dimanche, 05 février 2012
vox clamantis
Lors d'une Folle Journée qui prétendait célébrer la musique russe de Rimski-Korsakov à Chostakovitch, j'ai cherché en vain la moindre symphonie du dernier nommé. À croire que ses quinze symphonies ne sont que collusion avec le régime stalinien.
Pourquoi pas la IIe ? parce que c'est "Octobre ?
Pourquoi pas la IIIe ? parce c'est "Premier Mai" ?
La VIIe parce qu'elle célèbre Léningrad ?
Et la XIe, "l'Année 1905" ?
Et la XIIe, "l'Année 1917" ?
Mais, la XIVe, sur des textes de Lorca ?
Comme est évitée la Cantate "Alexandre Newsky" de Prokofiev ? Par contre, pléthore de Tchaïkovsky, Scriabine, Rachmaninov, tous les en -sky, en -ov, en -iev, abondance de Chœurs, de Grandes Liturgies et privilège accordé aux formations de chambre avec sonates, quatuors, quintettes. Programmation économique ? Rareté des interprétations symphoniques ? Choix idéologique en concordance avec le titre de cette Folle Journée, Sacre de la musique Russe.
Difficile d'accorder Sacre et Révolution !
Si en 2013, c'est la musique française de Berlioz à Boulez et que le même chemin de programmation soit pris, il sera clair que la Folle Journée devient une belle machine à sous, populaire en diable, satisfaisant la bonne moyenne des mélomanes et exportable en toutes contrées. L'audace de la Folle Journée Mozart est devenue, seize ans plus tard, scène mollassonne.
Dans tout ce brouhaha musical, je ne boude point mon plaisir du vendredi soir ayant découvert Vox clamantis, nous donnant des extraits du Kanon Pokojanen pour chœur à capella. Ce n'était pourtant pas pour la Révolution, loin de là. Ça pouvait faire même croire que nous nous enfoncions toujours plus dans le Sacre. Nous étions entraînés bien au-delà. Ou en-deçà ? C'était du Arvo Part, un contemporain à la barbe fleurie. C'était Esthonien, donc surtout pas Russe.
Un des rares écarts dans le bien-chantant, comme on dit le "bien pensant" du programme, avec — il me faut le reconnaître — une sonate de Chostakovitch, l'opus 40 en ré mineur, par une violoncelliste aux si belles épaules nues — Tatjana Vassiljeva — et une pianiste, Shani Diluka, non moins belle.
Demeurent ces huit femmes et ces neuf hommes de la Vox Clamantis, que je ne peux que traduire à l'aide du participe présent, la voix du Criant*, une longue, lente incantation montant du fond des âges, qui renvoie le Chœur du Patriarcat russe de Moscou, la Capella de Saint-Pétersbourg, le Chœur symphonique de l'Oural à de très bonnes interprétations folkloriques .
Envoûté !
* Youtube ou DailyMotion ne donnent pas encore le Kanon Pokojanen ; il s'agit là de "Très sainte Mère de Dieu", un motet de Part ? Vox clamantis possède un site qui donne d'autres extraits d'œuvres qu'ils interprêtent.
12:41 Publié dans Les musiques | Lien permanent | Commentaires (0)
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