jeudi, 25 août 2011
« la sotte chose qu'un vieillard abécédaire ! »
Montaigne... à suivre.
Même si c'est à rebours que je le suis sur les traces de Starobinski*.
Dans le pénultième chapitre "Chacun est aucunement en son ouvrage", c'est le fil ténu, qui court quasi tout au long des cent-sept chapitres des Essais, du penser des fins dernières — aurait écrit Thomas d'Aquin — que déroule l'essayiste.
Starobinski :
« Le consentement à la mort n'est que la contrepartie nécessaire d'une conversion totale à la vie. »
Montaigne :
« Nous avons le pied à la fosse, et nos appetits et poursuites ne font que naistre. »
Dans la paisible beauté — quoique doucement pluvieuse — des mouillages de Bretagne Sud, ce fut une lecture rêveuse qui m'alla fort aise.
J'abandonnai souvent les lignes de Starobinski pour me perdre dans des pages des Essais sans doute naguère — ou jadis ! — survolées, mais qui depuis une ou deux années se révèlent, en lecture bien lente et savourée, fort vigoureuses dans leur sagesse.
Le plus long de mes desseins n'a pas un an d'estandue, je ne pense désormais qu'à finir; me deffay de toutes nouvelles espérances et entreprinses; prens mon dernier congé de tous les lieux que je laisse; et me despossede tous les jours de ce que j'ay.
C'est en fin tout le soulagement que je trouve en ma vieillesse, qu'elle amortist en moy plusieurs désirs et soins de quoy la vie est inquiétée. Le soing du cours du monde, le soing des richesses, de la grandeur, de la science, de la santé, de moy. Cettuy-cy apprend à parler, lors qu'il luy faut apprendre à se taire pour jamais. On peut continuer à tout temps l'estude, non pas l'escholage: la sotte chose qu'un vieillard abécédaire !
S'il faut estudier, estudions un estude sortable à nostre condition, afin que nous puissions respondre comme celuy à qui, quand on demanda à quoy faire ces estudes en sa décrépitude: A m'en partir meilleur et plus à mon aise, respondit-il.
Essais, Livre II, 28
Comme une sollicitation à ne garder à portée de main que quelques livres. Sans doute y sont-ils déjà, secrètement.
Pour tenter de saisir — en toute fin — l'amour, la guerre, la mort. Et m'en aller "plus à mon aise".
* Jean STAROBINSKI, Montaigne en mouvement, Folio essais n°217, Gallimard 1993.
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dimanche, 07 août 2011
Montaigne à rebours
Depuis son acquisition, et elle remonte au 23 janvier 2003, je peinais toujours sur les premières pages du bouquin de Starobinski, Montaigne en mouvement. Je ne décollais point du premier chapitre.
Comme le viatique embarqué pour cette paisible croisière d'été, parfois doucement, parfois fortement pluvieuse, est plutôt mince... en volumes — Mars ou la guerre jugée d'Alain, pour les lectures longues, Fureur et Mystère de Char et Vents de Perse pour les brèves, — il m'a bien fallu inventer le stratagème pour, sinon épuiser, du moins m'avancer dans le regard que porte Starobinski sur les Essais.
Donc avancer...à rebours.
Ce qui n'est guère assurance d'une lecture juste, savante, "autorisée". Mais, l'âge venant, un usage aux seules fins personnelles libère des contraintes lettrées.
À sauts et à gambades, conseille notre vieil Ami ; et il n'impose point de sens à ces sauts et à ces gambades.
Voici un commencement de glanes, tirées du chapitre VII : Quant aux « maniemens publiques » du bouquin de Starobinski:
À la danse, à la paume, à la luite, je n'y ay peu acquérir qu'une bien fort legere et vulgaire suffisance... J'ay une ame toute sienne, accoustumée à se conduire à sa mode. N'ayant eu jusques à cett'heure ny commandant ny maistre forcé, j'ay marché aussi avant et le pas qu'il m'a pleu.
(II, 17)
Le philosophe Pyrrhon, courant en mer le hazart d’une grande tourmente, ne presentoit à ceux qui estoyent avec lui à imiter que la securité d’un pourceau qui voyageoit avec eux, regardant la tempeste sans effroy.
(II, 12)
Toute autre science est dommageable à celuy qui n’a la science de la bonté.
(I, 25)
Mon opinion est qu’il se faut prester à autruy et ne se donner qu’ soy-mesme.
(III, 10)
Qui ne vit aucunement à autruy, ne vit guere à soy.
(III, 10)
Ma raison n’est pas duite à se courber et flechir, ce sont mes genoux.
(III, 8)
...à suivre.
18:00 Publié dans & Montaigne si proche | Lien permanent | Commentaires (1)
vendredi, 05 août 2011
Brume d'advection
Un matin de beau soleil, vous descendez à terre.
À peine, êtes-vous sur la plage, que vous retournant, voilà ce qui vient d'arriver.
Mer chaude caressée par un air froid ? Air froid glissant sur la mer chaude ?
©Nicléane
Manière de saluer les lectrices et lecteurs qui s'étonnent peut-être du silence du blogueur !
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