en finit pas
d'avoir besoin de l'opium pour atténuer ses souffrances.
Un fou ? Si cela peut vous rassurer. Un prophète ?
Il est au cœur de la barbarie du XXe siècle,
captant son énergie noire comme personne du fond des
asiles d'aliénés (40 000 morts, très oubliés, en France,
pendant l'Occupation, famine et électrochocs). Mais
avant tout : un rythme, un choc, une pulsation, une
voix, une profondeur affirmative graphique qui ne vous
quittent plus une fois que vous les avez rencontrés, et
vraiment éprouvés. 1 769 pages, des cahiers noircis,
des portraits et des autoportraits admirables, des lettres,
des improvisations en tous sens, c'est la guerre, la torture
la protestation, le témoignage brûlant, le courage
de tous les instants.



Philippe Sollers
Saint Artaud

in Discours parfait

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