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jeudi, 17 février 2011

filiation ? paternité ? la belle leçon du Grec

τὸν δ᾽ αὖ Λαέρτης ἀπαμείβετο φώνησέν τε·
εἰ μὲν δὴ Ὀδυσεύς γε ἐμὸς πάϊς ἐνθάδ᾽ ἱκάνεις,
σῆμά τί μοι νῦν εἰπὲ ἀριφραδές, ὄφρα πεποίθω.

 

Et Laerte alors prit la parole pour répondre :
« Si tu es bien Ulysse mon enfant rentré chez lui
Donne m'en quelque signe assez clair pour me convaincre. »

Odyssée, XXIV, 327/329

 

Auraient-ils trois mille ans d'avance sur nous ?

En ces temps de bioéthique, de recherche de paternité, de filiation, de donneurs de gamètes, que nous narre le grand aveugle qui n'est ni religieux, ni moraliste, ni politique, mais poète, fabricant de la langue ?

Castoriadis l'écrit :

« Homère est le poète, celui qui fait être. Et ce poète n'interdit rien, n'impose rien, ne donne pas d'ordre, ne promet rien : il dit. Et ce faisant, il ne révèle rien — il n'y a pas de révélation -, il rappelle.
Il rappelle ce qui a été et ce qui est en même temps le linéament de ce qui est, de ce qui peut être. Cela, il le rappelle à la mémoire des hommes... » p. 95*

À la demande du père, Laerte à la lance d'ombre longue, le fils, Ulysse  l'ingénieux répond, ainsi :

Vois d'abord de tes yeux cette blessure
qu'un sanglier me fit de son boutoir,
sur le Parnasse, quand vous m'aviez envoyé,
ma mère vénérable et toi
auprès d'Autolycos mon aïeul maternel bien aimé...
Et je te dirai encore les arbres de ton jardin si bien cultivé,
ceux qu'autrefois tu me donnas, comme je te les demandais,
j'étais enfant et je te suivais à travers le verger.
Et nous allions parmi les arbres
et tu me nommais chacun d'entre eux,
et tu me donnas treize poiriers, dix pommiers
et quarante figuiers
et tu me dis que tu me donnerais cinquante rangs de ceps de vigne
aux lourdes grappes déjà mûries.

 

Odyssée, XXIV, 331/344


Dans cette situation inversée à celle de nos jours, qu'importe de quel sperme, de quelle ovocyte ?

 

 

 

* Cornelius CASTORIADIS, Ce qui fait la Grèce, 1. D'Homère à Héraclite, Séminaires 1982-1983, La Création Humaine II, Le Seuil, 2004.


Commentaires

Bonjour.

Un jeu de mots qui en vaut mille autres : le monde manque d'heureux pères.

Cordialement.

(PS : j'ai débusqué il y a peu votre blog, et comme je l'apprécie grandement, je me suis permis d'afficher sur mes propres pages un lien vers les vôtres.)

Écrit par : Colophane | jeudi, 24 février 2011

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