samedi, 15 mai 2010
palmes et murmure des "séguia"
Relisant paresseusement Le voyage en Algérie, voici, s'insinuant, la douce-amère nostagie — c'est très sain, énonce une dame dans le Monde Magazine de ce jour — je m'y "évaille" donc paisiblement :
Biskra, 30 novembre (1903)
Je rentre au cœur de ma jeunesse. Je remets mes pas dans mes pas. Voici les bords charmants de ce sentier que je suivais, ce premier jour où, faible encore, échappé de l'horreur de la mort, je sanglotai, ivre du simple étonnement d'être, du ravissement d'exister. Ah ! qu'à mes yeux encore fatigués l'ombre des palmes était calmante ! Douceur des ombres claires, murmures des jardins, parfums, je reconnais tout, arbres, choses... le seul méconnaissable, c'est moi.
... ce jardin que j'ai vu planter, est déjà feuillu, touffu, compliqué. Il s'assombrit d'ombrage et de mystère...
Qu'il ferait bon, s'il n'était tant de pauvres sur la terre, y deviser sans bruit, avec quelques amis, ce matin.
André GIDE
Moins de soixante ans après Gide, la palmeraie avait à peine frémi.
Mais aujourd'hui ?
Y retournerai-je jamais ?
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